«La vendeuse a carrément terrorisé ma collègue. Elle était extrêmement virulente, c’était terrible», explique Sophie, responsable du secrétariat d’un bureau d’ingénieurs valaisan.
Il y a quelques temps, ce dernier a reçu un appel téléphonique d’une société basée à Allschwill (BL), qui lui a proposé des toners d’imprimante. «Nous avons répondu que nous n’étions pas intéressés, mais nous avons malgré tout reçu, par mail, une confirmation de commande pour quatre pièces»! Le bureau valaisan rétorque alors qu’il n’a rien commandé, et plusieurs échanges téléphoniques virulents s'ensuivent, au cours desquels l’interlocutrice bâloise prétend notamment disposer d’un enregistrement téléphonique confirmant l’achat, sans jamais en apporter la preuve.
Et l’affaire ne s’arrête pas là: quelques jours plus tard, un service de livraison amène un paquet contenant le matériel, que les destinataires refusent. Et rebelote pour un nouveau tour d’affrontements au bout du fil, jusqu’à ce que le bureau décide de ne plus répondre, ce qui a hereusement mis un point final à l’histoire.
La PME valaisanne n’est pas la seule à avoir vécu une telle mésaventure en Suisse romande. De plus en plus de petites entreprises sont victimes de ce type de démarchage contre lequel Bon à Savoir a déjà mis en garde ses lecteurs il y a quelques mois.
Les tactiques de vente sont toujours les mêmes: envoi de cartouches non sollicité à des entreprises, ou même, plus simplement, d’une facture sans aucune livraison de produit. A certaines occasions, l’interlocuteur a prétendu offrir des toners pour remercier la PME des cartouches usagées qu’elle retourne régulièrement. Mais quand ces derniers sont arrivés, ils étaient accompagnés d’une facture!
Liste noire Outre-Sarine
Chez nos voisins alémaniques, le phénomène, parfois qualifié de «mafia du toner», a atteint une telle ampleur que les émissions de consommateurs Kassensturz et Espresso ont établi, ces deux dernières années, une véritable liste noire de plus de vingt sociétés responsables de tels agissements. Certaines ont été dissoutes, d’autres sont encore actives.
Si le phénomène est si important outre-Sarine, c’est parce que les responsables y résident. Presque toutes les sociétés listées sont basées dans le canton de Bâle ou de Zoug. Les mêmes noms d’administrateurs se retrouvent d’ailleurs souvent, ce qui suggère que les opérations sont orchestrées par un nombre limité d’individus, qui dissolvent régulièrement leurs entreprises pour couper l’herbe sous le pied des autorités, notamment du Seco.
Voici comment bien réagir:
- Si vous recevez une facture par mail, contestez-la immédiatement par retour de courriel en expliquant qu’il y a une erreur et que vous n’avez rien commandé.
- Si le facteur apporte une marchandise non commandée, refusez-la.
- Si vous avez reçu les articles, vous n’avez aucune obligation de les renvoyer. Avertissez l’expéditeur par écrit que vous n’avez rien demandé, que vous ne payerez donc pas et que les articles sont à disposition dans vos locaux pour qu’il vienne les chercher. Ne les retournez pas, vous n’avez pas à débourser de l’argent pour cela, et l’expéditeur pourrait arguer qu’il n’a jamais reçu votre retour.
Sébastien Sautebin