Bizarre, bizarre: des larmes qui débarquent sans prévenir quand souffle la bise indiquent que les yeux sont trop… secs! En effet, si le film lacrymal qui doit protéger la surface de l’œil ne joue pas son rôle, les glandes réagissent en travaillant davantage.
«La sécheresse oculaire résulte de l’altération des couches du film protecteur, soit parce que les larmes sont en quantité insuffisante, soit parce que la qualité du film laisse à désirer», explique Kate Hashemi, médecin associée de l’unité de Cornée et Chirurgie réfractive à la Fondation Asile des aveugles à Lausanne (lire encadré).
Le travail à l’écran et le port de lentilles de contact, mais aussi certains médicaments sont les causes les plus fréquentes de ce problème, sans oublier l’âge, avec 7% de femmes concernées après la ménopause. Le fonctionnement des glandes est en effet étroitement lié à l’équilibre hormonal. Certaines maladies (diabète, arthrite ou autres maladies auto-immunes) peuvent aussi dessécher la surface oculaire. Idem pour les allergies et les infections.
Dans un premier temps, on interviendra sur les facteurs extérieurs, en modifiant par exemple quelques habitudes:
➛Placer l’écran de l’ordinateur plus bas, afin de baisser les yeux. Cela aura pour effet de diminuer la surface oculaire exposée.
➛Devant l’écran, faire des pauses de quelques secondes en clignant les yeux pour stimuler le flux lacrymal.
➛En voiture, ne pas diriger la ventilation vers le visage. On fera de même avec le sèche-cheveux.
➛Eviter la fumée et le tabagisme passif.
Si le problème persiste, on consultera un ophtalmologue. Le médecin établira un diagnostic sur l’origine et la gravité de la sécheresse en se basant sur un examen et des questions précises. Il proposera ensuite un collyre adapté, car on en trouve plusieurs sortes sur le marché:
➛ les gouttes hydratantes, pour compléter la couche aqueuse;
➛les gouttes lubrifiantes, pour compléter la couche graisseuse.
Ces dernières sont particulièrement indiquées en cas de sécheresse sévère. Elles peuvent toutefois gêner momentanément la vision en créant un flou. Si le problème persiste, le médecin peut encore prescrire un traitement médicamenteux.
Conserver les yeux, pas le flacon
Pour garder un flacon plusieurs mois après son ouverture dans la salle de bains, les fabricants ajoutent souvent des agents conservateurs, tels que le chlorure de benzalkonium. «Ces substances sont généralement bien tolérées pour un traitement ponctuel», relève Kate Hashemi. Sur la durée, en revanche, elles sont toxiques.
«Si un client revient régulièrement, sans ordonnance médicale, on lui conseillera plutôt des solutions sans agent conservateur», explique Christophe Berger, président de la Société vaudoise de pharmacie. Ces collyres se présentent sous forme de monodoses à utiliser dans la journée ou de flacons munis d’une pompe.
Définir les besoins
La plupart des gouttes oculaires sont remboursées par l’assurance de base. «La qualité d’un collyre est indépendante de son prix», relève Christophe Berger. Les tarifs, qui varient de 5 fr. à 30 fr., sont fixés par l’industrie pharmaceutique et s’ajustent à la loi de l’offre et de la demande.
La composition de la solution, mais aussi son conditionnement, de même que les brevets sur le flacon doseur ou la politique tarifaire du fabricant pour positionner certains produits sont autant d’éléments qui entrent également en jeu pour fixer le prix de vente.
Claire Houriet Rime
Trois couches de consistances différentes: le mucus, l’eau et l’huile
Si elles ont le goût d’eau de mer, les larmes ont une composition bien différente. Elles sont formées de trois couches: le mucus, l’eau et l’huile.
➛La plus profonde, la couche mucinique, est légèrement visqueuse. Ce film, sécrété par la glande conjonctive, répartit uniformément le liquide lacrymal sur la surface de l’œil.
➛La couche intermédiaire, sécrétée par les glandes lacrymales, est aqueuse. C’est elle qui humidifie l’œil et lui permet de «respirer» en l’oxygénant constamment.
➛La couche superficielle est constituée de lipides. Ce film huileux limite l’évaporation de la couche intermédiaire.