On ne suit pas une psychothérapie pour le plaisir. Et, quand on a trouvé la bonne personne, il est difficile de se confier à un autre spécialiste ou de mettre fin au traitement. Le changement législatif intervenu le 1er juillet dernier bouleverse pourtant les modalités de remboursement, avec des conséquences massives pour les assurés. Au risque, comme en témoigne Clémence, d’être obligée de cesser son traitement.
La jeune femme était suivie par une psychothérapeute en qui elle avait toute confiance. Grâce au traitement suivi jusqu’à l’été dernier, elle se sentait beaucoup mieux. Les séances étaient, jusque-là, remboursées par l’assurance complémentaire Diversa de Concordia, à raison de 2000 fr. sur une durée de trois ans.
Fin du remboursement
Au printemps dernier, la compagnie a averti la patiente qu’elle ne paierait plus rien à partir du 1er juillet: c’est désormais l’assurance de base qui rembourse les séances de psychothérapie sur ordonnance. Jusqu’à cette date, les praticiens qui ne travaillaient pas avec un psychiatre (on parle de délégation) étaient remboursés par les petites complémentaires, mais ces polices ne peuvent pas intervenir à la place ou avant l’assurance de base si le thérapeute est reconnu par cette dernière (lire encadré).
Céline doit donc se tourner vers la compagnie auprès de qui elle a contracté son assurance de base, ce qui soulève deux problèmes. Comme la jeune femme a une franchise de 2500 fr., elle devrait payer elle-même les séances. Pour ne rien arranger, sa thérapeute n’est pas reconnue par l’assurance obligatoire, si bien qu’elle doit trouver un autre cabinet. Car Concordia ne rembourse plus la psychothérapie par le biais des complémentaires.
Liste réduite de praticiens reconnus
Les autres compagnies ne sont pas en reste (voir tableau). Swica renvoie également ses assurés à l’assurance de base. Helsana ne s’intéresse qu’aux thérapies «non médicales» et a drastiquement réduit la liste des partenaires remboursés. Idem chez Sympany.
Plus généreuses, Atupri, Groupe Mutuel, KPT, Sanitas, Visana (mais seulement pour la police Traitements ambulatoires III) jouent encore le jeu si les psychologues ne sont pas reconnus par l’assurance de base mais figurent sur leurs propres listes. «Nous remboursons les séances auprès de thérapeutes qui ne disposent pas d’une autorisation pour l’assurance de base mais qui remplissent les critères de formation d’une association professionnelle et qui ont reçu le feu vert de leur canton», explique Yuko Graber, porte-parole de KPT.
Transition difficile
Assura met la main à la poche quand le nombre de séances pris en charge par l’assurance de base est dépassé. Cela vaut pour d’anciennes polices dites «fermées» qui ne sont plus proposées, mais toujours en vigueur chez certains patients. Une ordonnance médicale est nécessaire pour les complémentaires d’Assura, Atupri, KPT et Sanitas.
La CSS maintient ses polices complémentaires jusqu’à la fin de l’année. Elle décidera d’ici là des modalités de remboursement pour 2023. Idem pour ses filiales Intras et Sanagate.
Mêmes tarifs, prestations moindres
La seule solution pour notre lectrice: que son psychologue refuse de figurer sur les listes de la LAMal et se limite aux patients avec une complémentaire. Un scénario «peu probable», selon Cathy Maret de la Fédération suisse des psychologues: «Nous souhaitons que les assurances complémentaires prennent en charge les prestations psychologiques qui n’entrent pas dans la Lamal. Ce serait sensé et utile à toutes et tous.»
Pour les patients, la pilule est difficile à avaler, d’autant que les primes des polices complémentaires des soins ne vont pas baisser en contrepartie. Les compagnies relèvent que les séances de psychothérapie font partie d’un forfait comprenant d’autres traitements et qu’il est impossible, actuellement, d’évaluer les montants économisés dans ce domaine. Les tarifs resteront identiques, pour des prestations moindres.
Claire Houriet Rime / rm
Il faudra payer la franchise et la quote-part
Jusqu’au 1er juillet 2022, l’assurance de base ne remboursait que les thérapies avec des psychologues exerçant leur activité dans le cabinet d’un psychiatre, en délégation. Elle prend désormais en charge les séances auprès de thérapeutes titulaires d’un diplôme reconnu et prescrites par un médecin (généraliste, pédiatre, psychiatre, pédopsychiatre ou spécialiste de médecine psychosomatique). Le patient devra payer la franchise (entre 300 fr. et 2500 fr. pour les adultes) et la quote-part (10% des frais jusqu’à 700 fr. par an).
La caisse maladie de l’assurance obligatoire rembourse 15 séances sur la première ordonnance et les 15 suivantes sur présentation d’une nouvelle ordonnance. Pour continuer, il faudra solliciter l’expertise d’un psychiatre. En cas d’urgence, le médecin peut prescrire une série de dix séances, non renouvelable.
Les psychologues reconnus par le canton pour être remboursés par l’assurance de base doivent facturer leurs prestations à cette dernière selon les conditions prévues. Ils ne peuvent pas choisir au cas par cas d’être également remboursés par une assurance complémentaire.