David*, 37 ans, s’est inscrit au chômage relativement serein. Recevoir le 80% de son salaire paraissait plus que suffisant pour payer ses charges. Et dans le secteur des assurances à Zurich, il était certain de retrouver rapidement un emploi. Ses quelques mois de chômage se sont pourtant mués en véritable défi: frustration de ne pas être engagé, démotivation, pression de l’entourage. Les psychologues du travail, coachs et spécialistes de l’insertion socio-professionnelle expliquent comment ne pas perdre la tête en ces périodes, plus ou moins longues, de haute incertitude.
Sortir du rejet
Après la perte d’un emploi et sous le coup de l’émotion, on a parfois tendance à dénigrer son secteur d’activité ou à se fermer des portes. Un mécanisme de défense normal qui, le plus souvent, reste actif deux à trois mois. C’est en veillant à ne pas rester bloqué dans le rejet que l’on pourra passer à l’action et saisir à nouveau des opportunités. En cas de difficulté, des accompagnements gratuits sont proposés par les bureaux de chômage.
Se maintenir dans l’action
Perdre son travail, c’est pour beaucoup perdre une part de son identité. D’où un impact négatif sur la confiance et l’estime de soi, doublé de la crainte de ne pas retrouver un emploi. L’une des clés pour ne pas se laisser affecter, c’est de trouver des sources d’accomplissement personnel. Se lever le matin, s’habiller, sortir faire un tour, pratiquer des activités sportives et créatives... En se maintenant dans l’action, on restaure le sentiment d’utilité qui souffre après la perte d’un emploi.
Structurer sa journée
Plus encore que rester actif, on devrait structurer sa journée en se ménageant des plages horaires pour la recherche d’emploi. Il s’agit de se fixer des objectifs réalistes, comme s’accorder une heure par jour pour consulter les postes vacants, deux pour préparer des candidatures, etc. L’idée est d’aborder le chômage comme un emploi à part entière, avec son rythme journalier. Une posture qui permet d’éviter de ruminer des idées noires.
Garder le lien social
«Et tu n’as encore rien trouvé?» La question peut gêner. Il serait néanmoins contre-productif de ne plus voir des proches sous prétexte d’éviter toute pression extérieure. Les contacts sociaux répondent à un besoin humain et il importe de remplacer ceux du bureau par d’autres, via le sport, le bénévolat, les sorties, etc. Le tout est d’oser poser ses limites pour ne pas subir les discussions, quitte à éviter certaines personnes pour un temps.
Moins de honte, plus de patience
Le quotidien sera moins douloureux si l’on perçoit la mise au concours d’un poste pour ce qu’elle est: un simple concours, et rien d’autre. Y parvenir permet d’alléger les sentiments de honte et l’anxiété qui accompagnent souvent le chômage. Il s’agit d’apprendre les vertus de la patience et de la persévérance. Là aussi, les bureaux de chômage proposent gratuitement des accompagnements externes.
Bilan de compétences
En période de chômage, on a tendance à se comparer aux autres dans le monde du travail ou à l’image que l’on avait de soi-même auparavant. Un outil existe, offert par les offices de l’emploi, pour revaloriser son parcours et identifier ses points forts: le bilan de compétences. L’instrument permet de ne pas se focaliser sur un présent insatisfaisant. Il ouvre des perspectives d’avenir en insistant sur les capacités et expériences acquises par le passé.
*Nom connu de la rédaction
En collaboration avec:
- Laurence Oro-Messerli, docteure en psychologie du travail et psychologue au cabinet Atout’psy à Marin (NE), auparavant accompagnatrice dans le domaine de l’insertion socio-professionnelle
- Romain Schneider, psychologue du travail, coach spécialisé notamment dans les domaines de la gestion de carrière et la valorisation de compétences au cabinet Nouvelles Thérapies, Genève
Gilles D'Andrès