On ne surprendra personne en rappelant que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Lorsqu’un litige survient, une procédure judiciaire, même banale, peut s’avérer très coûteuse. Les protections juridiques se vantent de vous défendre pour une prime annuelle correspondant grosso modo à une heure de frais d’avocat. Les primes mentionnées dans notre tableau montrent que cette affirmation est plutôt vraie.
N’allez pas, pour autant, croire qu’une protection juridique vous protégera en toutes circonstances. Pour réduire leurs coûts, les compagnies ont truffé leurs conditions générales (CGA) de restrictions. Seule une lecture minutieuse de ces dernières permet de connaître précisément la couverture offerte. Et encore, les CGA sont souvent rédigées dans un jargon opaque pour le profane. Notre tableau comparatif de onze produits permet d’y voir un peu plus clair. Il inclut les montants des primes annuelles de polices individuelle et familiale, la protection circulation et les produits combinant les deux couvertures.
Jusqu’à 61% d’écarts de prix
Premier constat: les écarts peuvent être marqués. Pour les primes individuelles, les montants vont de 162.75 fr. à 255 fr., soit une différence de 56% (voir tableau). Et si l’on compare les produits combinant les protections juridiques privée et circulation pour une famille avec deux enfants mineurs, les tarifs oscillent entre 294 fr. et 472.50 fr. (+61%). Des différences tout sauf négligeables, mais qui ne doivent pas être considérées comme l’unique critère à prendre en compte.
La somme maximale couverte peut, elle aussi, varier énormément selon les produits. En Suisse, par exemple, elle peut passer du simple au triple avec 300 000 fr. pour Assista (TCS) contre un million avec Fortuna Top de Generali et Protekta de La Mobilière. «L’augmentation de cette somme s’est peu à peu imposée comme un argument marketing, mais de tels montants ne sont que très rarement atteints et cette stratégie de surenchère est souvent accompagnée d’une sélection plus sévère des dossiers pris en charge», rétorque le club automobile.
Du côté des risques pris en charge, on notera que les litiges avec les bailleurs, les assurances privées et sociales, les médecins et les hôpitaux, les employeurs ou encore lors d’un voyage à forfait (voir tableau) sont plutôt bien couverts. Les choses se corsent dans d’autres domaines, comme les conflits de voisinage. Plusieurs prestataires se montrent ici très restrictifs, alors que les bisbilles entre voisins sont fréquentes et finissent pour 15% d’entre elles devant un tribunal selon un sondage récent.
Sur ce point, Assista (TCS) se borne à fournir des renseignements juridiques, Allianz à des conseils, tandis que d’autres restreignent leur intervention à des montants plutôt maigrichons, par exemple de 7500 fr. pour le «paquet de protection juridique» de Coop. Et ce n’est pas tout! Les CGA de ce produit précisent qu’en cas de problème avec son voisin au sujet d’immixtions ou de limites, «sont assurés seulement les litiges en relation avec un immeuble habité par l’assuré et comprenant au maximum trois locaux d’habitation ou commerciaux au maximum». Avec les protections juridiques, le diable se cache décidément dans les détails…
Frileuses sur les divorces
Une chose est sûre: les compagnies se montrent toutes extrêmement frileuses dans le domaine des successions et des divorces, se bornant à des conseils avec des sommes assurées rachitiques. Orion Private Standard, par exemple, fixe non seulement la limite à 500 fr. en droit des successions et à 500 fr. par partenaire en droit matrimonial, mais cette couverture est, de surcroît, assortie d’un délai de carence … d’une année!
Il convient du reste d’être attentifs aux fameux délais de carence, variables selon les produits et les assureurs. Car ils impliquent que certains conflits ne sont pas couverts pendant un temps défini après signature du contrat. Plus généralement, on se souviendra que les protections juridiques, à l’instar des autres couvertures, ne prennent en charge que les sinistres survenant après la conclusion du contrat. Il est ainsi vain de contracter une police pour un litige en cours ou un problème déjà existant que vous souhaiteriez régler. Enfin, soyez conscients que l’assuré comme l’assureur peuvent résilier après sinistre. Les compagnies détestent qu’on les mette à contribution trop souvent. Elles n’hésiteront donc pas à se séparer, par cette voie, de certains clients trop demandeurs.
Sébastien Sautebin