La vague de grippe a atteint notre pays et le nombre de consultations a augmenté un peu partout en Suisse. Les symptômes surviennent rapidement: on frissonne, on a la chair de poule, nos muscles deviennent douloureux et on se sent au fond du bac. Direction la pharmacie, qui propose des antigrippaux tels que le Pretuval C ou le Neocitran, à boire le plus chaud possible. Si l’on en croit la pub, ils permettent de soulager rhume, maux de tête, fièvre et courbatures. D’ailleurs, il s’en vend pas moins de 2 à 2,5 millions chaque année en Suisse, selon les chiffres de l’organisation faitière des fabricants Interpharma.
Certains spécialistes les déconseillent pourtant, principalement à cause de leur combinaison de substances actives (voir tableau). Prenons l’exemple du paracétamol, qu’on trouve dans la majorité de ces préparations. Pris tout seul, il est relativement sans risque. Les malades le savent d’ailleurs et ne vont pas se gêner d’en faire usage en plus des préparations combinées, qui en contiennent pourtant 0,5 g. Or, il ne faudrait jamais, au risque d’endommager son foie, dépasser 4 g par jour, une limite vite atteinte avec le cumul des tablettes et des poudres. De plus, si on combine le paracétamol à de l’alcool, les risques sont accrus. Du coup, on est surpris d’apprendre que le sirop Medinait, de la maison Vicks, mise précisément sur cette association!
Miser sur la simplicité
En fait, la règle est simple: plus un médicament antigrippal contient de substances actives différentes, plus les risques d’effets secondaires sont grands. Certaines de ces substances sont pourtant jugées inutiles. Des études ont montré que la vitamine C n’a aucune influence sur la gravité ou la durée de la maladie.
Et des préparations comme le Fluimucil Night, le Neocitran ou le Vicks Medinait contiennent en plus des ingrédients contre les allergies. Cela ne peut guère aider à soigner un état grippal. Ils sont généralement ajoutés pour diminuer les effets du rhume, mais aucune étude scientifique n’a formellement prouvé leur efficacité. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que ces substances fatiguent beaucoup, avec tous les risques que cela comporte pour les automobilistes.
Autre groupe de substances actives problématique: l’éphédrine, la pseudoéphédrine et la phényléphrine, qu’on trouve dans la plupart des cocktails antigrippaux. Comme ils rétrécissent les vaisseaux sanguins, ils permettent certes aux muqueuses nasales de se décongestionner, mais la pression sanguine peut augmenter d’autant. Les personnes souffrant déjà de pression élevée devraient donc raisonnablement renoncer à prendre ce type de médicaments.
A chaque mal son remède
Une alternative pour libérer son nez est d’utiliser des gouttes pour le nez pendant quelques jours d’affilée. Les spécialistes affirment qu’elles agissent plus rapidement que les médicaments combinés.
En complément, on peut prendre, si besoin, un antidouleur comme l’Aspirine, le Dafalgan ou l’Algifor. Ils permettent de faire baisser la fièvre. Il est cependant conseillé d’en prendre seulement si la douleur empêche de trouver le sommeil. Il ne faut pas oublier que la fièvre est un mécanisme naturel qui permet au corps de mieux combattre les virus, et donc de guérir plus vite.
Une alternative en cas de fièvre trop élevée consiste à la faire baisser avec des compresses de vinaigre. Il est également important de boire beaucoup, par exemple une infusion de tilleul ou de sureau. En outre, un bouillon aidera également le corps à récupérer les sels perdus par la transpiration.
Face à ces constats, les fabricants renvoient la rédaction de Ma Santé vers les autorités qui ont autorisé la mise sur le marché de leurs produits en les considérant comme sûrs et efficaces. Zambon, le fabricant du Fluimicil, affirme qu’il n’y a aucun risque particulier si on l’utilise de manière correcte. Galenica ajoute que les édulcorants contenus dans le Demogrippal C sont considérés comme sûrs et que la vitamine C renforce le système immunitaire. Ce que confirme Glaxo Smith Kline, persuadé que la combinaison de plusieurs substances actives correspond à une thérapie adaptée aux symptômes et que ses médicaments phares – le Panadol Antigrippine et le Neocitran – ont fait leurs preuves depuis belle lurette. Quant à Procter & Gamble, il déclare que les substances contre les allergies permettent de limiter la sécrétion de mucus, et qu’il est «pratique et logique» de soulager les différents symptômes avec un seul médicament combiné comme le Vicks Medinait, sans risque plus élevé qu’avec l’usage de paracétamol seul.
Sonja Marti / chp