Certaines taches sur l’épiderme ou les muqueuses, même petites et indolores, peuvent trahir un mélanome, et donc un cancer de la peau. Un grain de beauté proéminent, une trace de forme étrange ou avec des nuances de couleur: à partir de quand faut-il s’inquiéter et comment agir?
Les mélanomes apparaissent le plus souvent chez les personnes de plus de 50 ans et celles qui s’exposent intensivement au soleil (lire «Profiter du soleil de façon raisonnable») ou utilisent un solarium. Avoir une peau claire ou tendance à prendre des coups de soleil, ou encore connaître des précédents de cancer de la peau dans la famille, constituent aussi des facteurs de risque, souligne Silvia Büchler, de la Société suisse de dermatologie et vénéréologie (derma.swiss). Si le nombre de grains de beauté sur le corps dépasse la cinquantaine, les chances de mélanome augmentent également.
Un autocontrôle par mois
Reste que le cancer de la peau peut toucher n’importe qui et à n’importe quel âge. Environ 25 000 diagnostics positifs sont posés chaque année, toutes gravités confondues. Il est donc important d’examiner régulièrement son corps. Derma.swiss recommande un autocontrôle par mois, en surveillant avant tout les parties fréquemment exposées au soleil. Pour cela, il faut se placer devant un grand miroir, avec un miroir plus petit en main pour les régions difficiles à examiner.
Les signaux à guetter: «Les taches sont suspectes quand elles ont changé de couleur ou de forme, ou quand elles sont différentes des autres taches présentes sur le corps, en particulier si elles sont asymétriques ou irrégulièrement délimitées, rugueuses ou squameuses au toucher», explique Silvia Büchler. Il faut aussi s’inquiéter si une tache est multicolore, démange, saigne, suinte, paraît brillante ou ressemble à une plaie mais ne guérit pas (lire notre Zoom).
Les zones à surveiller: l’ensemble du visage, y compris les lèvres et derrière les oreilles, le cuir chevelu (à l’aide d’un peigne), les mains et les doigts, le cou, la poitrine et le haut du corps (y compris entre et sous les seins), l’extérieur et l’intérieur des bras, l’arrière des bras et les aisselles, la nuque et le dos, les fesses, l’avant et l’arrière des jambes, les parties génitales, et enfin la plante des pieds et entre les orteils.
L’application, rapide et pratique
En cas de tache suspecte, il faut consulter un dermatologue FMH. Problème: on attend parfois des semaines ou des mois avant un rendez-vous, alors que le cancer de la peau doit être traité au plus vite. Nombre de sites et applications permettent de faire contrôler ses taches suspectes. Le principe: on choisit un dermatologue disponible, on décrit le problème de peau et on en envoie plusieurs photos. En général sous 48 heures, une recommandation d’action est délivrée.
En Suisse, il existe des applications très valables, assure la faîtière des dermatologues, sans toutefois en citer. Ma Santé a examiné les conditions de plusieurs de ces offres accessibles à tous, comme Online Doctor, Dermapp ou encore le site Soignez-moi.ch. Les prix se situent entre 45 fr. et 65 fr. par tache suspecte à évaluer. Attention, ces frais ne sont pas remboursés par l’assurance maladie de base et ne comprennent pas les visites ultérieures auprès d’un spécialiste ou aux urgences qui seraient recommandées. Cela revient toutefois moins cher que les dépistages au cabinet non remboursés.
Profiter du soleil de façon raisonnable
Les dermatologues suisses sont formels: le meilleur moyen d’éviter le cancer de la peau est de ne pas exposer celle-ci de manière intensive aux rayons UV. Pour cela, trois règles d’or:
1. Eviter les expositions au soleil de midi
Durant les heures de midi, mieux vaut rester à l’ombre. Attention, même si la météo est nuageuse ou s’il fait frais, les UV peuvent endommager la peau.
2. Se protéger avec vêtements et lunettes de soleil
Mieux vaut porter des couleurs sombres, des manches longues, un couvre-chef et des lunettes de soleil avec protection UV. Les enfants devraient porter des vêtements avec protection solaire intégrée.
3. Utiliser des produits solaires
La crème solaire doit avoir un indice de protection élevé (au moins 30 FPS) contre les rayons UVA et UVB. Attention, l’effet protecteur des crèmes s’estompe au bout de 2 à 3 heures.