Dans une publicité diffusée dans la presse, l’Ecole privée Design et Formations propose d’obtenir, par correspondance, un diplôme de «designer en architecture d’intérieur» ou «en graphisme». Cette formation d’environ deux ans coûte près de 4800 fr. Ses responsables revendiquent pas moins de 500 élèves pour une douzaine d’enseignants.
Si cette école privée est nouvelle, le concept l’est moins. Plusieurs administrateurs et gérants de Design et Formations ont déjà créé Culture et Formation et l’Institut de formation permanente, qui dispensent des cours de secrétariat médical et de comptabilité par correspondance. Deux établissements envers lesquels nous avions été très critiques à l’époque (lire BàS 01/2007 et BàS 10/2007).
Faut-il, dès lors, se méfier de Design et Formations? Difficile de se prononcer sur la qualité des cours, les premiers inscrits n’en étant qu’au milieu de leur formation. Toutefois, Lignes et Formations, le pendant français dont le concept sert de base à l’entreprise suisse, est l’objet de commentaires parfois très négatifs sur internet. Erwan Burkhart, coordinateur pédagogique de Design et Formations, ne s’en émeut pas. Il attribue le phénomène au caractère volontiers bougon de nos voisins et précise que les cours de ce côté-ci de la frontière ont été adaptés par des professionnels suisses. Et il ne manque pas de rappeler que l’école possède le label eduQua, un certificat de qualité pour les institutions de formation continue.
Mais que vaut le diplôme délivré? Mario Borreggine, président de l’Association suisse des architectes d’intérieur (VSI-ASAI) pour la région romande, rappelle qu’il existe maintenant un bachelor et même un master en architecture d’intérieur, alors que les élèves de Design et Formations obtiennent un diplôme d’une école privée. Erwan Burkhart n’y voit aucun problème et estime que, dans le domaine, les employeurs sont plus intéressés par le portfolio des candidats et leur parcours de vie que par leurs titres. De plus, une bonne partie de la profession serait composée d’indépendants. En fait, le véritable talon d’Achille de cette voie réside dans le principe même d’enseignement par correspondance. Erwan Burkhart admet que, de manière générale, 30 à 40% seulement des personnes qui suivent une formation continue à distance la terminent. Et il reconnaît que toutes ne trouveront pas du travail.
Une réalité que les élèves ne connaissent pas en signant le contrat d’écolage.
Sébastien Sautebin