Trousses pour enfant, étuis pour smartphones, tongs, ou encore tuyaux d’arrosage: ces objets contiennent des plastifiants qui servent à les rendre plus flexibles. Seulement voilà, ces substances sont dangereuses pour la santé. Elles peuvent conduire à l’infertilité, endommager le patrimoine génétique et potentiellement causer des cancers. Tout comme les hormones, elles agissent déjà à de très faibles concentrations. On les absorbe par voie orale ou par contact avec la peau. C’est pourquoi des seuils limites ont été fixés. Quatre plastifiants, les phtalates DEHP, DBP, DIBP et BBP, sont même interdits dans les objets usuels depuis juillet 2020.
En été 2021, les laboratoires cantonaux de Berne, Bâle-Ville, Soleure, Saint-Gall, Tessin, Zoug, Valais et Zurich ont effectué une campagne d’analyses portant sur les marchandises en plastique. Ils ont envoyé au laboratoire 154 articles. Près d’un sur trois, soit 49 d’entre eux, présentaient des teneurs en plastifiants plus élevées que les seuils autorisés. Et les dépassements ne sont pas des moindres, s’élevant pour certains des objets à 500 fois la valeur limite.
Liste non publiée
Dans la foulée, les autorités cantonales ont interdit la vente des produits concernés. Toutefois, elles n’ont pas publié leurs noms, ni ceux des points de vente. Nous les avons obtenues de certains cantons, après avoir fait une demande basée sur la loi sur la transparence (lire encadré).
Voici une liste non exhaustive des produits contenant des taux trop élevés de plastifiants: les fausses dents de déguisement «Character Dentures» du fabricant italien Widmann; la trousse d’écolier d’Oxybag, modèle «Diamond Collection. Faulenzer» et le porte-monnaie de la même marque; un câble antivol enfant couleur verte de marque Prophete; un câble antivol «blindé 800 mm» de Trelock; la housse pour ceinture de voiture «Fifa World Rally» de la marque WRC; un tuyau de jardin de la marque Royal Gardineer; la plante artificielle «Cannablatt Real Touch».
Disponibles sur internet
Au cours de nos recherches, nous avons constaté que certains de ces produits étaient toujours en vente sur internet, malgré l’interdiction prononcée par les autorités cantonales. Interpellés par nos soins, les sites ont dit ne pas être au courant des taux trop élevés de plastifiants et les ont retirés de leurs catalogues.
Harald Friedl, du laboratoire cantonal de Bâle-Ville, précise que les interdictions émises par les autorités cantonales sont valables dans toute la Suisse. Mais il se peut que les produits concernés passent inaperçus chez les importateurs directs. Les services cantonaux n’ont pas les moyens de le vérifier, selon lui. Pourtant, effectuer un contrôle n’est pas sorcier. Il suffit de faire une simple recherche sur internet, comme l’a fait Ma Santé.
Seuls trois cantons informent ouvertement
En s’appuyant sur la loi sur la transparence, Ma Santé a demandé aux laboratoires cantonaux les noms des 49 produits interdits. Seuls trois des huit cantons impliqués, à savoir Bâle-Ville, Berne et Valais, nous ont rapidement transmis les noms sous leur juridiction, estimant l’intérêt public plus important que l’intérêt économique des fabricants. Le laboratoire cantonal de Zurich a livré sa liste après cinq mois. Zoug n’a transmis que des informations générales ne permettant pas d’identifier de produits. Le Tessin est le seul à avoir communiqué les noms des points de vente des produits interdits.