Sensation de sable dans l’œil, vision floue, brûlure, ou encore sensibilité particulière à la lumière: la sécheresse oculaire touche un tiers de la population. Elle intervient lorsque la quantité ou la qualité des larmes est insuffisante, entraînant un déséquilibre entre les différentes couches du film lacrymal. Conséquence: ce dernier s’évapore trop vite et ne peut plus jouer son rôle dans le nettoyage, la protection, l’hydratation et l’alimentation de l’œil.

A la différence d’une allergie, qui possède une cause externe identifiable et est limitée dans le temps, le syndrome de l’œil sec est une maladie chronique liée à de multiples facteurs.

Age, sexe et facteurs extérieurs

L’âge et le sexe constituent deux éléments déterminants. «La majorité des patients qui consultent pour la première fois ont plus de 50 ans. Ce sont plutôt des femmes, en raison d’une prédisposition hormonale», explique Gabriele Thumann, médecin-cheffe au Service d’ophtalmologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Des paramètres supplémentaires – extérieurs ceux-ci – influent sur la gravité du dessèchement de l’œil. Le temps croissant sur son ordinateur ou son smartphone en est l’un des principaux, indique Claire Seppey, médecin-assistante à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne: «Derrière un écran, les gens ont tendance à moins cligner des yeux.» La spécialiste mentionne d’autres facteurs aggravants, comme l’air conditionné en été, le surchauffage en hiver, la fumée du tabac, certains médicaments ou le port prolongé de lentilles de contact.

Une nouvelle routine

Il est possible de prévenir la sécheresse oculaire (lire «Empêcher le syndrome de l’œil sec»), mais beaucoup plus difficile de la guérir une fois déclarée. Gabriele Thumann recommande de consulter un ophtalmologue dès l’apparition des premiers symptômes: inconfort dans les yeux, sensation de corps étranger ou larmoiement. «Souvent, les douleurs ne sont pas localisées à la surface, mais à l’intérieur ou derrière l’œil. Le cerveau a tendance à mal les situer», précise la spécialiste.

Le traitement vise à alléger, voire à faire disparaître, les symptômes moyennant des soins quotidiens. Principal remède: les larmes artificielles. Idéalement sans conservateur, à instiller plusieurs fois par jour dans les deux yeux. Et ce, même lorsque la gêne n’existe plus, au risque de la voir réapparaître. «C’est comme se brosser les dents, il s’agit simplement d’une nouvelle routine à prendre pour le patient», note Gabriele Thumann. Des massages des paupières sont souvent préconisés en parallèle (lire «Favoriser la production de larmes de qualité»). En cas de sécheresse sévère, une pommade ophtalmique visant à bien hydrater la surface oculaire peut aussi être prescrite.

Ventilation et écrans à limiter

Une partie importante de la thérapie consiste à modifier les habitudes du patient en évacuant les principaux facteurs aggravants. «Cela se fait au cas par cas. A un chauffeur de taxi, on suggérera de diminuer la ventilation dans sa voiture. A un employé de bureau, on rappellera de relever régulièrement la tête et de regarder au loin, afin de favoriser le clignement des yeux», souligne encore Claire Seppey.

Kevin Gertsch