«Une cuillerée pour le cœur, une cuillerée pour la mémoire.» Telle est la promotion de Burgerstein au sujet de son complément alimentaire Oméga-3 Liquid. Idem du côté de Doetsch Grether, qui affirme que son produit Omega-life «favorise le bon fonctionnement du cœur et du cerveau».
Promesses en l’air? C’est en tout cas ce que soutient Martin Smollich, médecin nutritionniste à l’Hôpital universitaire de Lübeck (D), après avoir analysé les principales études menées au sujet des compléments en oméga-3. Ces dernières arrivent en effet toutes à la même conclusion: ces produits n’ont aucun avantage pour le cœur. Ils ne protègent ni contre les infarctus, ni contre les AVC, ni contre l’arythmie cardiaque (voir tableau). D’où la position très claire de Martin Smollich: «la prise de compléments en oméga-3 ne réduit en rien le risque de maladies cardio-vasculaires.»
Le verdict est identique en ce qui concerne les cas de démence. Prendre de tels produits ne permettrait ni de prévenir la maladie, ni de freiner sa progression. Certes, une étude de 2015 soutient le contraire et conclut que les compléments en oméga-3 améliorent la mémoire des seniors en bonne santé. Reste à savoir si l’on peut s’y fier, sachant que l’étude en question avait été financée par l’un des producteurs américains desdites préparations.
Sources animales et végétales
Le constat est aussi le même en cas de dépression ou de cancer. Au vu des études peu significatives menées sur le sujet, Martin Smollich constate qu’il est «difficile de savoir si ces compléments sont bénéfiques pour les patients concernés». Il préfère ne pas les leur recommander.
L’expert ne leur reconnaît d’utilité que pour les femmes enceintes. Il semblerait en effet que les compléments riches en oméga-3 réduisent le risque de naissance prématurée et d’asthme allergique chez le bébé, à condition d’en prendre en grande quantité.
Certaines recherches montrent par ailleurs que ces compléments pourraient freiner la progression de la cécité liée à l’âge, mais uniquement s’ils contiennent aussi de grandes quantités de vitamines C et E ainsi que d’autres nutriments. De telles préparations combinées n’existent pour l’heure pas en Suisse.
Médecin nutritionniste à la Haute école spécialisée bernoise, David Fäh conclut que «tous ceux qui ont une alimentation plus ou moins équilibrée, absorbent suffisamment d’acides gras sains». Il rappelle que les acides gras oméga-3 ne se trouvent pas seulement dans les poissons gras comme le saumon, la sardine ou la truite. Il existe aussi des sources d’oméga-3 végétales, comme les noix, l’huile de lin ou encore l’huile de colza.
Sonja Marti / sh