Vendus par dizaines de milliers durant la pandémie de coronavirus et à un prix bien plus élevé que les traditionnels masques chirurgicaux, les FFP2 ne protégeaient pas tous leur hôte comme promis. Invoquant la loi sur la transparence, Ma Santé s’est procuré des documents qui mettent en cause de nombreux modèles de masques.
Sur mandat de la Confédération, la Suva et le Bureau de prévention des accidents (bpa) ont régulièrement contrôlé si les masques de protection sur le marché respectaient les normes de sécurité. Ce n’était souvent pas le cas: au cours des deux dernières années, 23 types de masques ont été retirés de la vente. Parmi eux, 12 ont fait l’objet de rappels «discrets». Dans ces cas-là, le fabricant ou l’importateur informe directement les clients concernés. Le reste de la population n’a donc pas vent des défauts.
Filtration insuffisante
La liste fournie indique que 18 des 23 modèles retirés de la vente filtraient les virus de manière insuffisante. Le matériau filtrant était davantage perméable aux virus que ce qui est autorisé. Plusieurs produits laissaient aussi passer trop d’air parce qu’ils n’adhéraient pas bien au visage. Quant au masque FFP2 de Sunlight Medical, il était trop inflammable.
Cas surprenant: le masque FFP2 du fabricant chinois YWSH, écarté par le bpa à cause d’une capacité de filtration insuffisante et parce qu’il gênait trop la respiration. Des boutiques en ligne comme Medicalhealth24.de
continuent néanmoins de le promouvoir, le qualifiant de particulièrement adapté au personnel de santé et vantant son «efficacité élevée de filtration» qui n’opposerait qu’une «infime résistance à la respiration». Ce modèle porte un label de contrôle de l’Union européenne, condition préalable à son importation.
Information «proportionnée»
Pourquoi le bpa et la Suva ne mettent-ils pas activement en garde contre ces masques défectueux? D’autant que les acheteurs de FFP2 sont souvent des personnes à risque! Leur réponse: les rappels «discrets», adressés aux producteurs et aux vendeurs, sont «proportionnés» si tous les acheteurs du produit sont ensuite informés.
Une information directe au public serait disproportionnée. L’exemple du masque de YWSH montre à quel point ces rappels dits «discrets» sont absurdes. Jusqu’à très récemment, le masque en question se trouvait sur plusieurs versions étrangères du site Amazon.
Autre point préoccupant: l’UE a rappelé, pour cause de filtration insuffisante, pas moins de 57 autres masques, dont bon nombre circulaient aussi en Suisse. Quant aux FFP2 pour enfants, on continue d’en vendre dans les rayons et e-commerces helvétiques. Et ce même s’ils sont à éviter, selon les pédiatres, parce qu’ils gênent trop la respiration. Début 2022, le magazine allemand Stiftung Warentest est parvenu au même constat… pour 15 masques enfants testés sur 15.
Roger Müller / gda