L’iode est un oligo-élément vital pour l’être humain, présent en petites quantités dans les aliments. L’apport journalier recommandé est de 90-120 μg (microgrammes) chez les enfants, de 150 μg chez les adultes et de 250 μg pour les femmes enceintes ou allaitantes.
Il est en particulier indispensable pour la production des hormones T3 et T4 par la glande thyroïde, située sous le larynx. En l’absence de ces hormones, le cerveau du fœtus ne se développe pas normalement, entraînant par exemple un retard mental irréversible. Chez l’adulte, cette carence entraîne, à long terme, une hypertrophie de la thyroïde, des problèmes de la santé mentale et des troubles cognitifs. C’est pour cela que l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) vérifie tous les cinq ans la consommation d’iode chez les enfants et les femmes enceintes.
Cette consommation est actuellement insuffisante. Le phénomène est insidieux, car il ne se manifeste pas tout de suite au sein de la population: il faut une génération pour en observer les conséquences.
Nouvelles habitudes alimentaires
Au fil des années, le taux d’iode par kilo de sel a été régulièrement augmenté pour répondre à nos carences grandissantes. En cause: nos habitudes alimentaires qui changent plus rapidement que ce taux. Citons, pêle-mêle: le recours de plus en plus important à des aliments industriels qui n’utilisent généralement pas de sel iodé; la diminution de la consommation de sel de ménage (un bienfait pour nos artères cependant!); la disparition du sel iodé dans le gruyère depuis 2008 pour accéder à l’exportation; la mode du sel marin, de la fleur de sel et de substituts non iodés; l’absence de sel iodé dans les produits importés et dans la plupart des aliments bio; le développement des régimes végétariens et végan, car le tofu et les substituts de la viande sont très pauvres en iode.
Les bonnes sources d’iode
On trouve l’iode en grande quantité dans les produits de la mer (poissons, fruits de mer, algues), mais pas dans le sel marin, sauf s’il est enrichi. Le lait, les yogourts et les œufs en contiennent aussi beaucoup; notons que le lait est plus riche en hiver qu’en été, car le fourrage est enrichi en iode. Ajoutons à cette liste le pain suisse: 85% de la production locale est aussi enrichie.
Que faire ?
- Augmenter le taux d’iode dans le sel ne suffit plus. Restent des solutions politiques et individuelles.➛
- Convaincre les industriels à utiliser systématiquement du sel iodé dans les milliers de produits qu’ils produisent: biscuits apéritifs, bouillon en cube, conserves, pizza, sauce tomate, céréales pour le déjeuner, pains croustillants, plats préparés...➛
- Persuader les fabricants de produits bio de passer au sel iodé. Bio-Suisse l’autorise depuis 2023, pour le moment sans effet concret.➛
- Ne pas augmenter sa consommation de sel, mais opter pour du sel iodé (la mention doit être indiquée sur le paquet).➛
- Privilégier les produits alimentaires contenant du sel iodé, en consultant la liste des ingrédients; notons que seulement 9% des produits végans en contiennent.➛
- Consommer des aliments naturellement riches en iode (voir tableau).
- Durant la grossesse et l’allaitement, voir avec son médecin si une supplémentation est nécessaire.
Un peu d’histoire
Le manque d’iode a donné ce qu’on a appelé le «crétinisme des Alpes». Au début du XIXe siècle, les touristes qui visitaient les Alpes étaient frappés par le nombre d’habitants affligés d’un goitre et d’un retard mental.
En 1810, 6% des Valaisans recensés étaient définis comme «crétins», avec de fortes variations d’une région à l’autre. Le responsable: la pauvreté en iode dans les sols, l’eau et les plantes en milieu alpin. Un siècle plus tard, un médecin valaisan découvrit la solution, efficace et bon marché: introduire de l’iode dans le sel de cuisine. La Suisse fit donc office de pionnière; d’autres pays européens et les Etats-Unis lui emboîtèrent le pas. Le problème a rapidement diminué, jusqu’à disparaître.