Vous avez une opération en vue, qui nécessite une anesthésie locale ou générale? Cette perspective peut être source de stress, même s’il s’agit d’un acte médical très courant: près d’un million d’anesthésies sont réalisées chaque année en Suisse.
Sachez qu’avant toute opération, un moment d’information sur l’anesthésie doit vous être accordé. Un rendez-vous en face-à-face, idéalement, mais qui peut se faire par téléphone ou vidéo-conférence pour de petites interventions, selon les Standards de la Société suisse d’anesthésiologie et de réanimation. Il s’agit d’un moment clé, au cours duquel vous pouvez demander quelles sont les différentes solutions à votre portée et exercer un choix, en partenariat avec l’anesthésiste. Certes, cette décision dépend de la partie du corps opérée, de la durée et de la gravité de l’opération ainsi que de votre état de santé. Mais suivant les cas, plusieurs solutions sont envisageables.
Surtout, vous avez le droit de dire non et de temporiser les choses. C’est votre personne qui va subir l’opération et si vous avez des doutes, c’est votre droit de demander du temps pour vous décider, et même de demander un second avis, rappelle la Fédération suisse des patients.
On distingue trois grandes familles d’anesthésies, plus ou moins conseillées selon la chirurgie prévue. Avec l’anesthésie générale, d’une part. Et, de l’autre, les anesthésies loco-régionales (péridurale, rachidienne ou par bloc).
1. Anesthésie générale
Si votre médecin vous a prescrit une intervention touchant au cœur, au thorax ou à la tête, c’est très probablement vers une anesthésie générale que l’on vous guidera. Le corps entier est alors plongé dans un état inconscient profond par une injection veineuse continue. Avec cette méthode, une aide respiratoire est nécessaire, car votre corps ne peut pas respirer par lui-même. Deux possibilités: l’intubation ou le masque d’oxygène. Au niveau des sensations, vous vous endormez et vous réveillez comme si quelques secondes seulement étaient passées. C’est la méthode d’anesthésie la plus souvent pratiquée en Suisse.
La plupart des difficultés relatives à l’anesthésie générale peuvent survenir au réveil: nausées, vomissements et difficultés à avaler. En cas d’intubation, la sonde peut provoquer un enrouement et une irritation de la gorge. Des troubles de la mémoire et de la concentration peuvent aussi apparaître dans les jours qui suivent l’anesthésie. Dans des cas extrêmement rares, des réveils durant l’opération sont constatés.
2. Anesthésies péridurale et rachidienne
Vous allez subir une intervention au niveau de la jambe ou du genou, qui nécessite une grande immobilité du bas du corps? Les anesthésies péridurale et rachidienne sont indiquées pour ce genre d’opérations. La péridurale est aussi connue pour son utilisation durant les accouchements.
Ces deux méthodes ont un fonctionnement très proche: l’anesthésiant est injecté aux alentours de la colonne vertébrale pour insensibiliser tout le bas du corps. La péridurale se fait par une injection continue via un cathéter et l’anesthésie rachidienne par une injection unique avec une durée limitée. Ce sont les solutions les plus utilisées pour les personnes qui souhaitent éviter l’anesthésie générale.
Les complications peuvent survenir durant l’opération et consistent, par exemple, en des douleurs fugaces dans le dos et les jambes en cas de repositionnement de l’aiguille. Des chutes de tension peuvent survenir mais sont rapidement traitées. En cas d’injection accidentelle de l’anesthésique dans un vaisseau sanguin, cela peut provoquer des troubles respiratoires ou cardiaques, voir une lésion des nerfs dans de rares cas.
Un anesthésiste est présent tout au long de la chirurgie pour intervenir si un problème se déclare. Après l’opération, des maux de tête et des difficultés à uriner peuvent survenir, ainsi qu’un risque d’infection.
3. Anesthésie par bloc
Votre pied, cheville, genou, hanche, poignet ou bras doit être opéré? Les anesthésies par blocs permettent d’endormir des parties du corps bien précises. Il s’agit soit d’une injection d’anesthésiant unique, soit d’une injection continue via un cathéter. Ces anesthésies sont aussi utilisées après de lourdes opérations pour atténuer des douleurs dans des zones précises.
