Ma Santé a sélectionné huit prestations gynécologiques courantes. Et fait le point sur la prise en charge par l’assurance de base (LAMal) ou par d’éventuelles complémentaires. Les moyens de contraception, bien qu’au cœur des réflexions pour un grand nombre de femmes, n’ont pas été retenus car ils ne sont remboursés ni par l’assurance de base, ni par les complémentaires.
1. Mammographie
Base:
- La mammographie de prévention concerne les personnes à risque. Elle est remboursée selon des critères stricts. En cas d’antécédents familiaux, votre spécialiste procède à un calcul de risque. Le résultat détermine la fréquence de ces examens ainsi que leur remboursement. (Lire «Un remboursement qui ne va pas de soi»).
- La mammographie de dépistage s’adresse aux femmes de plus de 50 ans, sans antécédents ni symptôme. Un examen tous les deux ans est pris en charge hors franchise s’il est réalisé dans le cadre d’un programme de dépistage cantonal. Dans ce cas, seule la quote-part doit être payée, soit moins de 20 fr.
Complémentaires: Si vous ne souhaitez pas attendre deux ans entre chaque dépistage, certaines caisses remboursent une mammographie par année civile.
2. Dépistages des IST
Une bonne santé sexuelle requiert des dépistages réguliers, que l’on soit en couple stable ou non.
Base: La LAMal rembourse uniquement en cas de symptômes ou d’exposition avérée à une infection. Les consultations à titre préventif en sont exclues.
Complémentaires: Il existe plusieurs cas de figure. La CSS rembourse 50 fr. par année civile.
Sanitas propose une assurance couvrant jusqu’à 80% des coûts et 500 fr. maximum par année civile pour les jeunes de 19 à 25 ans. Exemple: Noa, 21 ans, domiciliée à Genève, paierait 200.40 fr. par an pour cette offre.
Alternative: les centres de dépistages. Il est plus avantageux de se tourner vers les plannings familiaux ou les centres de dépistage plutôt que de souscrire une complémentaire. Par exemple, au GSN – Générations Sexualités Neuchâtel, un bilan des principales IST (VIH, syphilis, chlamydia et gonorrhée) coûte 70 fr. pour les étudiants, apprentis et les moins de 20 ans et 110 fr. pour toute autre personne.
«Il arrive que des gynécologues envoient leurs patientes chez nous», explique Ann Evard, coordinatrice du GSN. "En effet, les gynécologues ne font pas systématiquement de frottis pharyngé (sexe oral) et de frottis anal. Le risque serait alors de passer à côté d'un résultat positif de chlamydia ou gonorrhée.»
3. Contrôles préventifs
Base: Les assurées ont droit à une séance remboursée chaque trois ans, même si l’habitude d’un contrôle annuel, longtemps officiellement recommandé, reste tenace. Pierre Villars, membre du comité de Gynécologie Suisse, confirme qu’un rendez-vous chaque trois ans suffit (lire «Des contrôles souvent inutiles»). Cette consultation comprend l’examen gynécologique ainsi que la discussion avec son praticien. Il faut veiller à ce que le gynécologue mentionne le terme «préventif» ou la position TARMED 22.0020 sur la facture.
La détection d’un papillomavirus humain au moyen d’un frottis n’est prise en charge par l’assurance de base qu’en présence de lésions précancéreuses.
Complémentaires: Pour les années non remboursées par la LAMal, il faut faire valoir son assurance complémentaire. Le montant remboursé varie entre les caisses. Le Groupe Mutuel et la CSS prennent, par exemple, 90% des frais en charge.
4. Grossesse
Base: La LAMal prévoit: sept examens de contrôle prescrits par un médecin, deux échographies, un cours préparatoire à l’accouchement (contribution de l’assurance à hauteur de 150 fr. pour un cours individuel ou collectif), l’accouchement, les conseils à l’allaitement (trois consultations au maximum) et les soins et séjour du nouveau-né en bonne santé tant qu’il se trouve avec sa mère à l’hôpital.
Toutes les prestations sont sans participation aux frais dès la 13e semaine. Y compris les affections sans lien avec la grossesse – à l’exception des accidents, soins dentaires et frais relevant de l’Assurance invalidité.
Durant les huit semaines du post-partum, les rendez-vous liés à la grossesse sont pris en charge hors franchise.
Complémentaires: Elles donnent accès à des cours de gymnastique pré et post-natale, des indemnités d’allaitement. Elles peuvent aussi garantir une place dans une chambre semi-privée.
