Il y a deux ans, Edith Küpfer, 60 ans, a fait un grand tour à vélo, de Suisse jusqu’à la mer Baltique et retour. A la fin de son périple, elle a commencé à ressenti un picotement désagréable dans sa main droite. Les douleurs les plus fortes sont apparues le matin, après son réveil.
Ces symptômes sont typiques du syndrome du canal carpien. Le problème survient lorsque le nerf médian, qui mène du poignet aux doigts, manque de place. Il passe en effet par un canal étroit appelé le canal carpien. Si une pression s’exerce sur ce nerf, les doigts s’engourdissent, se raidissent ou picotent. À vélo, une mauvaise position sur le guidon peut pincer le nerf. Un surmenage, une inflammation ou une fracture mal soignée sont également des causes possibles de ce trouble.
Cortisone et analgésiques plutôt à éviter
Pour soulager leurs patients, certains médecins sortent alors l’artillerie lourde: des comprimés de cortisone, qu’ils peuvent prescrire pendant plusieurs mois. Ils sont censés réduire le gonflement des tissus de la main et donner davantage de place au nerf. Certaines études montrent de bons résultats. Mais le médecin-conseil de Ma Santé, Thomas Walser, estime qu’à long terme, «c’est risqué». En effet, les comprimés de cortisone peuvent favoriser le développement d’infections dans le corps, augmenter la pression sanguine et favoriser l’ostéoporose.
En Allemagne, les injections de cortisone sont pourtant recommandées dans les directives destinées aux chirurgiens de la main. Elles agissent rapidement et efficacement mais ne sont pas non plus sans risque. Si le médecin touche le nerf avec l’aiguille, celui-ci peut être endommagé, voir détruit, préviennent des membres du réseau de médecins suisses Medix. À long terme cependant, même les doses élevées de cortisone ne sont guère plus efficaces qu’un placebo. C’est ce qu’a montré une étude menée à l’hôpital de Hässelholm, en Suède, publiée en 2013 dans la revue scientifique Annals of Internal Medicine.
Immobilisation nocturne avec une attelle
Souvent, des solutions «douces» suffisent à soulager les symptômes. Dès le début de leur apparition, il est important de ménager le poignet et d’éviter les mouvements répétitifs et douloureux pendant la journée. Une immobilisation avec une attelle la nuit est souvent utile. «C’est particulièrement important si la douleur survient le matin», précise Thomas Walser. L’attelle maintient le poignet droit et a pour effet de ne pas comprimer le nerf (voir tableau).
Physiothérapie efficace
Les thérapies manuelles sont également bénéfiques. Elles sont proposées par des physiothérapeutes et des médecins spécialement formés. Les spécialistes travaillent sur la main et son environnement direct avec des mouvements ciblés. Ces exercices sont destinés à donner au nerf plus d’espace dans le canal carpien. Une étude de l’université espagnole Roi Juan Carlos de Madrid, parue l’an dernier dans la revue Physical Therapy, conclut que trois de ces traitements manuels ont un effet à long terme sur la douleur et les troubles sensoriels de la main.
Les bandages adhésifs ont également obtenu de bons résultats selon plusieurs études. Ces patchs en tissu élastique sont appliqués sur la main et l’avant-bras. Ils sont réputés donner plus d’espace au nerf en soulevant les tissus. Les bandes aident surtout lorsque la douleur n’est pas présente depuis longtemps.
Lorsque la douleur est trop importante et que tous les autres moyens ont échoué, la chirurgie est souvent inévitable. Le chirurgien coupe une bande de tissu au-dessus du canal carpien. «La chirurgie est la dernière option, mais la plus sûre», assure Thomas Walser. Après l’opération, la main doit être mise au repos pendant plusieurs semaines.
Les symptômes d’Edith Küpfer ont heureusement disparu sans intervention chirurgicale. Elle s’est attaché le bras pendant la nuit pour l’empêcher de se plier. Elle étire également ses mains après avoir fait du vélo et change fréquemment sa position sur le guidon. Cela fonctionne et elle n’a plus eu de problème depuis, affirme-t-elle.
Pharmas également prudentes
Le fabricant Spirig écrit que ses comprimés de cortisone Spiricort ne sont pas approuvés pour traiter le syndrome du canal carpien. Novartis affirme que ce sont les médecins et les pharmaciens qui sont les plus à même d’évaluer les avantages et les risques de l’ibuprofène. Mepha affirme que le Diclofenac n’est pas le médicament de premier choix pour traiter le syndrome du canal carpien et n’est d’ailleurs pas présenté comme tel.
Luzia Mattmann / chp