«C’est inacceptable», fulmine Eddy Fazan. En prévision de son déménagement, ce lecteur a voulu faire réacheminer son courrier sur le site de La Poste. Or, la démarche implique, désormais, de créer un compte sur la plateforme SwissID… et d'en accepter les conditions générales. Et, comme le précise l’article 9 du document, de voir ses données «enregistrées et utilisées à des fins d’études de marché, de conseil et de publicité.»
Eddy Fazan aurait, certes, pu obtenir le même service par téléphone ou au guichet, mais il aurait dû débourser 42 fr. au lieu de 30 fr. La différence se creuse encore pour les clients qui souhaitent faire garder le courrier pendant les vacances, une prestation facturée 8 fr. en ligne (sans compter les suppléments pour chaque personne supplémentaire) et 20 fr. au guichet, soit plus du double!
Comme si de rien n'était
«Nous avons déjà informé La Poste Suisse qu’elle doit offrir à ses clients une alternative équivalente à l’utilisation de la SuisseID pour ses services», relève Silvia Böhlen Chiofalo, porte-parole du Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT).
Ces différences de prix sont «potentiellement problématiques, en particulier dans une situation de monopole», ajoute le PFPDT qui promet «d’approcher la Poste à ce sujet dans les prochains jours.» L’autorité fédérale avait déjà défendu ce point de vue dans l’émission de la RTS La 1ère On en parle du 18 avril dernier.
De son côté, l’ancienne régie balaie ces reproches. «SwissID garantit un échange de données sécurisé entre les fournisseurs de services en ligne et les utilisateurs sans connaître ou stocker les données», relève la porte-parole Nathalie Dérobert Fellay... contredisant ainsi les conditions générales du portail. «Les clients peuvent utiliser les autres points d’accès, et se voient donc offrir une alternative raisonnable. A terme, il ne sera plus possible d’utiliser les prestations en ligne sans passer par SwissID», confirme-t-elle.
En attendant l’intervention du PFPDT, Eddy Fazan a changé de pénates comme prévu. Ce qui l'a contraint à s’enregistrer sur SwissID.
Claire Houriet Rime