La chaîne BlackOut est en sursis concordataire jusqu’au 9 mai prochain. Autrement dit: elle est menacée de faillite et n’a que quelques semaines pour tenter de trouver un repreneur pour un certain nombre de ses 92 magasins. Mardi dernier (2 mars), elle précipitait le mouvement en fermant d’ores et déjà 11 succursales (Lausanne, Prilly, Monthey, Sierre et Bienne en Suisse romande).
Au préalable toutefois et ailleurs encore, elle continue d’écouler sa marchandise, des vêtements principalement. Mais, nous ont signalé plusieurs lecteurs, elle refuse désormais d’honorer les bons cadeaux qui leur ont été offerts. Est-ce légal au vu sa situation financière?
BlackOut annonce la couleur d'entrée sur la homepage de son site, en précisant qu’elle n’échangera plus ses bons de fidélité, ce qui est discutable mais encore admissible. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est de refuser d’honorer des bons qui sont pourtant l’équivalent d’argent comptant, puisqu’ils ont d’ores et déjà été payés par les donateurs.
On a tendance à l’oublier, mais un bon cadeau, c’est un peu comme un prêt ou une avance, avec le risque de voir la personne dans l’impossibilité de rembourser ou de fournir la prestation payée au préalable. Mais ce qui est un peu fort de café chez BlackOut, c’est qu’elle continue de vendre ses articles contre paiement, tout en refusant de les céder à des personnes qui l’ont – indirectement – déjà payée! Interpellée ce matin à ce sujet, la chaîne ne nous a pas encore expliqué comment elle justifiait cette décision (état à 14 h).
Complément: vendredi 4 mars, à 20 h 15, BlackOut nous a transmis les informations suivantes (reprise intégrale): «Nous présentons toutes nos excuses à nos clientes et clients pour les inconvénients causés. Jusqu‘à peu de temps avant l‘ouverture de la procédure concordataire, Blackout AG partait du principe que l’entreprise pourrait être maintenue sous une forme adaptée. Une fois la décision prise que le sursis concordataire provisoire serait octroyé à Blackout AG, la commissaire désignée par le tribunal a ordonné que les bons ne pourront ni être vendus ni échangés à l’avenir. L’ordonnance repose sur une obligation juridique fondée sur l’interdiction d’avantages accordés à certains créanciers. Nous déplorons cette situation.
Nos lecteurs se sentent dès lors piégés. «Vais-je devoir m’emparer de marchandises équivalentes à 200 fr. pour obtenir gain de cause?» nous demande l’un d’eux. Non, bien sûr, mais quoi d’autre? Il peut, certes, saisir le juge de paix pour exiger l’exécution du contrat, mais la justice ne bougera vraisemblablement pas avant la fin du sursis concordataire. Il peut aussi ouvrir une poursuite, afin d’êtres inscrit comme créancier en cas de faillite, mais par rapport à la somme en jeu, cela semble démesuré. Il risque donc bien – malheureusement – de n’avoir que ses yeux pour pleurer…
Complément (suite): BlackOut précise encore: «Les clients disposant d’un bon ont la possibilité de se faire enregistrer en tant que créanciers dans une de nos filiales. Ceci signifie qu’il existe la possibilité pour nos clientes et clients de récupérer une partie de l’argent si la procédure concordataire est achevée avec succès.»
Christian Chevrolet