Je me souviens de ma grand-mère qui disait souvent, en entendant telle ou telle de mes justifications après avoir dit une grosse bêtise: «Mieux vaut entendre ça qu’être sourde».
Je n’ai pas pensé autre chose en découvrant le commentaire de Urs Schaeppi, directeur de Swisscom, récemment appelé à se prononcer sur l’abolition du roaming en Suisse, comme c’est le cas dans l’Union européenne. «Laissons le marché régler ce problème petit à petit», suggérait-il, plein de sagesse. Comprenez: attendons que les prix baissent encore, jusqu’à ce que le problème disparaisse de lui-même, et oublions l’idée saugrenue d’accélérer le mouvement par l’intermédiaire d’une loi ou d’un règlement.
Sur le plan strictement économique, on peut certes le comprendre, car même si le profit de l’itinérance a bien baissé ces dix dernières années, cette dernière a encore rapporté 523 millions de francs l’an dernier. Alors même si les bénéfices liés au roaming continuent de baisser de 10% par an avant de disparaître à l’horizon 2028, il reste 2,6 milliards de francs à encaisser. Et je ne vous fais pas l’affront d’expliquer qui va les payer...
Le souvenir de ma grand-mère m’est aussi revenu en écoutant le débat sur l’égalité salariale mené à la fin février au Conseil des Etats. Modifier la loi pour enfin atteindre un objectif fixé il y a maintenant 37 ans? Mais vous n’y pensez pas, laissons le temps au temps, cela viendra bien un jour... D’autant que les statistiques seraient malhonnêtes, car la différence de salaire à travail égal est de 7,5%, et non pas de 18% ainsi que souvent évoqué. Comme si 7,5%, ce n’était pas grand-chose. Et surtout, comme si ces 18% tombaient de nulle part, alors qu’ils démontrent que tous postes confondus, ceux des femmes sont très inférieurs à ceux des hommes (23,6% des postes décisionnels seulement). Et ça, cela va aussi changer avec le temps?
Christian Chevrolet