Quelle est la durée de l’immunité après une infection au Covid?
«Nous manquons encore de recul, relève Blaise Genton. Pour l’instant, les données disponibles montrent que l’immunité dure neuf mois à une année. Elle est probablement plus longue, parce que nous savons qu’elle diminue lentement. Elle baisse surtout durant les trois premiers mois, puis a tendance à se stabiliser avec une réduction plus lente ensuite.» Des études réalisées en Angleterre sur le personnel de santé ont montré que l’infection naturelle confère une protection d’environ 85% contre les réinfections. Un chiffre qu’il faut interpréter correctement, explique notre spécialiste: «il ne signifie pas que les 15% restants vont contracter la maladie, mais qu’ils ont un risque s’ils sont en contact avec le virus. Selon les observations, une à trois personnes immunisées sur 1000 sont réinfectées lors d’une vague de coronavirus.»
Après dix-huit mois de pandémie, les réinfections se multiplient-elles?
La protection étant élevée et déclinant peu, «les réinfections demeurent rares», confirme le médecin-chef d’Unisanté. A noter qu’elle varie tout de même selon les individus: «il y a d’abord une variabilité naturelle importante, liée à des facteurs génétiques. D’autres éléments jouent aussi un rôle, comme les comorbidités, notamment le diabète et l’obésité, ainsi que l’âge, qui est probablement l’un des déterminants majeurs. On appelle ceci l’immunosénescence: le système immunitaire s’épuise en vieillissant.»
L’immunité naturelle est-elle efficace contre les autres variants?
«On sait qu’il y a une certaine protection croisée, pas aussi bonne que pour le même variant, relève le responsable médical de la vaccination dans le canton de Vaud. Les écarts ne sont cependant pas massifs, car la majorité des variants actuels ne diffèrent pas énormément les uns des autres. La protection peut passer de 85% à 70-80%, et, sans doute, un peu en dessous avec les variants sud-africain et brésilien.»
Bien que des exceptions soient possibles, une nouvelle infection sera généralement moins grave, voire asymptomatique, puisque la personne possède encore des anticorps.
Quel est le degré de protection après la première dose de vaccin?
Le professeur Genton rappelle qu’il faut à peu près deux semaines pour que le corps développe une réaction immunitaire. «Durant cette période, on ne doit pas s’attendre à être très bien protégé. L’étude la plus rigoureuse montre tout de même que, 14 jours après la première dose, la protection atteint déjà 85 à 90%, mais il est clair que la couverture est encore meilleure après la seconde injection», relève le spécialiste, qui tient aussi à souligner un autre élément: «pour l’instant, les vaccins sont efficaces contre le Covid sévère, quel que soit le variant. Ça c’est important.»
Et en termes de durée? Les données disponibles montrent que la concentration d’anticorps demeure suffisante 12 mois après la vaccination, y compris pour le variant indien, même si la protection est un peu moins bonne pour ce dernier. Il y a toutefois des exceptions. La réponse peut être insuffisante chez certaines personnes immunosupprimées.
La protection offerte par les vaccins contre la grippe n’est pas toujours optimale. Ceux contre le Covid sont-ils meilleurs?
Les vaccins contre le Covid utilisés en Suisse procurent une protection élevée, d’environ 95%, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
«Je ne connais pas beaucoup de vaccins qui ont cette efficacité, relève Blaise Genton. C’est le cas, par exemple, de ceux contre la rougeole, l’hépatite A ou l’hépatite B. D’autres sont nettement moins performants, le meilleur exemple étant celui de la grippe, qui varie, mais tourne généralement entre 50% et 70%. Il y a encore plus bas, avec le vaccin contre la malaria, utilisé dans certains pays, qui descend jusqu’à 30%, mais il est plus facile de créer des vaccins contre des virus que contre des parasites.»
Est-il vraiment utile de se faire vacciner si on a eu le Covid?
«La recommandation est de respecter un intervalle de six mois. On peut probablement attendre plus longtemps mais les données manquent encore. De toute façon, nous injectons une seule dose chez ceux qui ont fait une infection naturelle. Je crois que c’est raisonnable pour être bien protégé, je suis contre la survaccination», note Blaise Genton.
La vaccination est déconseillée lorsque l’infection date de moins de trois mois. «La personne risque de subir des effets secondaires assez importants, liés à son immunité. Comme cette dernière diminue avec le temps, plus on attend, moins les effets indésirables seront importants. Il est donc judicieux de respecter un minimum de six mois, à l’exception des personnes vulnérables, pour lesquelles la vaccination est proposée à trois mois.
«Pour les personnes qui ont eu le Covid, une seule injection suffit. Elle fait office de deuxième dose car l’infection naturelle agit comme la première dose du vaccin», explique Blaise Genton. Une deuxième injection est non seulement inutile mais elle expose aussi à des effets secondaires importants.» Si vous avez subi de tels désagréments, cela peut donc signifier que vous avez eu le Covid sans le savoir.
Et si une personne qui a déjà eu un Covid ne souhaite pas se faire vacciner?
«Je lui répondrais qu’elle n’est pas obligée, et qu’elle peut attendre une année si elle le désire. Il est en effet très improbable qu’elle développe un Covid sévère, même si ça ne peut être exclu», estime Blaise Genton.
Faut-il faire, dans le doute, un test sérologique avant le vaccin?
En France, la Haute autorité de santé (HAS) vient de recommander l’utilisation de tests sérologiques rapides avant la première injection afin d’éviter aux personnes qui ont été infectées sans le savoir de recevoir la deuxième dose. Ce n’est pas le cas en Suisse. «En dehors du milieu hospitalier et dans des situations très particulières, il n’est pas recommandé à l’heure actuelle de pratiquer des tests sérologiques pour répondre à des interrogations individuelles», écrit ainsi l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sur son site. Le test sérologique révèle si on a eu le Covid, mais il ne permet pas d’en connaître la date. «Dans un tel cas, je dirais à la personne qu’elle peut faire une sérologie pour savoir si elle devrait avoir une ou deux doses. Ceci permet de la rassurer et de ne faire qu’une seule injection si elle est positive», note Blaise Genton.
Les personnes vaccinées ou souffrant de Covid long peuvent-elles être contagieuses?
«On n’est pas contagieux lorsqu’on est vacciné, parce que la protection est excellente. Dès lors, si l’on n’est pas infecté, on ne peut pas transmettre la maladie! Et même en cas d’infection, la charge virale sera tellement faible que la personne vaccinée ne contaminera probablement pas ses proches» affirme Blaise Genton.
Les personnes ayant un Covid long peuvent-elles être contagieuses pendant plusieurs semaines, voire des mois? «En règle générale, les patients perdent leur contagiosité après deux semaines au maximum, souligne le médecin. Le test PCR sera aussi négatif après deux semaines. Il est parfois positif plus longtemps, mais il ne s’agit plus du virus vivant.»
Sébastien Sautebin