Le sport c’est la santé, mais lorsqu’on a longtemps préféré grignoter des chips devant la télé, reprendre une activité physique ne va pas toujours de soi. Cette quête de bien-être peut soulever différentes questions: suis-je en état de faire du sport? Quelle activité choisir? Dois-je demander l’avis d’un spécialiste ou de mon médecin traitant?
Pour commencer, une bonne nouvelle: «Il n’existe que très peu de contre-indications absolues à la pratique sportive», souligne le Dr Mathieu Saubade, responsable de la consultation «Conseils en activité physique» à la PMU de Lausanne. «Elles concernent essentiellement des pathologies instables, qui doivent être stabilisées au préalable. Une personne souffrant d’épilepsie mal contrôlée, par exemple, ne doit pas faire de natation.»
Vérifier que la pratique est adaptée
Dans les autres cas, le bon sens prévaut. «Si l’on est en surpoids, qu’on a du cholestérol ou une tension limite, il vaut le coup de discuter avec son médecin traitant qui établira un bilan de santé», poursuit le spécialiste. Idem en cas de problèmes locomoteurs, quand on a, par exemple, été opéré du genou ou qu’on souffre d’arthrose. «Je conseille ici aussi d’aller consulter. Le médecin vérifiera si la pratique est adaptée. L’activité physique est bénéfique, mais peut s’avérer délétère et décourageante quand elle est mal faite» relève le spécialiste. Il existe aussi une solution toute simple, sous forme d’un test en sept questions pour savoir s’il vaut mieux consulter avant de se lancer (lire encadré).
Sans problèmes de santé connus, «la pertinence d’une consultation dépend aussi du degré d’intensité de l’activité sportive souhaitée», résume Maximilian Schindler, médecin-chef de clinique au service de chirurgie orthopédique des HUG. Avant de débuter un sport d'endurance à raison de trois fois par semaine, il vaut la peine de s’assurer qu’on ne souffre pas d’un problème médical qui n’a pas été pris en charge. En revanche, il n’est évidemment pas nécessaire de prendre de telles précautions si l’on désire aller marcher tranquillement une heure par semaine.
Enfin, «de nombreuses personnes qui n’ont pas fait de sport depuis longtemps ne savent pas comment s’y prendre», note Maximilian Schindler. «Du coup, elles ont besoin d’être conseillées, orientées ou même simplement rassurées.» Là encore, prendre rendez-vous est une bonne initiative. Oui, mais vaut-il mieux se rendre chez son généraliste, ou consulter directement un médecin du sport?
Un médecin, oui, mais lequel?
Mathieu Saubade suggère de s’adresser d’abord à son médecin traitant, «qui connaît le patient depuis des années». Maximilian Schindler partage ce conseil et rappelle qu’il s’agit d’ailleurs d’une obligation pour de nombreuses personnes en raison de leur contrat d’assurance maladie. Les deux spécialistes s’accordent toutefois sur le fait que certains généralistes sont très à l’aise avec les questions liées au sport et d’autres beaucoup moins. Dans ce cas, il est judicieux qu’ils adressent leur patient à un spécialiste.
C’est précisément ce qui se passe avec la consultation «Conseils en activité physique» du Dr. Saubade, dédiée à la reprise du sport. Quelques 70% à 80% des patients qui consultent ont des problèmes médicaux et sont envoyés par d’autres médecins. Cela étant, il est tout à fait possible de prendre rendez-vous lorsqu’on désire simplement se remettre au sport. Cette consultation pointue a pour particularité de conseiller chaque patient de manière individualisée, mais aussi de le motiver. «Je pose des questions, j’apprends à connaître la personne, il s’agit d’un entretien qui colle à chacun. A la fin je fais une prescription d’activité physique, comme avec des médicaments. On se revoit ensuite, souvent tous les trois mois, pour faire le point. La clé, c’est de trouver quelque chose qui plaise à la personne et s’inscrive ainsi dans la durée, avec un changement de comportement», conclut le chef de clinique.
Sébastien Sautebin
En pratique: un examen simple pour décider
Le Questionnaire sur l’aptitude à l’activité physique «Q-AAP et Vous» permet de déterminer s’il est conseillé de passer un examen médical avant d’entamer un programme régulier d’activités physiques. Ce test, très facile, se compose de sept questions auxquelles il faut répondre par «oui» ou «non». En cas de réponse positive à une ou plusieurs reprises, il est recommandé de consulter.
Ce questionnaire peut aussi être utile aux sociétés sportives locales lors de nouvelles candidatures.
Le Q-AAP a été conçu au Canada et est actuellement utilisé dans de nombreux hôpitaux.
Un exemplaire est disponible sur notre site