«J’ai toujours cru que les génériques étaient moins chers, mais je viens de découvrir que ce n’est pas forcément le cas», nous écrit une lectrice de Gland (VD). En se rendant à la pharmacie munie d’une ordonnance, elle a réalisé que la boîte de 30 comprimés de l’antihistaminique Telfast 180 mg coûtait 23.95 fr. alors que son générique Fexofénadine Sandoz est vendu... 25.85 fr. (+7.93%).
Renseignement pris, la situation a de quoi surprendre, le Telfast (180 g/30 pce) a quatre génériques. Trois d’entre eux, les Fexofénadine Sandoz, Mepha et Zentiva, sont plus chers (25.85 fr.), alors qu’un autre, le Fexofénadine Spririg, est meilleur marché (21.80 fr.).
Pourtant, pour être admis dans la liste des médicaments remboursés par l’assurance de base (Liste des spécialités/LS), le prix de fabrique d’un générique doit être inférieur à celui de la préparation originale. Les montants sont fixés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Changement de catégorie
Contactés par Ma Santé, les fabricants des trois génériques évoquent une situation «spéciale» et «très rare». Explication: l’institut Swissmedic les classe dans une des quatre catégories de remise existantes. A ou B pour ceux soumis à ordonnance et D ou E pour ceux qui ne le sont pas, les D étant remis sur conseil spécialisé en pharmacie et en droguerie, alors que les E sont en vente libre.
Les fabricants peuvent à tout moment adresser une demande à Swissmedic pour changer un article de catégorie. C’est ce qui s’est produit avec le Telfast et le Spirig (180 mg) qui sont passés de B à D, alors que les autres génériques demeurent, pour l’heure, en B. Or, la marge de distribution, qui s’ajoute au prix de fabrique est calculée différemment selon la catégorie. En conséquence, le Telfast et le Spirig sont désormais moins chers.
Génériques: l’OFSP n’a pas de chiffres
Les fabricants concernés assurent qu’une telle situation est exceptionnelle. Est-il si rare que des génériques soient moins avantageux? Le Surveillant des prix avait identifié 180 génériques vendus jusqu’à 50% plus cher que l’original! Mais c’était en 2011. «Malheureusement, nous ne savons pas s’il existe actuellement des génériques dont le prix est supérieur à l’original, reconnaît Beat Niederhauser, suppléant du Surveillant des Prix. Nous n’avons aucune indication que ce soit le cas, mais nous ne pouvons pas l’exclure non plus.»
Légalement, c’est tout à fait possible. Pour être admis dans la LS, le prix de fabrique d’un générique doit être plus bas que la préparation originale, mais ce montant est défini comme maximal et les fabricants ont le droit de le baisser par la suite. Selon l’Office fédéral, certains le font dans le but de rester concurrentiels. «Une baisse d’un médicament original au-dessous du prix du générique le moins cher est possible», résume Gabriela Giacommetti, porte-parole de l’OFSP.
Depuis 2012, l’Office procède à un réexamen triennal du prix des préparations inscrites dans la Liste des spécialités, et peut intervenir pour corriger la situation afin que l’écart entre génériques et originaux, inscrit dans la loi, soit respecté. En d’autres termes, les anomalies ne sont censées durer que trois ans au maximum.
Quelle est l’ampleur du phénomène? «Il n’y a pas de statistiques et nous ne sommes pas en mesure de donner des chiffres,» poursuit Gabriela Giacommetti. Il convient donc aux consommateurs de s’assurer que la copie est effectivement moins coûteuse.
Sébastien Sautebin
Gare aux modèles alternatifs
Il n’y a pas d’obligation de prescrire un générique en Suisse, mais les prestataires (médecin, pharmacien, etc.) doivent informer les patients lorsqu’il en existe. Un pharmacien n’a aucune obligation de substituer une préparation originale par un générique, mais il en a le droit, à moins que la délivrance de l’original ne soit expressément exigée.
Attention! Dans certains modèles alternatifs d’assurance de base, l’affilié s’engage à se procurer des génériques s’ils sont disponibles. En fonction du contrat, l’assureur peut alors être en droit de refuser de rembourser l’original ou d’exiger une participation plus élevée (max 50%)*. Il est donc essentiel de lire attentivement les conditions contractuelles, puis de vérifier que les médicaments prescrits/remis correspondent aux exigences, recommande l’OFSP.
*Lire «Médicament coûteux»