Ses puissants maux de tête ont conduit Jasmin chez un neurologue à l’âge de 15 ans déjà. Plusieurs fois par semaine, d’intenses migraines lui faisaient vivre un enfer: «Je n’avais qu’une envie, rentrer chez moi pour trouver refuge dans une pièce sombre et calme.» A côté des analgésiques, s’isoler de la sorte a été, durant plusieurs années, la seule chose qui pouvait la soulager.
Il y a deux ans, les douleurs de Jasmin, alors âgée de 35 ans, se sont à nouveau intensifiées: «C’était particulièrement pénible quand la météo était changeante ou quand je m’énervais.» Mise au supplice presque tous les jours, elle a fini par consulter son médecin de famille, qui l’a envoyée, encore une fois, chez un neurologue. Celui-ci lui a prescrit d’autres médicaments contre la migraine. Mais aucun n’a fonctionné. «Je ne ressentais même pas une toute petite amélioration», confie Jasmin.
Un soir, son compagnon lui suggère d’essayer la thérapie craniosacrale dont il a entendu parler chez son physiothérapeute. «Dans le pire des cas, ça n’aura pas d’effet», se dit-elle. Mais après trois séances, Jasmin se sent déjà mieux. C’était il y a environ six mois et, aujourd’hui, ses maux de tête la tourmentent moins, même s’ils reviennent en général une à deux fois par semaine: «Récemment, je n’ai pas eu de migraine pendant quatre semaines!»
Lors d’une séance de thérapie craniosacrale, le praticien utilise ses mains pour rééquilibrer la circulation du liquide céphalorachidien entre le crâne et le sacrum. Pendant ce temps, le patient est allongé sur une table de massage et se détend. Jasmin, elle, se rend chez sa thérapeute toutes les six à sept semaines. Sans assurance complémentaire, elle doit payer les séances de sa poche. Pourtant, cela en vaut la peine, assure-t-elle: «Je ne me suis jamais sentie aussi bien.»
Une seule méthode remboursée
D’autres techniques manuelles permettent de libérer les tensions ou les blocages et peuvent réduire la survenue, voire l’intensité des migraines. Le shiatsu, l’ostéopathie, la réflexologie plantaire, l’acupressure et la chiropratique en sont des exemples. Ce sont des alliés potentiels en cas de maux de tête, même si leur utilité n’est pas clairement avérée. Des études solides manquent encore. Certaines personnes, toutefois, constatent une amélioration après quelques séances. Reste que ces thérapies sont relativement chères et ne sont pas prises en charge par l’assurance de base, à l’exception de la chiropratique.
Pour Maria Neumeier, de l’hôpital de Zurich, les études sont en effet trop peu nombreuses pour permettre une recommandation claire de ces thérapies. Mais, précise-t-elle, «certains patients peuvent en tirer profit». Ces approches constituent, selon elle, un complément utile aux prises en charge classiques: «En consultation, les patients me parlent régulièrement de leurs expériences positives avec des techniques manuelles comme l’acupressure et l’ostéopathie.»
Traitement différent selon l’élément déclencheur
Stephanie Wolff, médecin généraliste, fait le même constat. Elle relève l’insuffisance des études réalisées jusqu’ici, mais se montre ouverte: «Dans certains cas, ces traitements aident beaucoup.» Elle recommande aux personnes concernées de trouver ce qui active, chez elles, un épisode migraineux. Les facteurs déclencheurs les plus fréquents sont les situations de stress, la météo, les aliments comme le café ou le fromage, l’alcool, le bruit, un mauvais sommeil, le surmenage, ainsi que les variations hormonales.
«Si le stress est à l’origine de la migraine, je recommande la thérapie craniosacrale parmi ces techniques manuelles», précise Stephanie Wolff. Dans le cas de migraines liées à des tensions ou à de légères déformations des vertèbres, l’ostéopathie ou la chiropratique sont indiquées: «Ces thérapies travaillent sur l’appareil locomoteur, ce qui permet de soulager les tensions.» Elle recommande l’acupressure aux personnes qui souhaitent soulager leurs douleurs pendant une crise de migraine. «En fin de compte, c’est à chacun d’essayer pour voir ce qui l’aidera», conclut Stephanie Wolff.
Pour prévenir les migraines
- Couchez-vous et levez-vous tous les jours à la même heure, y compris le week-end.
- Mangez régulièrement et ne sautez pas de repas.
- Buvez au moins 1,5 litre d’eau par jour.
- Tenez un journal de bord de vos migraines afin d’identifier ce qui les déclenche.
- Prenez suffisamment de temps pour vous déconnecter et vous détendre.
- Faites preuve de patience et d’indulgence envers vous-même.
- Faites du yoga, du tai-chi, du qi gong ou pratiquez la relaxation musculaire progressive selon Jacobson.
- Pratiquez une activité physique d’endurance modérée trois à quatre fois par semaine.