Combien de temps faut-il attendre avant de recourir à l’aide de la médecine pour tomber enceinte? Auparavant, l’OMS avait établi à 24 mois la durée après laquelle un couple est considéré comme infertile. Elle est désormais fixée à 12 mois de relations non protégées.
Se laisser au moins deux ans
Des spécialistes indépendants estiment que ce temps est trop court. Ils encouragent les couples à patienter plus longtemps avant de s’inquiéter. Collaboratrice auprès d’Appella, une organisation zurichoise qui conseille gratuitement sur les questions de santé reproductive,
Franziska Wirz encourage les jeunes couples hétérosexuels à se donner deux ans avant de consulter.
Des experts constatent, dans le British Medical Journal, que les médecins convainquent toujours plus tôt les couples d’avoir recours à la fécondation in vitro. Toutefois, beaucoup d’entre eux ont de bonnes chances de procréer naturellement, si on leur en laisse le temps. Selon plusieurs études, les femmes dont les causes d’infertilité ne sont pas clairement définies tombent souvent enceintes naturellement après deux à quatre ans de tentatives.
Changement de définition par l’OMS
C’est en 2009 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé, lors d’une réunion à Genève, de qualifier l’infertilité comme «une maladie caractérisée par l’échec de tomber enceinte après au moins douze mois de relations sexuelles régulières et non protégées». Avant d’arrêter cette définition, l’institution s’est fait conseiller par le Comité international pour la surveillance des techniques de procréation assistée. Un groupe composé et soutenu financièrement par des médecins de la reproduction. Lors de la rencontre de Genève, pas moins de 72 représentants de telles associations étaient présents.
Dans la revue spécialisée Medical Anthropology Quarterly, le sociologue new-yorkais Arthur L. Greil explique que le but principal de cette définition est d’identifier de nouvelles patientes potentielles.
L’éthicienne et théologienne zurichoise Ruth Baumann-Hölzle se montre quant à elle critique: «De par son nom, l’OMS donne l’impression d’être financée uniquement par les pays membres. L’influence des lobbys est toutefois immense.» Selon la spécialiste, l’OMS manque de transparence car le financement provient principalement de fondations, et non des pays.
D’affaire privée à maladie
Le son de cloche diffère auprès d’Alexander Quaas, directeur du Centre de médecine de la reproduction à Bâle. Selon lui, le but d’une telle définition est de donner aux patients, aux médecins et aux caisses maladie «un cadre indiquant quand il est opportun d’établir un diagnostic». Il constate que, après une année à essayer de procréer, sept couples sur huit ont «atteint l’objectif». Mais le spécialiste affirme par ailleurs connaître de nombreux couples qui regrettent de ne pas l’avoir consulté plus tôt.
Auparavant, l’infertilité était considérée comme un problème privé. Or, le terme «maladie» indique que les couples stériles doivent être traités par des médecins. Ce qui mène à la question du remboursement par les assurances maladie. En Suisse, un enfant sur 50 naît d’une insémination artificielle et une tentative coûte jusqu’à 10 000 francs. Les médecins de la reproduction demandent que les coûts soient pris en charge par l’assurance de base (lire «Le remboursement de l’insémination artificielle fait débat», sur masantemag.ch).
Alexander Quaas juge ainsi qu’il serait «juste que l’assurance de base participe aux coûts de l’insémination artificielle», puisque l’OMS définit «clairement l’infertilité comme une maladie». L’insémination artificielle n’est pas un traitement indispensable médicalement, mais un moyen pour les couples de combler un désir très cher, estime pour sa part Ruth Baumann-Hölzle.
Mettre toutes les chances de son côté
- Tenir un journal des jours fertiles
- Avoir des rapports réguliers pendant les jours fertiles
- Boire peu d’alcool et ne pas fumer
- Bouger 30 minutes par jour