Fin janvier 2020, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) se montrait clair: «Le port de simples masques d’hygiène dans l’espace public, ou lors de contacts avec des malades, ne constitue pas une protection fiable contre l’infection.»
En octobre, le masque était rendu obligatoire dans tous les espaces publics clos ainsi qu’à l’extérieur où les distances sanitaires ne peuvent être respectées.
On comprend qu’une meilleure connaissance de la maladie et de sa transmission ait mené à cette réévaluation, mais un doute s’est installé dans la population. Difficile de ne pas voir derrière ce revers soudain une maladroite acrobatie destinée à masquer une réalité toute simple: la pénurie mondiale de masques rendait impossible leur recommandation au début de la pandémie.
Les normes ont ensuite été assouplies, Swissmedic délivrant des autorisations exceptionnelles à certains dispositifs à usage médical non certifiés, permettant leur vente en période de pénurie.
Aujourd’hui, l’OFSP recommande de ne pas porter de masques de protection respiratoire comme les FFP2 pour un usage privé. La raison? Tout en reconnaissant leur efficacité supérieure, la Task force scientifique de la Confédération estime que leur utilisation est compliquée et que leur prix est élevé (près de 1 franc pièce pour les moins chers actuellement).
Chez nos voisins autrichiens, ces mêmes masques FFP2 ont été rendus obligatoires fin janvier 2021, tout comme en Bavière.
Le doute ressurgit. Sans remettre en cause les raisons invoquées par les autorités sanitaires, on peine à comprendre qu’à la veille d’une possible troisième vague, évoquée mi-mars par l’OFSP, on fasse la fine bouche sur l’opportunité de mieux se protéger avec des masques plus performants. Tout comme sur la possibilité de les rendre gratuits, à l’image des autotests depuis le 15 mars.
En réalité, la méfiance que fait naître ce nouvel épisode révèle une communication frileuse et confuse, issue de tergiversations apparemment moins liées à des questions sanitaires qu’économiques. Un drôle de calcul qui pourrait une fois de plus fragiliser la crédibilité de nos autorités, qui seraient bien inspirées de considérer la population comme adulte, à défaut d’être vaccinée.
Dans ce numéro, nous avons testé des dispositifs de protection FFP2 ainsi que des masques en tissu (lire «FFP2 ou tissu: quelle alternative aux masques chirurgicaux?»). Si les premiers assurent une protection de qualité, les seconds sont insuffisants, voire mauvais.
Les consommateurs seront ainsi en mesure de faire leur choix en toute connaissance de cause.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef