Vous l’avez certainement déjà expérimenté: décoder la facture d’un médecin ou d’un hôpital relève souvent de l’exploit. Pour autant d’ailleurs que le prestataire vous ait envoyé une copie de la facture, ce qui, bien que relevant de l’obligation légale, reste loin de représenter la norme.
Ces premiers obstacles franchis, vous devez encore vous assurer d’identifier correctement le type de tarif, ceux des soins ambulatoires et d’hospitalisation n’étant, pour corser l’affaire, pas identiques.
Avec un peu de chance, vous avez repéré la date et la durée de la consultation, peut-être même réussi à comprendre un certain nombre de positions correspondant à un examen ou une analyse.
C’est en tombant sur le chiffre 00.0141, trop souvent présent dans cet inventaire sibyllin, que la perplexité, et parfois l’agacement, vous aura saisi: «Etude de dossier, en l’absence du patient». Certes, les montants correspondant à ce chiffre restent relativement modestes, moins de 20 francs par tranche de cinq minutes, mais cette modestie ne suffit souvent pas à éviter le doute sur l’opacité de la prestation.
Toujours plus sensibles aux surcoûts du système de santé, vous êtes nombreux à ce stade à vous adresser à Ma Santé pour tenter de comprendre à quoi correspond ce travail effectué en votre absence, et pourtant clairement dédié à votre cause (lire "Consultation médicale: demandez la note!").
En cherchant des réponses du côté des médecins, la légitimité de l’acte le dispute à l’indignation devant la question. Du côté de leur faîtière,
la FMH, on tombe carrément dans le malaise. Car si personne ne conteste la nécessité de prendre connaissance du dossier d’un patient avant de le recevoir, le tarif correspondant à une «Consultation de base» est censé comprendre la lecture du dossier du patient ainsi que les annotations par le médecin traitant avant et après le rendez-vous.
Ce que révèle le flou et l’agacement autour d’un simple chiffre, c’est l’invraisemblable complexité d’un système figé, obsolète et inadapté
à la réalité de la médecine d’aujourd’hui.
Et par là même, l’urgence de repenser notre système de santé en rétablissant dans la foulée l’indispensable confiance entre le médecin et son patient.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef