Qu’est-ce qu’un générique?
Génériques et préparations originales partagent les mêmes substances, dans des quantités identiques. Leurs noms, par contre, diffèrent. De même que la taille et la forme de leurs comprimés. Selon Christoph R. Meier, pharmacien-chef à l’Hôpital universitaire de Bâle, il se peut aussi que «leurs matières auxiliaires soient différentes». On pense ici aux édulcorants et conservateurs.
Les génériques agissent-ils aussi bien que les médicaments originaux?
Oui. Tout générique doit être aussi efficace que l’original. Les fabricants doivent le prouver par des tests au moment de l’homologation. Editeur de la revue Pharma-Kritik, Etzel Gysling note qu’il n'y a à ce jour «aucun problème majeur connu découlant de l'utilisation de médicaments génériques». C’est oublier l’agitation récente qu’a provoquée le Valsartan, un médicament largement prescrit contre l’hypertension. Cet été, plusieurs producteurs suisses ont en effet dû retirer du marché plusieurs génériques du Valsartan. En cause, la présence possible d’une impureté, jugée potentiellement cancérigène, dans le principe actif utilisé par la firme productrice chinoise Zhejiang Huahai Pharmaceutical. «Une telle situation aurait tout aussi bien pu se produire avec le médicament original», précise Etzel Gysling.
Peut-on facilement remplacer un médicament par un générique?
Oui, à moins que le patient en question soit allergique à certains excipients. Ce qui reste relativement rare.
Quel est le prix des génériques?
Les génériques sont presque toujours moins chers que les médicaments originaux. Selon l’association des assureurs curafutura, la différence de prix pour les génériques soumis à l’assurance maladie obligatoire se monte à environ 30% en pharmacie. Le patient ne paie en général qu’une franchise de 10%, contre 20% pour les médicaments originaux. Pour certains génériques, il arrive que 20% soient également dus. Motif: leur prix de base est au moins 10% plus élevé que le meilleur marché des médicaments équivalents – soit, aussi soumis à l’assurance maladie obligatoire et contenant les mêmes principes actifs.
Pourquoi les génériques sont-ils moins chers?
Pour produire un générique, nul besoin de développer à nouveau un médicament. Les fabricants n’ont donc que les coûts de production à supporter. Des frais souvent faibles, selon l’un des membres de curafutura, Andreas Schiesser.
En règle générale, les médicaments bénéficient de la protection d’un brevet pendant 20 ans. Tout au long de cette période, seul le fabricant peut les produire et les vendre. Les génériques ne peuvent être mis sur le marché qu’une fois que la protection du brevet expire.
Est-il intéressant de comparer les prix des génériques de différents producteurs?
Oui. 100 comprimés de 40 mg de Pantozol – contre les brûlures d’estomac – de Takeda coûtent 75.60 fr. en pharmacie. Spirig et Mepha proposent la même quantité de tablettes de Pantoprazole pour 54.85 fr. Le site mymedi.ch permet de comparer les prix et franchises.
Combien de génériques sont prescrits en Suisse?
22%. Autrement dit, un médicament prescrit sur cinq est un générique. Une proportion bien moins importante qu’en Allemagne (81%), en Grande-Bretagne (78%) ou en France (30%, voir graphique). Cette différence repose sur deux raisons principales. La première, le fait que pharmaciens et médecins gagnent davantage en vendant des médicaments coûteux plutôt que bon marché. La seconde, la loi, qui restreint l’introduction de nouveaux génériques sur le marché suisse.
L’année dernière, pharmacies et médecins ont tout de même vendu pour près d’un milliard de francs de génériques, soit 4% de plus que l’année précédente.
Les génériques sont-ils plus chers en Suisse qu’ailleurs?
Définitivement. Aux Pays-Bas, un comprimé de 40 mg de Pantoprazole de Sandoz, vendu dans un paquet de 105 tablettes, revient à 3 centimes. Dans les pharmacies suisses, il se monte à 54 centimes, soit près de 18 fois plus. Cet écart s’explique aussi du fait que les prix du marché suisse sont en moyenne deux fois plus élevés que dans certains pays européens, comme l’Allemagne, l’Autriche ou la France. C’est en tout cas ce que démontrent les comparaisons de prix publiées par des associations telles que santésuisse et Interpharma.
Qui produit les génériques suisses?
Selon Axel Müller de l'association industrielle Intergenerika, les firmes pharmaceutiques produisent la plupart de leurs médicaments en Europe. Une infime partie est développée en Suisse. 80% des ingrédients actifs utilisés proviennent d’Inde et de Chine. Les fabricants ne donnent en général aucune indication précise sur l’origine.
Les prix des génériques en Suisse vont-ils baisser?
Oui, à en croire le Conseil fédéral. Dès 2020, ce dernier aimerait introduire un système de prix de référence pour les médicaments dont le brevet est arrivé à expiration. L’Office fédéral de la santé fixerait alors un prix maximal par substance active générique, qui serait remboursé par les caisses d’assurance maladie. Selon curafutura, cela permettrait d’économiser au moins 400 millions de francs chaque année.
Eric Breitinger / sh