Alzheimer, Parkinson, Huntington... Les maladies neurodégénératives et leurs terribles conséquences sur la qualité de vie inspirent la crainte à de nombreux adultes. Si la recherche en médecine n’a pas donné de solution miracle jusqu’ici, on sait qu’il est possible de mettre toutes les chances de son côté face au déclin cognitif et aux démences. Que ce soit en agissant sur certains facteurs de risques (lire l’encadré) ou en entraînant son cerveau jour après jour.
Garder un cerveau «plastique»
«Dans la vie quotidienne, l’apprentissage est un stimulus très important pour la plasticité cérébrale», pointe le professeur Bogdan Draganski, directeur du laboratoire de recherche en neuro-imagerie LREN du Département de neurosciences cliniques au CHUV. Cette plasticité, c’est la capacité du cerveau à réorganiser sa structure et son fonctionnement selon les influences extérieures, résume-t-il. En apprenant une langue par exemple, l’organe met en place de nouveaux réseaux de neurones et augmente la vitesse et l’efficacité de transmission des informations.
Contrairement à certaines idées reçues, on peut lutter contre le déclin lié à l’âge. Bien sûr, il existe des prédispositions physiologiques individuelles. Mais la manière de se comporter de chacun joue également un rôle, peut-être plus important qu’on ne le croit. Et si l’on veut stimuler son cerveau en vieillissant, mieux vaut s’y prendre relativement tôt: difficile de changer ses habitudes ou de sortir de sa zone de confort à un âge avancé, fait valoir le professeur Bogdan Draganski. Il n’y a donc pas de moment idéal pour commencer...
Lire, jouer, danser au quotidien
Reste à savoir ce qui fonctionne le mieux. Il a été démontré que, durant l’apprentissage d’une activité, une région spécifique du cerveau se réorganise et se renouvelle. De même, en stoppant cette activité, ce qui a été mis en place se dégrade peu à peu. Pour reprendre l’exemple des langues, apprendre le mandarin n’est utile qu’un temps si on ne le met pas en pratique régulièrement. Les activités les plus efficaces sont celles qui s’intègrent dans le quotidien.
Le mot «apprentissage» est aussi à prendre au sens large. Il ne s’agit pas d’augmenter ses connaissances. Les apprentissages peuvent être liés aux fonctions motrices, comme se mettre au vélo de course ou à la natation. Ma Santé a recherché les conseils d’associations comme Pro Senectute ou Alzheimer Suisse. Pour entraîner le cerveau, cette dernière préconise la lecture, les casse-têtes et les jeux complexes comme les échecs ou le jass, la pratique de la musique ou de la danse pour entretenir la souplesse physique et psychique, ainsi qu’une nouvelle activité sportive régulière, ludique ou artistique, qui sorte de sa zone de confort.
Une large palette d’exercices
De son côté, pour lutter contre le déclin, Pro Senectute conseille des exercices d’entraînement mental bien précis qui font simultanément travailler le corps pour «décupler les effets de cet entraînement». On peut commander sur le site de la fondation un set de ces exercices combinés pour une dizaine de francs. Enfin, Fragile Suisse, l’association d’aide aux victimes de lésions cérébrales et leurs proches, propose gratuitement sur son portail une poignée de jeux de langue, énigmes et autres exercices sensoriels à reproduire. Le but: stimuler les cellules grises, soit «la meilleure forme de prévoyance vieillesse»!
Gilles D’Andrès
Bon pour la matière grise
Il n’y a pas que l’apprentissage continu qui permette de protéger sa matière grise. Le professeur Bogdan Draganski pointe d’autres éléments, dont certains facteurs de risques de maladies neurodégénératives sur lesquels il est possible d’agir.
Les personnes de 40-50 ans devraient prendre garde à traiter une hypertension artérielle ainsi que d’autres problèmes cardiovasculaires. Car il existe un lien, quoiqu’encore méconnu, entre ces troubles et les démences au niveau de la perméabilité de la frontière du cerveau. Pour les problèmes auditifs, la pose d’appareils suffisamment tôt est également importante.
A un âge plus avancé, il s’agit de lutter contre l’isolement social et l’état dépressif, facteurs de risques en matière de démence. Alzheimer Suisse conseille de se rapprocher de sa famille et de ses amis, dont la compagnie est bénéfique pour le moral. Tout comme rencontrer régulièrement d’autres personnes via des clubs, des groupes de marcheurs ou le bénévolat. Les différentes sections de l’association organisent souvent des activités régionales.
Il ne faut pas oublier l’alimentation et l’exercice physique (bouger 30 minutes par jour: faire du sport ou simplement marcher dans la rue, voire descendre des escaliers). Pour manger, on évitera les plats précuisinés ou surprotéinés, trop de sel et de sucre ainsi que les acides gras saturés comme dans le fromage ou la crème. Au profit de fruits et légumes, poissons et glucides sains. Sans compter que bouger suffisamment, se nourrir sainement et garder l’œil sur sa tension permettent aussi de prévenir AVC et maladies cardiovasculaires!