C’est un chiffre qui fait peur: un Suisse sur six est victime d’un AVC (ou attaque cérébrale) au cours de sa vie! Certes, son incidence croît avec l’âge – 85% des victimes ont plus de 65 ans –, mais les jeunes adultes, et même rarement les enfants, ne sont pas épargnés. L’attaque cérébrale frappe n’importe qui, n’importe quand, et les conséquences peuvent être dramatiques: un quart des victimes décèdent dans l’année et un tiers restent handicapées.
L’AVC survient la plupart du temps lorsqu’un caillot obstrue un vaisseau sanguin cérébral et empêche ainsi l’irrigation d’une partie du cerveau (AVC ischémique, 80% des cas). Privé d’oxygène et de nutriments, le tissu cérébral situé en aval meurt rapidement. Parfois, l’AVC est dû à l’éclatement d’un vaisseau (AVC hémorragique, 20%). L’épanchement de sang dans la boîte crânienne peut alors provoquer de graves dommages.
Dans les deux cas, il est fondamental de réagir vite. «En effet, plus un AVC est traité rapidement, plus la victime a de chances de s’en sortir indemne», rappelle Patrik Michel, médecin-chef du Centre cérébrovasculaire du CHUV.
«Il faut composer immédiatement le 144, poursuit le spécialiste. La victime doit s’allonger et ne pas boire, manger ou prendre de médicaments en raison du risque de fausse route. Si un tiers ou un proche est présent, il est important qu’il surveille le pouls et la respiration, et qu’il puisse décrire au personnel soignant ce qu’il a observé.»
Les symptômes de l’AVC
Problème: les victimes, ou leurs proches, tardent parfois à réagir, car ils ne réalisent pas qu’il s’agit d’un AVC. Une enquête de la Fondation suisse de cardiologie en 2016 a montré que 40% des personnes interrogées étaient incapables de citer un seul des principaux symptômes de l’attaque cérébrale.
Les voici:
⇨ Paralysie: soudain affaiblissement, paralysie ou perte de sensibilité, le plus souvent d’un seul côté du corps (visage, bras, jambe ou combinaison).
⇨ Troubles de la vue: cécité subite, souvent d’un seul œil, ou vision double.
⇨ Troubles de la parole: difficulté à parler ou comprendre ce qui est dit.
Et aussi:
⇨ Vertiges violents et soudains, avec incapacité à marcher.
⇨ Maux de tête aigus et inhabituels.
Les mêmes signes peuvent indiquer un accident ischémique transitoire (AIT). C’est une «mini-attaque cérébrale» dont on récupère rapidement et spontanément car le caillot se dissout tout seul. Comme les troubles sont alors parfois très brefs, certaines personnes ne les prennent pas au sérieux. A tort, car les AIT peuvent être le signe avant-coureur d’un AVC. «Il est donc conseillé de se rendre sans tarder aux urgences de proximité, relève le Dr. Michel, soit en appelant le 144 (ambulance), soit en se faisant emmener rapidement par un proche.».
Traitements en phase aiguë
«Lors d’un AVC ischémique, il faut rapidement rétablir la circulation sanguine en dissolvant ou en retirant le caillot. Pour cela, on utilise des médicaments ou des moyens mécaniques, et parfois les deux», résume Patrik Michel. Pour être efficace, le traitement doit commencer dans les deux ou trois heures après le début des symptômes, mais des traitements plus tardifs apportent souvent aussi un bénéfice.
Lors d’un AVC hémorragique, la pression artérielle doit être abaissée rapidement à l’aide de médicaments pour limiter l’hémorragie, et une chirurgie est parfois nécessaire. Ici aussi la rapidité d’intervention est essentielle.
• Plus d’infos sur attaquecerebrale.ch
• L’appli gratuite iOS/Android «Urgence HELP» de la Fondation suisse de cardiologie rappelle les gestes qui sauvent en cas d’urgence cardio-circulatoire.
Sébastien Sautebin
Prévention: Adopter un mode de vie sain
Bonne nouvelle, s’il est impossible d’agir sur certains facteurs comme l’âge et l’hérédité, nous ne sommes pas pour autant désarmés face au risque d’AVC. «En adoptant un mode de vie sain, on peut réduire jusqu’à 90% le risque», souligne Patrik Michel.
Voici les actions essentielles:
- Arrêter de fumer ou de vapoter;
- Avoir une activité physique, au minimum 30 minutes par jour;
- Se nourrir sainement, avec peu de viandes, beaucoup de légumes, fruits, fibres, noix, produits laitiers écrémés, huile d’olive et poissons;
- Ne pas être en surpoids;
- Eviter le stress permanent;
- Consommer peu ou pas d’alcool, entre zéro et un verre de vin par jour (ou autre alcool en quantité équivalente).
- Se rendre régulièrement chez son médecin pour dépister et traiter des problèmes comme l’hypertension, le diabète, le cholestérol, l’apnée du sommeil ou encore la fibrillation auriculaire qui constituent des facteurs de risques importants.