Certaines personnes mâchent des chewing-gums pour avoir une haleine fraîche. D’autres en utilisent lorsqu’elles n’ont pas de brosse à dents à portée de main. Une gomme sans sucre ne remplace pas le brossage après avoir mangé ou consommé un soda, mais sa mastication provoque un flux de salive qui réduit le risque de carie en nettoyant la cavité buccale.
Les chewing-gums ménageant les dents sont des gommes élastiques aromatisées et édulcorées. Mais la liste des ingrédients n’est souvent guère bavarde sur leur composition exacte. La plupart des fabricants se contentent de mentionner «gomme base» sur les emballages. La loi suisse leur permet d’utiliser ce terme pour désigner toutes les préparations de gommes servant à la fabrication des chewing-gums.
Microplastiques dans l’intestin
Afin de savoir vraiment ce que nous mâchonnons, nous avons envoyé au laboratoire douze paquets achetés dans les supermarchés. Résultat: onze produits sur douze contiennent du plastique, plus précisément de l’acétate de polyvinyle. Seul le Karma Natural base gum spearmint, vainqueur du test, en est exempt. Malheureusement, Coop n’en fabrique plus. Le Karma est encore disponible dans de nombreuses succursales du distributeur jusqu’à épuisement des stocks.
Quand nous mâchouillons des chiclettes, nous avons donc, presque toujours, du plastique dans la bouche. C’est doublement problématique. D’une part, les pâtes recrachées sur le sol polluent l’environnement à long terme. D’autre part, des études récentes indiquent que des microplastiques se détachent des gommes et migrent dans l’intestin ou dans la muqueuse de l’utérus. Des chercheurs de Shanghai, en Chine, ont examiné 20 prélèvements de muqueuses utérines l’an passé. Ils ont trouvé jusqu’à treize types de plastiques dans 19 d’entre eux. Les femmes les plus contaminées étaient celles qui mâchouillent les plus grandes quantités de chewing-gums. Le lien entre les habitudes de consommation et le niveau de contamination par les microplastiques est clair, soulignent les chercheurs.
En outre, une étude menée sur des oiseaux par l’Université d’Ulm, en Allemagne, en 2022, a montré que les microplastiques ont un impact sur la santé en modifiant négativement la flore intestinale. Ils entraînent une diminution du nombre de bactéries bénéfiques et une augmentation des agents pathogènes et des germes résistants aux antibiotiques.
Le xylitol est utile
Nous avons également voulu savoir si les fabricants utilisent du sucre de bouleau xylitol. Sa présence est bénéfique: les bactéries responsables des caries ne peuvent pas le transformer en acide qui attaque les dents, comme elles le font avec le sucre normal. De surcroît, des études récentes indiquent que le xylitol inhibe la croissance des bactéries nocives dans la bouche.
Tous les produits testés renferment du xylitol, mais en quantités très variables. Selon les analyses, c’est le M-Budget spearmint qui en a le moins, avec 1,5 g par 100 g de chewing-gum. Le V6 dental peppermint en contient peu, lui aussi: 4,5 g/100 g. En comparaison, le Natural base gum spearmint, vainqueur du test en offre 57 g /100g. La moyenne des douze produits est de 25 g/100 g.
Du sucralose problématique
Certains fabricants utilisent du sucralose pour remplacer, en partie, le xylitol coûteux. Quatre gommes analysées en contiennent. Cet édulcorant sans calorie a un pouvoir sucrant 600 fois plus élevé que le sucre alors que celui du xylitol est similaire. Contrairement au xylitol, le sucralose n’est pas digéré par l’organisme, qui l’évacue pratiquement tel quel. Les stations d’épuration ne le retiennent pas non plus. L’édulcorant poursuit sa course dans les cours d’eau et les lacs. Il n’y est guère dégradé et peut se retrouver dans l’eau potable.
Selon une étude américaine, le sucralose produit du sucralose-6-acétate lors de son passage dans l’intestin. Cette substance de dégradation peut endommager le patrimoine génétique. Le sucralose, lui-même, provoquerait des inflammations dans l’intestin.
Eviter le BHT et l’E171
Le conservateur butylhydroxytoluène (BHT) est soupçonné de perturber le système endocrinien. Le laboratoire n’en a trouvé que dans les White tutti frutti de Mentos.
Le dioxyde de titane (E171) a été interdit dans les aliments à la fin 2022. Tous les fabricants ont banni ce colorant de leurs formules. Les produits fabriqués avant l’interdiction peuvent, toutefois, être vendus jusqu’à l’expiration de leur date limite de consommation. Il vaut la peine de jeter un coup d’œil à la liste des ingrédients sur l’emballage pour éviter une éventuelle présence de E171.
Des fabricants peu concernés
Face à nos résultats, les fabricants ne considèrent manifestement pas la présence de plastique comme un problème majeur. Aldi et Trisa expliquent qu’ils n’utilisent que du plastique conforme aux prescriptions légales. Selon Trisa, tous les chewing-gums disponibles sur le marché contiennent des substances synthétiques. Les produits naturels seraient plus collants et auraient moins de goût. Migros écrit que l’acétate de polyvinyle est une résine que l’on trouve dans toutes les gommes.
L’entreprise hollandaise Perfetti van Melle déclare que ses produits Mentos, V6 et Stimorol sont composés d’ingrédients sûrs, conformes à la législation en vigueur. Coop affirme que tous les emballages indiquent que les chewing-gums utilisés doivent être jetés à la poubelle.
Andreas Schildknecht / seb
Les critères du test
Un laboratoire spécialisé a analysé la composition de douze chewing-gums sans sucre à l’aide de la spectroscopie infrarouge ATR. La gomme à mâcher est exposée à un rayonnement infrarouge et un appareil mesure l’intensité de la lumière réfléchie. Le spectre lumineux permet d’identifier les différents composants, dont les plastiques. Pour les analyses des conservateurs et des édulcorants, les échantillons ont été liquéfiés et séparés dans un chromatographe. Les experts ont notamment recherché la présence du conservateur butylhydroxytoluène (BHT), ainsi que des édulcorants xylitol et sucralose.