La randonnée connaît un engouement inédit en Suisse. En 2020, près de 60% de la population sillonnait régulièrement les 65 000 kilomètres de chemins pédestres balisés du pays, d’après la dernière étude de l’Office fédéral du sport. Il ne s’agit pourtant pas d’une activité à prendre à la légère, particulièrement en montagne. En moyenne, 37 000 personnes se blessent et 42 perdent la vie chaque année lors d’une randonnée, selon les statistiques du Bureau de prévention des accidents (BPA). Mais les accidents ne sont pas qu’une fatalité: il est possible de réduire les risques en respectant un certain nombre de règles de base avant et pendant son excursion à proximité des sommets.
1. Ne pas se surestimer
Randonner en montagne est une activité exigeante qui demande une bonne préparation. «La clé, c’est d’abord de planifier un itinéraire qui correspond à ses capacités physiques, explique Monique Walter, conseillère sport et activité physique auprès du BPA. Les gens ont trop souvent tendance à se surestimer. C’est l’une des principales causes des accidents. Or, la randonnée en montagne est un véritable sport, pas seulement une balade». Responsable des formations d’été au Club Alpin Suisse (CAS), Rolf Sägesser abonde dans le même sens: «Nous recommandons une stratégie défensive et prévoyante.»
Pour imaginer son tracé, cartes papier, sites Internet et applications pour téléphones portables constituent des aides incontournables. Les principaux éléments à prendre en compte sont les suivants:
La catégorie de chemin (lire «Connaître le balisage»)
- Le dénivelé: on estime qu’une randonnée devient difficile à partir de 800 m de dénivelé. Pour une sortie avec des enfants, 400 m à 500 m de dénivelé constituent une limite maximale.
- Le temps de marche: il convient de toujours prévoir une marge suffisante pour les pauses et les imprévus. Il est aussi utile de penser à un itinéraire de rechange, plus court, en cas de fatigue et ou de brusque changement de temps. «On peut par exemple examiner les possibilités de rentrer en télécabine», note Monique Walter.
Les prévisions météo et les risques d’orage doivent également être scrutés en amont. Enfin, une fois son itinéraire décidé, il est important d’informer un proche de sa destination, particulièrement si l’on part seul.
2. Que mettre dans le sac?
Les chemins de montagne peuvent être escarpés et glissants. Il vaut la peine d’investir dans des chaussures solides, avec des semelles profilées.
S’ils peuvent sembler superflus au départ, lors d’une chaude journée d’été, on peut vite les regretter: vêtements chauds et veste imperméables sont essentiels pour gérer les différences de température en fonction de l’altitude. On ajoutera, éventuellement, un bonnet et des gants. Le sac à dos, qui doit être confortable, contiendra aussi:
- De la nourriture et de la boisson en suffisance
- Une lampe de poche
- Une trousse de premiers secours (ajouter un tire-tique, une bande réutilisable pour entorse, voire une pochette de froid de secours, qui descend à -4 °C sur simple pression. Environ 8 fr. pour deux poches à usage unique)
- Des protections contre le soleil (chapeau, lunettes, crème)
Enfin, on emportera un téléphone portable chargé, sur lequel on aura, dans l’idéal, téléchargé préalablement son parcours (lire «Les applications mobiles, des outils précieux»). Durant la randonnée, il faut toujours veiller à l’état de la batterie qui peut se décharger rapidement si le GPS est utilisé en continu. Une batterie externe peut s’avérer précieuse.
Monique Walter recommande aussi de glisser dans son sac «une carte papier ou une version imprimée de l’itinéraire afin de ne pas dépendre de la batterie de son téléphone».
3. Randonner en restant attentif
En chemin, il s’agit d’abord de profiter des paysages et de la nature, mais aussi de garder le contrôle de la situation. On pensera à faire des pauses, à s’alimenter et à s’hydrater régulièrement afin de rester attentif. Avec la fatigue, le pied devient moins sûr. Selon les données du CAS, chutes et épuisement figurent également parmi les principales causes entraînant l’intervention des secours en randonnée. Vérifier l’horaire prévu et surveiller la météo doivent aussi faire partie des automatismes.
Enfin, il faut savoir faire demi-tour à temps. En cas de doute, si la météo se dégrade, si l’on se sent fatigué, ou si le chemin devient impraticable, le BPA et le CAS recommandent de rebrousser chemin plutôt que de prendre des risques qui pourraient se révéler dangereux.
Conseil aux débutants
Contrairement aux randonneurs expérimentés, les débutants ne connaissent pas forcément leur niveau. Un test en ligne (rando-en-montagne.ch), proposé par Suisse Rando et le BPA, offre la possibilité de s’auto-évaluer.
Kevin Gertsch
Connaître le balisage
En Suisse, il existe trois catégories de chemins pédestres exprimant un niveau de difficulté différent. Près de la moitié de la population ne connaît pas la signification de la pointe rouge et blanche sur un panneau indicateur, observe le BPA. C’est pourtant primordial. Des panneaux sont toujours placés aux points de départ, aux étapes intermédiaires ou aux grands embranchements du parcours et, enfin, aux destinations, rappelle Suisse Rando.
Les chemins de randonnée ne présentent aucune difficulté particulière. La vigilance et la prudence restent de mise: le plus souvent larges, ces chemins peuvent aussi être étroits et accidentés. Les endroits pentus sont dotés d’escaliers et les passages qui présentent un risque de chute sont sécurisés par des barrières.
Les chemins de randonnée de montagne passent généralement par des pentes étroites et escarpées. On retrouve parfois des passages exposés, sur des lignes de crête par exemple. Des cordes ou des chaînes sont installées sur les passages particulièrement difficiles. Pour arpenter les quelque 24 000 kilomètres de ces sentiers de montagne, il est nécessaire de posséder une bonne forme physique, d’avoir le pied sûr et de ne pas souffrir du vertige.
Les chemins de randonnée alpine peuvent traverser des pierriers, des névés ou des glaciers. Le sentier n’est pas toujours tracé et la présence d’aménagements n’est pas garantie: de courts passages d’escalade dans des terrains escarpés sont possibles. Pour s’engager sur un tel chemin, une expérience alpine est indispensable. Il faut en outre bénéficier d’une excellente forme physique et ne pas être sujet au vertige. Selon le tracé envisagé, un équipement adéquat (corde, piolet et crampons) est nécessaire.
Les applications mobiles, des outils précieux
Idéale pour la préparation de son parcours, SuisseMobile recense tous les sentiers balisés du pays et indique les itinéraires nationaux, régionaux et locaux. De petites fiches d’informations sur ces itinéraires, de même que l’accès aux transports publics y figurent. Pour 35 fr. par an, l’abonnement
SuisseMobile Plus permet de concevoir ses propres tracés. Avantage: la durée indicative de la marche et le dénivelé sont affichés. Cet abonnement permet d’enregistrer ses cartes à l’avance, afin de les consulter en route même lorsque le réseau fait défaut.
Gratuite, l’application Swisstopo offre des fonctionnalités similaires à SuisseMobile sans pour autant fournir des itinéraires préétablis.
L’application de la Rega, gratuite elle aussi, permet d’être géolocalisé par les secours en cas de problème.