Les médecins sont des humains, donc des êtres emplis de subjectivité, de croyances et de préjugés. Même si leur objectif est de traiter les hommes et les femmes, les minces et les gros, les cadres et les ouvriers de façon similaire, les études montrent que ce n’est pas toujours le cas. Ces biais peuvent aboutir à des diagnostics erronés, des traitements inappropriés, donc à une prise en charge de qualité inférieure pour les patients qui en sont victimes. Cette réalité existe dans tous les domaines de la médecine, de la prise en charge de la douleur à la santé mentale en passant par la cardiologie.
Symptômes identiques, traitements distincts
Une étude a révélé que les femmes ayant des symptômes compatibles avec une crise cardiaque risquaient, comparativement aux hommes, de ne pas être traitées de façon adéquate et d’en mourir. Face à une douleur dans la poitrine qui irradie dans un bras, le diagnostic de maladie cardiaque est moins souvent retenu chez les femmes. Pire encore, lorsqu’un diagnostic de maladie cardiaque est retenu, le traitement proposé aux femmes est plus fréquemment incomplet. En d’autres termes, cela signifie que les femmes, pour les maladies cardiaques en tout cas, sont moins bien diagnostiquées et moins bien traitées.
Une recherche réalisée en Suisse montre la complexité de la situation. Elle confirme que les femmes, particulièrement en dessous de 50 ans, sont les plus à risque de mourir d’un problème cardiaque. Une des raisons est qu’elles appellent les secours plus tardivement que les hommes. Ce biais montre que les femmes elles-mêmes pensent que les infarctus sont plus rares chez elles, elles attendent donc trop longtemps avant d’appeler une ambulance.
Cette différence de prise en charge en défaveur des femmes ne concerne pas que la douleur et les maladies cardiaques, elles sont par exemple moins souvent dépistées pour la maladie d’Alzheimer et plus souvent traitées par médicaments lors de dépressions.
Les hommes aussi
Les stéréotypes de genre n’affectent pas seulement les femmes. En miroir aux maladies coronariennes, certaines pathologies comme l’ostéoporose ou l’anorexie, principalement décrites comme féminines, touchent aussi les hommes, avec des symptômes parfois différents. Le risque de sous-diagnostic existe, celui d’une moins bonne prise en charge et d’une augmentation des complications aussi.
Quelles solutions?
Pour l’Organisation mondiale de la santé, «l’égalité des sexes (au sens de ‘genre’) signifie l’égalité des droits, des responsabilités et des chances entre tous. Elle est le fondement nécessaire d’un monde durable, pacifique, prospère et sain où personne n’est laissé de côté. L’égalité des sexes est un droit fondamental, entériné dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme».
Pour atteindre cet objectif et voir les biais de genre disparaître, trois actions complémentaires sont nécessaires.
- La première, prendre conscience que ce problème existe et qu’il nous concerne tous, parfois en tant que victime, et parfois en étant soi-même à l’origine de discriminations, de genre notamment.
- La deuxième concerne la recherche. La plupart des études médicales ont historiquement été effectuées avec des hommes jeunes, caucasiens. Elles ne représentent pas la variété de la population et les symptômes propres aux femmes sont méconnus.
- La troisième, et probablement la plus importante, est la formation et l’éducation. Il faut sensibiliser la totalité des professionnels de la santé, des ambulanciers aux médecins en passant par les infirmiers, pour qu’une prise en charge médicale ne soit plus influencée par le genre. Cette sensibilisation concerne aussi la population, qui peut, dans certaines situations, avoir une attitude discriminante.
Tous différents mais tous égaux
Même si cet article a essentiellement porté sur les biais de genre, il est essentiel de reconnaître et de surmonter les biais en médecine pour améliorer les soins de santé pour tous les patients, quel que soit leur genre, leur origine, leur ethnicité ou leur milieu socio-économique. Tous différents mais tous égaux.