Chaque hiver, des Iles sédunoises au lac de Bienne, ils sont des milliers à s’immerger dans les lacs et cours d’eau. Le début de l’automne est la période charnière pour les imiter. En continuant les baignades au lieu de ranger son maillot, on habituera son corps à relever le défi.
Sur le plan médical, on parle d’eau froide en dessous de 15°C. La réaction de l’organisme varie selon la durée de l’immersion, la température et les conditions de la baignade selon qu’on reste immobile ou qu’on nage. «Il est difficile de mener des études rigoureuses, mais de nombreux témoignages sont concordants», indique Mathieu Saubade, médecin du sport à l’Unité de médecine physique et de réhabilitation au CHUV et à Unisanté.
Les hormones du bonheur
Le corps est armé depuis la nuit des temps dans le but de résister à des sollicitations extrêmes. Pour maintenir la température corporelle autour de 37°C, il déclenche des réactions en chaîne telles que l’accélération des rythmes cardiaque et respiratoire, avec parfois la sensation d’avoir le souffle coupé en entrant dans l’eau.
Parallèlement, le stress booste la sécrétion d’adrénaline, de sérotonine et d’endorphines, les «hormones du bonheur»: passé les premières secondes, c’est l’euphorie. Suivie d’un effet rebond relaxant pendant les heures qui suivent. Le rythme cardiaque baisse et on affronte calmement la suite de la journée grâce à l’activation du système nerveux parasympathique.
Prévention des maladies
«Sur le plan physique, les patients témoignent avoir moins de rhumes, de grippes et d’infections respiratoires durant l’hiver», ajoute
Mathieu Saubade. En poussant le corps à réagir, on stimule les capacités d’adaptation qu’on a en soi et on développe son système immunitaire.
Les résultats sont en outre encourageants pour atténuer, à court terme, la douleur lors de lombalgie chronique ou de fibromyalgie, ainsi que pour soulager des troubles anxieux ou dépressifs. Ou pour améliorer le sommeil.
«Plusieurs études ont également montré les effets bénéfiques de cette pratique sur la récupération musculaire après l’effort pour les sportifs, relève Mathieu Saubade. Tous ces bienfaits impliquent toutefois une pratique régulière sur toute l’année, dans l’idéal, entre deux et trois fois par semaine.
Réunir les bonnes conditions
L’immersion en eau froide n’est toutefois pas sans risque et il est préférable de consulter son médecin avant de se lancer. La pratique est proscrite aux enfants et aux jeunes adolescents parce que leur thermorégulation est moins bonne. Elle est en revanche autorisée jusqu’à 90 ans... ou plus, avec accord médical.
- Ne pas se lancer seul: il est plus facile de relever le défi en groupe. Entrer dans l’eau progressivement et ne pas rester trop longtemps immergé, même si on se sent bien une fois dans l’eau. La règle est de ne pas dépasser le nombre de minutes correspondant aux degrés: il faut ainsi sortir après 8 minutes si la température de l’eau est de 8°C et se changer sans tarder. Un bonnet ainsi que des gants et des chaussettes en néoprène protègent les extrémités et limitent le danger d’hypothermie.
- Pas question de se lancer dans une rivière glacée sous l’effet de l’alcool ou de drogues, ni si on est enrhumé ou si on tousse. Pas de baignade non plus en présence d’épilepsie, d’insuffisance cardiaque, de thrombose ou de réactions d’allergie au froid telles que l’urticaire.
Il faut, enfin, consulter son médecin, notamment si on souffre d’asthme ou d’arythmie cardiaque. Les femmes enceintes devraient également s’assurer qu’elles ne courent aucun danger.
Claire Houriet Rime
Bon à Savoir se jette à l’eau
En automne 2022, cinq membres de l’équipe de Bon à Savoir ont tenté l’expérience de la baignade en eau froide à la pause de midi. L’objectif était de continuer les baignades une ou deux fois par semaine, aussi longtemps que nous y prenions plaisir.
Au début de 2023, tout le monde était encore au rendez-vous, alors que la température du Léman frôlait 6°C. Le pari était tenu! La petite équipe a poursuivi les baignades au fil des mois et, cet automne, se réjouit d’entamer sa troisième saison froide.
Certains préfèrent s’immerger à mi-corps en restant immobiles, d’autres nagent pendant quelques minutes. Chaque baignade reste toutefois un défi: il n’est jamais facile de soumettre son corps à un tel choc thermique, d’où l’importance de pouvoir s’encourager mutuellement.
Avec l’entraînement, chacun reprend plus vite son souffle et tout le monde ressort de l’eau avec les batteries rechargées. Ces escapades ont resserré les liens entre journalistes, juristes et graphistes. Elles permettent aussi de réduire le stress quand il faut mettre les bouchées doubles pour envoyer votre magazine à l’imprimerie.