«Le vélo, c’est une véritable thérapie qui devrait être prescrite sur ordonnance!» Paul Tarteret, médecin interniste et chercheur à Unisanté à Lausanne, ne mâche pas ses mots pour évoquer les bienfaits du cyclisme.
«Il ne s’agit plus aujourd’hui de tergiverser pour savoir s’il faut pratiquer une activité physique, à tout âge, mais comment le faire au mieux», renchérit Vincent Gremeaux-Bader, responsable du Centre de médecine du sport au CHUV.
Depuis près de cinquante ans, les scientifiques martèlent un verdict sans appel: à l’échelle mondiale, l’inaction est la cause de 30% des maladies non transmissibles. A contrario, la pratique régulière d’une activité physique modérée telle que le cyclisme, la natation, la danse et la marche baisse le taux de mortalité. L’exercice régulier diminue aussi le risque des cancers du sein et du côlon ou de développer un diabète de type 2.
La voiture au garage
De manière générale, la stimulation du métabolisme augmente la dépense calorique, même après l’effort. Ce qui permet de perdre un peu de poids et, dans tous les cas, de le stabiliser. En 2025, il n’y a plus aucune excuse valable pour rester scotché à sa voiture, à son canapé ou à sa chaise de bureau.
La pratique du vélo arrive en tête des activités recommandées par le corps médical, parce qu’il coche quasiment toutes les cases quand il s’agit de se faire du bien. Pour intégrer cette prescription à sa vie quotidienne, il suffit de laisser sa voiture au garage… et d’en ressortir sur son vélo. En Suisse, plus de la moitié des trajets effectués en voiture sont inférieurs à 5 kilomètres. Si on les parcourait à bicyclette, on remplirait une des principales recommandations de l’Organisation mondiale de la santé: pratiquer une activité physique modérée 150 minutes par semaine au moins.
Cerise sur le gâteau, la libération d’endorphines, les «hormones du bonheur», fait du bien au moral et réduit la sensation de stress. Le fait d’exercer une activité régulière en plein air atténue par ailleurs la fatigue mentale, dope l’énergie et améliore la capacité de concentration: autant de facteurs qui diminuent le risque de souffrir de dépression ou de démence.
Bon pour le cœur
Quand on pédale, c’est tout le système cardiovasculaire qui travaille: le rythme cardiaque et le souffle s’accélèrent pour augmenter l’apport d’oxygène aux muscles. Le cœur est un muscle qu’on peut entraîner et, avec un peu de régularité, on progressera rapidement. Comme tous les sports d’endurance, le vélo augmente par ailleurs la capacité pulmonaire. Avec le temps, on sera moins essoufflé à l’effort, on récupérera plus vite et les pulsations diminueront au repos puisque le cœur aura gagné en efficacité. L’exercice a encore pour effet de stimuler l’ouverture des vaisseaux sanguins, ce qui facilite la circulation du sang. Avec, à la clé, une baisse de la tension artérielle.
Nul besoin de faire un col à vélo pour progresser: en choisissant son itinéraire, en jouant avec les vitesses et en optant, au besoin, pour un vélo à assistance électrique (lire page 9), on diminuera drastiquement le risque de maladies cardiovasculaires telles qu’un infarctus ou un accident cérébral.
Renforce les jambes
Le cyclisme est un sport dit «autoporté»: comme la natation, il évite de porter le poids du corps. Il sollicite ainsi les articulations en douceur, sans leur imposer de chocs répétés, tout en stimulant la production du liquide synovial qui lubrifie les cartilages. C’est donc un outil précieux pour combattre les raideurs en cas d’arthrose du genou.
Chaque coup de pédale renforce la musculature des jambes, de la ceinture abdominale et des épaules. Cet argument est particulièrement important après 50 ans pour la masse musculaire. Si on ne fait rien, elle diminue de 1% par année. Avec le temps qui passe, il faut au contraire veiller à se maintenir en bonne condition physique pour limiter les risques de chute au quotidien et améliorer les perspectives de guérison en cas de blessure. Sur le long terme, l’enjeu est de taille pour préserver sa qualité de vie et son autonomie.
Vélo sur ordonnance
«Je suis trop vieux, je n’ai pas l’habitude»: les idées reçues et les faux prétextes ne manquent pas pour éviter de remonter en selle, remarque Vincent Gremeaux-Bader. En réalité, seuls les patients qui ont des problèmes d’équilibre ou qui souffrent de troubles cognitifs ont une excuse valable à cet égard. Le vélo d’intérieur offre dans ce cas une alternative idéale, qui est aussi valable pour les personnes très âgées ou en surpoids, quitte à regarder une vidéo pour se faire du bien au moral.
Même les patients qui récupèrent d’un infarctus ne pourront pas se défiler: le vélo fait partie de leur rééducation dès que la pathologie est stabilisée, en général moins d’un mois après l’incident. Le même traitement est du reste conseillé aux malades chroniques (polyarthrite, diabète), à raison d’une demi-heure de vélo par jour.
Entretenir la souplesse
Le vélo n’a qu’un défaut: ce n’est pas un sport complet. On aura beau pédaler six heures par semaine, il n’aura pas d’effet sur la souplesse et ne fera travailler ni les bras, ni le haut du dos, sauf dans les montées particulièrement exigeantes. Comme c’est un sport sans impact, il ne stimule pas non plus la densité osseuse.
Conseil: Le vélo est une activité répétitive qu’il convient par conséquent de compléter. Par exemple: deux ou trois fois par semaine, avec quelques exercices de musculation ciblés (squat, gainage, pompes, rameur), dans un fitness ou chez soi. Ou, si on préfère, en faisant du yoga, du tai-chi, du qi-gong (lire «Gymnastique douce entre ciel et terre» surmasantemag.ch), ou de la danse. Pour prévenir l’ostéoporose, il faut par ailleurs opter pour une activité avec un impact au sol telle que danse, course légère ou marche (lire «Réduire les risques par une bonne -prévention»).
A pleins poumons
Respirer à pleins poumons en remontant trois colonnes de voitures, ce n’est guère tentant: la pollution urbaine est une autre raison fréquemment évoquée pour laisser son vélo à la cave. Selon l’OMS, c’est également un mauvais prétexte. On peut en effet pédaler jusqu’à 5 heures par jour dans la plupart des villes de la planète sans danger sur le long terme. Seules Pékin et Delhi font tache: il est déconseillé de pédaler plus d’une demi-heure par jour dans la métropole indienne… et la dose ne devrait pas dépasser 3 heures par jour dans la capitale chinoise.
L’OMS relève par ailleurs que les automobilistes confinés dans l’habitacle sont davantage exposés aux particules fines et autres substances nocives que les piétons et les cyclistes, même si ces derniers fournissent un effort supplémentaire.
Exception à la règle: les personnes asthmatiques susceptibles de réagir fortement devraient éviter les centres urbains trop congestionnés.
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