Jamais un objet soumis à votation n’aura été autant controversé. La réforme des retraites a suscité moult tensions jusqu’au vote final des Chambres fédérales, en mars dernier, où le compromis âprement obtenu a été accepté à une voix près… La hausse de la TVA devant être soumise au peuple, c’est l’un des objets sur lequel nous voterons ce 24 septembre. Le second porte sur le paquet global et a le mérite de poser clairement la question de l’acceptation de l’ensemble de la réforme. C’est pourquoi nous avons soutenu les référendaires lors de la collecte des signatures.
Deux questions sont donc posées pour un même objet, dont l’impact sur le pouvoir d’achat des actifs et des futurs retraités n’est pas négligeable. Un seul «non» et la réforme ne sera pas adoptée. Cela angoisse ses partisans, qui multiplient les scénarios catastrophe, quand bien même ils admettent que «Prévoyance 2020» est un compromis imparfait et non durable…
L’émotion est ici mauvaise conseillère, on le voit dans les tentatives de personnaliser l’impact de la réforme (lire «Des calculateurs forcément trompeurs», page 10). Si un effort – le fameux compromis – a été fait pour obtenir une compensation de la baisse du taux de conversion par une hausse de la rente AVS, celle-ci sera toutefois financée par une hausse des cotisations AVS et LPP tout au long de la vie professionnelle (lire page 11).
Dès lors, les plus jeunes et les femmes actives auraient peut-être apprécié que la réforme des retraites ait délégué une partie de l’effort aux institutions œuvrant dans la prévoyance professionnelle. Les coûts du système actuel et le capital accumulé dans les institutions de prévoyance (lire notre enquête «Les caisses de pension se portent plutôt bien, merci», BàS 3/2017, sur bonasavoir.ch) n’ont en effet jamais fait partie des débats. S’y atteler ne réglerait évidemment pas l’ensemble des problèmes, mais permettrait d’atténuer un tant soit peu l’impact sur les jeunes actifs et les femmes.
Face à ce dilemme du verre à moitié plein, à chacun de répondre dans le secret des urnes et, surtout, en restant fidèle à ses valeurs. De notre côté, nous continuerons à vous apporter une information claire, indépendante et transparente.
Zeynep Ersan Berdoz
Directrice, rédactrice en chef