Des hématomes peuvent apparaître au point d’injection et des douleurs au niveau du membre anesthésié. Dans de rares cas, si l’anesthésique est injecté par erreur dans un vaisseau sanguin, des troubles cardiaques ou respiratoires peuvent se déclarer. Dans tous les cas, un anesthésiste est présent pour intervenir en cas de problème.
4. La sédation
Si votre anesthésie est loco-régionale (voir points 2 et 3), vous resterez conscient de ce qui se passe autour de vous. Il est alors possible de combiner ces anesthésies avec une sédation: on injecte un sédatif par voie veineuse durant l’intervention. Ses effets varient en fonction du dosage: cela peut vous apporter un grand calme, tout comme vous faire somnoler, voire vous faire dormir. Le sommeil reste toutefois moins profond que lors d’une anesthésie générale, et vous n’aurez pas besoin d’aide respiratoire par intubation ou masque d’oxygène.
Pour des examens comme la gastroscopie ou la coloscopie, la sédation peut aussi être indiquée. Sauf circonstances exceptionnelles, ces examens ne se font plus sous anesthésie générale de nos jours.
Valentine Curvaia
Côté patients - Votre marge de manœuvre
La consultation d’anesthésie, c’est LE moment pour poser vos questions et demander si d’autres solutions que celle proposée d’office par l’anesthésiste sont possibles. Ce rendez-vous doit aboutir au choix d’anesthésie pour lequel vous aurez donné – sauf urgence vitale – votre consentement éclairé.
Votre état de santé est important pour le choix de l’anesthésie:
- Amenez avec vous la liste des médicaments que vous prenez, de vos allergies et toutes les informations utiles en lien avec votre santé, comme les résultats médicaux des examens réalisés les six derniers mois.
Ces informations permettront d’écarter certaines méthodes en fonction des contre-indications médicales. Une anesthésie rachidienne peut être déconseillée si on prend des médicaments anti-coagulants. L’anesthésiste pourra se renseigner auprès du médecin généraliste s’il lui manque des informations. Si vous le souhaitez, abordez le sujet de l’anesthésie avec le chirurgien pour avoir une idée des options à votre portée.
Accordez aussi de l’importance à votre ressenti. Si:
- Vous éprouvez une crainte ou de l’incompréhension pour la méthode envisagée
- Vous avez une préférence (rester conscient ou non de ce qui se passe au bloc)
Faites-le savoir au corps médical.
Côté médecins - Les facteurs importants pour le choix
Les anesthésistes et les chirurgiens se basent sur trois critères principaux pour déterminer la ou les méthodes d’anesthésies pour l’intervention:
- La douleur qui doit être anesthésiée
- L’immobilité nécessaire pour l’opération
- La conscience que peut avoir ou non le patient
D’autres éléments entrent aussi en compte: la durée de l’opération, sa lourdeur et l’environnement. Selon l’intervention, entendre et voir les actes chirurgicaux sur son propre corps peut s’avérer perturbant. Dans ces cas, la sédation ou l’anesthésie générale seront proposées.
Les médecins se basent aussi sur votre état de santé: en cas de doute, le choix se portera pour la solution la plus médicalisée. Patrick Schoettker, médecin-chef du service d’anesthésiologie du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois), résume la situation: «Plus le patient se connaît, moins on a besoin de faire le détective et plus la solution offerte au patient sera adéquate.»
L’utilisation de l’hypnose
Lors d’une anesthésie loco-régionale il est possible de faire appel à l’hypnose si vous le souhaitez. C’est un soutien supplémentaire qui permet de réduire la dose de sédation, voire de s’en passer. Dans tous les cas, le membre opéré reste totalement anesthésié par voie médicale. L’hypnose sert aussi à diminuer l’angoisse de l’opération à venir, ce qui améliore le confort du patient. Tous les hôpitaux disposent aujourd’hui de personnel formé sur ces techniques.
Un doute? Demandez conseil
Si vous restez confus(e) et que vous n’êtes pas sûr(e) d’avoir compris toutes les informations qui vous ont été transmises, vous pouvez faire appel à la Fédération suisse des patients pour vous aider à faire le point sur les informations que vous avez reçues et à les rendre plus compréhensibles. La FSP est joignable par e-mail à [email protected], et par téléphone le mardi de 17h à 19h et le jeudi de 9h à 11h au 079 197 21 15.