Pomme de discorde au sein des couples, les ronflements sont parfois perçus comme une fatalité. Pas facile de rester zen quand le bruit fait par son conjoint dépasse les 80 décibels, soit autant qu’un camion sur l’autoroute! Une consultation et un traitement permettent la plupart du temps de réduire ces désagréments et d’améliorer la qualité de vie.
D’où viennent les ronflements?
«Les ronflements sont provoqués par le rétrécissement et la vibration des voies respiratoires supérieures durant le sommeil», explique Jonathan Dabiri, médecin ORL à l’Hôpital du Valais. Ils peuvent avoir des causes diverses. Le surpoids est le principal facteur de risque. Les masses graisseuses, qui se placent au fond de la gorge, élargissent le tour de cou et rétrécissent les voies respiratoires.
La fréquence du phénomène augmente avec l’âge, car en vieillissant, les tissus se relâchent. Les hommes sont par ailleurs plus touchés que les femmes, accumulant davantage de graisse au niveau du cou et de la sphère ORL. L’alcool, les somnifères et tranquillisants, ou le tabac favorisent aussi le phénomène. Enfin, des prédispositions anatomiques peuvent expliquer ces bruits désagréables: langue épaisse, déviation de la cloison nasale, grosses amygdales ou recul marqué de la mâchoire.
Quelles solutions sont efficaces?
La liste des produits et gadgets qui promettent de retrouver des nuits silencieuses est longue. Surveiller son hygiène de vie reste cependant le meilleur moyen pour atténuer, voire carrément supprimer les ronflements. Les mesures hygiéno-diététiques comme la perte de poids, ne pas boire de l’alcool le soir, arrêter de fumer, faire davantage d’activité physique sont autant de remèdes efficaces, mais elles ne suffisent pas toujours.
Bien souvent, un simple changement de position peut être bénéfique. Sur le dos, la langue se positionne trop en arrière dans la bouche et bloque ainsi le passage de l’air. Certains dispositifs, comme des ceintures anti-ronflement ou des oreillers adaptés, forcent le patient à rester sur le côté. Leur efficacité n’est pas prouvée sur le long terme. Dispositif léger, l’orthèse d’avancée mandibulaire est une prothèse qui se met dans la bouche et qui a pour effet d’avancer la mâchoire inférieure vers l’avant. Efficace, cet appareil peut à long terme avoir un effet sur la position des dents. «Le patient doit être vigilant et consulter son dentiste au moins deux fois par an», relève Jonathan Dabiri.
Comment repérer les apnées du sommeil?
Les ronflements peuvent masquer un vrai problème de santé, le syndrome d’apnée du sommeil (SAS). Le phénomène se caractérise par la fermeture complète des voies respiratoires. Il engendre de petites asphyxies d’une dizaine de secondes qui provoquent le réveil. Entraînant non seulement une grande fatigue, il augmente aussi le risque de maladies cardiovasculaires. Des tests en ligne, comme l’application NoSAS Score, du CHUV, permettent d’évaluer le risque de SAS avant d’engager des examens complémentaires. C’est une pathologie fréquente dans la population: on estime que la moitié des hommes et environ un quart des femmes de plus de 40 ans présentent des apnées du sommeil. Mais beaucoup ne sont ni diagnostiqués, ni traités. «Il ne faut pas hésiter à consulter, car ces personnes courent un risque accru d’accidents du travail ou de la route», souligne Frédéric Lador, pneumologue aux HUG.
Comment les traiter?
Un examen spécialisé, la polysomnographie, permet d’enregistrer la structure du sommeil, la respiration, et l’activité cardiaque. Il implique de passer une nuit dans un centre sous la surveillance d’un technicien. L’arsenal thérapeutique est vaste. Le traitement de référence reste le CPAP, un appareil qui conduit un flux d’air dans un masque que le patient va porter durant la nuit. Cette pression permet de maintenir les voies respiratoires ouvertes. Un autre examen peut être pratiqué pour identifier les causes du ronflement et de l’obstruction des voies aériennes: l’endoscopie sous sommeil induit. Réalisée sous une brève anesthésie générale, elle apporte des renseignements précieux, notamment pour les personnes ne supportant pas le CPAP. Selon l’anomalie détectée, une opération chirurgicale peut être envisagée.
Alexandre Beuchat