5. Fausse couche
Base:
- Si la fausse couche intervient avant la 13e semaine de grossesse, la participation de l’assurée est la même que pour les motifs de maladie. Une femme à la franchise la plus élevée devra assumer au minimum 3200 fr.
- Entre la 13e semaine et la 23e semaine, aucune participation financière de la patiente n’est requise. Toutefois, si des complications devaient intervenir, l’assurée devra payer les frais à la hauteur de sa franchise, car la loi ne considère pas la fausse couche comme une naissance à ce stade.
- A partir de la 23e semaine, les fausses couches sont considérées comme des naissances. Les huit semaines suivant cet évènement tragique sont également prises en charge sans participation de la patiente.
Complémentaires: Aucune des caisses contactées ne dispose de complémentaire spécifique.
A noter: Le service de consultation de psychiatrie périnatale du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois) assure des séances pour le deuil périnatal, prises en charge par la LAMal.
Si la perte du bébé est intervenue après la 23e semaine, vous avez droit à une allocation perte de gain, à une allocation de naissance, ainsi qu’au congé maternité de 14 semaines.
6. Les interruptions de grossesse
L’interruption volontaire de grossesse (IVG ou avortement) peut être pratiquée au cours des douze semaines suivant le début des dernières règles. Une interruption de grossesse peut coûter de 700 à 1500 fr. selon la méthode pratiquée (médicaments ou chirurgie).
Base: L’interruption de grossesse est soumise à la franchise et à la quote-part au même titre que les maladies. Selon la franchise choisie, le coût de l’opération peut être entièrement à la charge de la patiente.
Complémentaires: Aucune des caisses contactées ne dispose de complémentaire spécifique.
A noter: Depuis juillet 2022, la psychothérapie est prise en charge par la LAMal. En cas de besoin, sollicitez une aide sur ordonnance de votre médecin traitant.
7. Maladies gynécologiques
En Suisse, 10% des femmes sont atteintes d’endométriose, soit 190 000 personnes. Pour le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), le chiffre se monte à 8%.
Base: Ces affections sont prises en charge par l’assurance de base comme une maladie. Le plus délicat reste de poser un diagnostic: «Pour l’endométriose, il faut passer par des IRM, voire des chirurgies invasives. Et tout est à la charge de la patiente, selon sa police d’assurance», déplore Bertrand Gainon, gynécologue-obstétricien à Delémont.
Complémentaires: Les caisses prennent en charge des médecines alternatives. Bertrand Gainon dirige ses patientes vers la médecine chinoise et l’acupuncture, soulignant que «le suivi se déroule souvent sur une année et peut s’avérer extrêmement onéreux».
A noter: Pour trouver un praticien ou une praticienne qui connaît bien ces affections, Ma Santé recommande le site adopteunegyneco.wordpress.com. Il dresse une liste de spécialistes, canton par canton.
8. Ménopause
L’arrêt définitif des règles s’accompagne de bouleversements physiques et psychologiques qui peuvent altérer la qualité de vie. Bouffées de chaleur, trouble du sommeil, sécheresse vaginale ou encore irritabilité.
Base: La LAMal ne compte pas d’article spécifique à la ménopause, mais le traitement de ces symptômes est pris en charge. Il en existe deux sortes:
- La prise d’hormones permet de calmer les symptômes en injectant celles que le corps ne produit plus naturellement.
- La phytothérapie (traitement par des plantes: gattilier ou igname sauvage) est une alternative.
Complémentaires: Aucune des caisses contactées ne dispose de complémentaire spécifique.
A noter: Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) dispensent deux séances d’information sur la ménopause, gratuites et sur inscription, un lundi par mois (voir «Séance d’information ménopause» surhug.ch).
Bonus web: Ma Santé a modélisé trois scénarios indicatifs de couverture d’assurance maladie à retrouver ici.
Jessica Monteiro
Nos conseils
Informer son spécialiste de sa couverture d’assurance. Surtout si vous avez souscrit une complémentaire. Il arrive que le rendez-vous soit facturé alors qu’il aurait pu être pris en charge, ainsi qu’en a témoigné une lectrice de Ma Santé, qui a réalisé des années trop tard que son rendez-vous annuel aurait pu être pris en charge par sa complémentaire.
Vérifier les copies des factures, sur lesquelles figurent les codes tarifaires, permet de se tourner vers son spécialiste en cas de doute. Car les erreurs peuvent survenir.
Le remboursement dépend de votre couverture d’assurance. Faites le point sur vos besoins et adaptez-la si nécessaire. Prenez en compte: l’âge, l’état de santé, le domicile, le statut familial ainsi que le montant de la franchise.