Le 24 septembre, nous allons prendre une décision primordiale sur l’avenir de nos retraites et devrons répondre à deux questions.
1.«Acceptez-vous l’arrêté fédéral sur le financement additionnel de l’AVS par le biais d’un relèvement de la taxe sur la valeur ajoutée?»
2.«Acceptez-vous la loi fédérale sur la réforme de la prévoyance vieillesse 2020?»
En répondant deux fois «oui», nous acceptons la réforme, mais avec un seul «non», nous la refusons. S’il est impossible de proposer un calculateur permettant de mesurer l’impact qu’elle aura sur notre retraite (lire ci-contre), nous pouvons résumer les tendances générales avec un exemple précis*.
Il est fondé sur un revenu brut de 77 124 fr., qui correspond au salaire médian calculé par l’Office fédéral de la statistique. Ce montant permet de rester dans la part obligatoire de la LPP, uniquement concernée par la réforme. Cela signifie que, en Suisse, la moitié des actifs gagne davantage et l’autre moitié moins. Pour simplifier, nous ne procédons à aucune indexation et reproduisons donc la situation actuelle sur les 45 années de vie professionnelle.
Hausse des charges sociales
Le projet prévoit une hausse du taux de la TVA ainsi qu’un relèvement des cotisations de l’AVS et de la caisse de pension. L’impact sur notre salaire médian sera le suivant.
⇨ La cotisation AVS augmentera de 0,15%, soit 116 fr./an. Il faut donc compter avec un supplément de 5220 fr. durant les 45 années de la vie active de notre exemple. Les hausses de 1% des cotisations LPP entre 35 ans et 54 ans entraînent, quant à elles, une rallonge de 13 000 fr. Total: 18 220 fr.
⇨ Si notre salarié est une femme, le supplément atteindra 26 500 fr., puisque, durant l’année supplémentaire de travail, elle versera 3354 fr. à l’AVS et environ 5000 fr. à sa caisse de pension.
⇨ La hausse de la TVA (+0,6%) correspond à une dépense d’environ 100 fr. par année, soit 4500 fr. tout au long d’une vie active. Mais, comme le 0,3% actuellement ponctionné pour combler le déficit de l’AI est suspendu à la fin de 2017, la hausse réelle sera de 0,3% et le supplément de 2250 fr.
Baisse des rentes LPP
Les rentes LPP vont diminuer, mais devraient partiellement être compensées par une hausse de celles de l’AVS.
⇨ Grâce à la hausse mensuelle de 70 fr. de la rente AVS (plafonnée à 226 fr. pour les couples), notre salarié touchera 840 fr. de plus par année (au maximum 1356 fr. s’il est marié). Soit un supplément de 17 640 fr. pour un futur rentier, célibataire, vivant jusqu’à 86 ans.
⇨ Compte tenu de l’année de travail supplémentaire, les femmes perdent douze mois de rentes AVS et du 2e pilier – soit 40 000 fr. au minimum, toujours calculé selon le salaire médian.
⇨ La baisse du taux de conversion de 6,8% à 6% dans le 2e pilier réduit les rentes versées par les caisses de pension, ce qui représente, malgré un capital augmenté, une perte de 13 000 fr. dans notre scénario.
La réforme permet donc de compenser cette baisse au moment de la retraite, mais cela sera financé par la hausse des cotisations AVS et LPP tout au long de la vie active ainsi que du taux de TVA, ce qui induit une baisse du pouvoir d’achat.
*Lire également «Le projet Prévoyance 2020, un fragile mikado», BàS 6/2017.
Lire l’édito en page 4.
Zeynep Ersan Berdoz