Près de 25 000 personnes sont victimes d’une commotion cérébrale chaque année en Suisse selon la SUVA. «Au niveau médical, on la définit comme un traumatisme cranio-cérébral (TCC) léger, explique Stephanie Clarke, cheffe du Service de neuropsychologie et de neuroréhabilitation du CHUV. Le cerveau subit des dommages lors d’un choc direct à la tête ou d’une décélération brutale, typique des accidents de la route. En effet, en cas de collision, la tête peut faire un brusque mouvement avant-arrière. Le cerveau, dont la consistance est comparable à celle d’un flan, s’écrase par inertie contre la boîte crânienne.»
Outre la route, les TCC peuvent résulter, entre autres, d’accidents de travail, de loisirs ou sportifs, d’une chute, de coups reçus, etc.
Consulter le jour même
Lorsque le traumatisme est léger, ce qui correspond à la commotion, l’évolution est relativement simple: tout rentre généralement dans l’ordre sans aucune séquelle. «La victime a perdu connaissance peu de temps et, si les secours ont été appelés, elle est éveillée lorsqu’ils arrivent. La plupart du temps, il n’y a pas de lésion visible du choc à l’imagerie médicale et le bout de mémoire qui manque autour de l’accident reste très bref, de l’ordre de quelques dizaines de minutes», relève Stephanie Clarke.
Malgré tout, souligne la spécialiste, une consultation médicale s’impose le jour même pour tout accident provoquant une perte de connaissance, même si elle a été brève. En effet, certains traumatismes cranio-cérébraux qui paraissent mineurs peuvent, rarement, avoir de graves conséquences, comme une hémorragie intracrânienne. D’où l’importance de voir rapidement un médecin après le choc afin qu’il exclue un danger vital. On peut contacter son généraliste, une permanence médicale ou se rendre aux urgences.
Lorsque le choc n’a pas provoqué de perte de connaissance mais que des troubles apparaissent, par exemple au niveau de la mobilité, de l’odorat ou de la vision, il convient aussi de consulter sans tarder.
Prudence avec les seniors
«Si une personne est seule, qu’elle se retrouve en bas des escaliers et qu’elle est probablement tombée, il est prudent de voir aussi un médecin rapidement», recommande encore Stephanie Clarke.
Chez les seniors, les proches seront attentifs aux hématomes, qui constituent des indices d’une possible chute. «De la confusion, un mal de tête, le fait de ne plus se souvenir très bien de la date, de l’heure ou de ce qui s’est passé durant la journée, peuvent provenir d’un choc à la tête, mais la chute a peut-être été provoquée par un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a induit une faiblesse musculaire dans une jambe», prévient Stephanie Clarke. Il s’agit alors d’une urgence médicale (lire «AVC, les signes qui doivent vous alerter»). Quand une personne âgée multiplie les chutes, le médecin doit en déterminer les causes. Selon le diagnostic, il pourra, par exemple, prescrire des exercices de physiothérapie afin de sécuriser la marche autant que possible.
Maux de tête, fatigue…
Les symptômes les plus typiques des commotions sont les maux de tête, des douleurs à la nuque, des difficultés de concentration et une fatigue qui s’installe très rapidement après de petits efforts. La récupération prendra quelques jours à plusieurs semaines selon les patients.
Outre le fait d’écarter un danger vital, la consultation permet aussi de traiter certains symptômes, comme les douleurs liées au choc, et d’assurer un suivi à plus long terme. La plupart des patients pourront reprendre leurs activités normalement, mais il faut veiller à ne pas brûler les étapes et ne pas se fatiguer trop au début. Après un arrêt de travail, la reprise professionnelle se fait à temps partiel dans un premier temps afin de s’assurer qu’elle ne compromette pas la situation.
Selon la SUVA, 10 à 15% des victimes se plaignent de symptômes prolongés. «Il peut arriver toutefois qu’un patient soit très motivé, mais n’arrive pas à reprendre ses activités. Lorsqu’on ne récupère pas dans les deux ans, la situation a peu de chances de s’améliorer ensuite. C’est rare mais cela arrive», relève
Stephanie Clarke.
En outre, il importera de faire preuve de prudence: après une deuxième ou une troisième commotion, la récupération peut être beaucoup moins bonne et des séquelles peuvent apparaître sous forme de troubles de l’attention, de fatigue, etc. Certains sports de contact comme le hockey, le rugby ou la boxe posent d’ailleurs le problème des commotions à répétition. Même les têtes effectuées au football font aujourd’hui l’objet de débats, surtout pour les jeunes joueurs.
«Le message à retenir est de protéger son cerveau en réduisant le risque d’accident», conclut Stephanie Clarke. Les enfants doivent apprendre à observer une certaine prudence et les adultes feront preuve de bon sens lors d’activités sportives et au volant. Rouler prudemment est bon pour son porte-monnaie, mais aussi pour sa tête!
Sébastien Sautebin