Quand on a été victime d’un cambriolage, on est prêt à tout faire pour que cela ne se reproduise pas. Edmond Brochon, locataire d’un grand appartement à Genève, n’a donc pas hésité à prendre des mesures radicales après avoir subi une effraction, en mars 2011, alors qu’il était en voyage.
«Presque tous les logements des quatre immeubles gérés par Wincasa ont été cambriolés», raconte-t-il. Comme le propriétaire reste inactif, le locataire fait poser, à ses frais, un verrou et une barre de sécurité. Il a fallu, par conséquent, renforcer les gonds de la porte, si bien que l’opération a coûté 2500 fr. au total. Informée de la démarche, la gérance ne s’est pas engagée à prendre en charge les deux installations.
Promesses orales
A la fin de 2015, Edmond Brochon se résout à donner son congé avant l’échéance du bail. C’est qu’il est arrivé à l’âge de la retraite et le loyer est devenu trop cher pour son budget. «On m’avait alors promis, par oral, que je pourrais négocier la reprise de l’équipement de sécurité avec le nouvel occupant», explique Edmond Brochon. En l’absence de successeur, issue improbable dans le contexte actuel du marché, le lecteur est alors censé remettre la porte en l’état initial.
Mais, avant l’état des lieux, fixé au 15 janvier 2016, le locataire réclame en vain les coordonnées des nouveaux occupants pour fixer un prix de rachat de son matériel. Le jour J, le jeune retraité est donc surpris de se voir réclamer les clés du dispositif de sécurité, et ce sans aucune contrepartie. Il refuse d’abord de les donner, rappelant qu’on lui avait promis un arrangement pour le dédommager de son investissement. Le représentant de Wincasa menace alors de bloquer la garantie bancaire tant que la porte n’aura pas retrouvé son état initial.
«C’est de l’intimidation pure et simple», dénonce Edmond Brochon, qui reproche au bailleur de se réfugier derrière des «lois obsolètes». Car le droit (lire encadré) est effectivement du côté de la gérance.
Protéger les nouveaux occupants
«Dans le cadre de la restitution anticipée de ce logement, nous avons informé ce locataire qu’il avait l’obligation de nous rendre la totalité des clés, y compris celles de la barre de sécurité et du verrou», rétorque Constantin Caso, directeur de l’agence Wincasa à Genève. Libre à lui, s’il le préférait, de remettre en état la porte et le cadre avant l’état des lieux de sortie. Et d’ajouter: «Quant aux nouveaux locataires, ils n’ont pas à subir de pression financière des anciens occupants avant d’emménager.»
De guerre lasse, et pour ne pas se montrer «inutilement vindicatif», Edmond Brochon a fini par céder. «Il aurait été absurde de tout remettre en état», relève-t-il en dénonçant toutefois un procédé «abusif».
Claire Houriet Rime
Améliorer son logement à ses frais
Aucun garantie d’être remboursé
Comment récupérer l’argent investi pour améliorer son logement quand on est locataire? Le seul moyen d’être dédommagé par le bailleur est d’obtenir, avant les travaux, son accord préalable écrit et précisant le montant remboursable.
La gérance peut aussi, comme elle l’a fait pour notre lecteur, tolérer les modifications sans les prendre en charge. Ce qui impliquait, dans le cas présent, de lui remettre les clés du verrou. En revanche, si le locataire n’a pas obtenu de feu vert pour les travaux entrepris et que la régie l’exige, il doit remettre l’appartement dans son état initial. Cela est également valable si les nouveaux occupants se déclarent prêts à accepter les modifications effectuées, telles qu’une peinture murale de couleur vive.
Il n’y a pas grand-chose à espérer non plus du successeur sur le plan financier. Celui-ci n’est, en effet, pas tenu de reprendre les rideaux, lampes, lave-vaisselle ou meubles sur mesure acquis par le locataire sortant. Rien n’oblige, du reste, les gérances à communiquer le nom des nouveaux arrivants. Et, une fois l’état des lieux signé, l’ancien occupant n’aura plus aucun moyen de rentrer dans ses frais.