A propos de notre article «Santé, les Suisses trinquent» (3/18)
Depuis plus de dix ans, la baisse des montants maximaux remboursés dans la LiMA (Liste des moyens et appareils, ndlr) a déplacé les coûts médicaux des assurances sur le dos des patients. Le fait de diminuer ces montants ne provoque aucune pression sur les prix pratiqués par les fabricants aux revendeurs. Pour de nombreux accessoires médicaux, la marge des pharmacies a diminué jusqu’au point où il n’est plus possible de les vendre aux montants maximums remboursés dans la LiMA. Par conséquent, ils sont vendus plus cher que les montants remboursés, et la différence (appelée «dépassement LiMA») est facturée au patient (ou à son assurance complémentaire si son contrat spécifie sa prise en charge).
En effet, l’article 24 de l’OPAS (Ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins, ndlr) dit:
«1. Les moyens et appareils ne sont remboursés que jusqu’à concurrence du montant fixé d’un moyen ou d’un appareil de la même catégorie qui figure sur la liste.
2. Lorsqu’un produit est facturé par un centre de remise pour un montant supérieur à celui qui figure sur la liste, la différence est à la charge de l’assuré.»
Par exemple, les pharmacies achètent les boîtes de 100 bandelettes de tests de glycémie des marques les plus connues entre 50 fr. et 60 fr. hors taxes, et le montant maximum remboursé est passé d’environ 90 fr. à 71 fr. après plusieurs baisses successives (dernière baisse en juillet 2018) sans que l’industrie pharmaceutique n’adapte ses prix, ou ce de manière insignifiante. De même, il est très difficile pour une pharmacie indépendante de trouver des béquilles à un prix d’achat inférieur à 20 fr. (la plupart des fournisseurs habituels les vendent aux pharmaciens entre 40 fr. et 50 fr.).
En résumé, la baisse des prix de la LiMA n’est que de la poudre aux yeux, il n’y a aucune volonté politique de l’OFSP de faire diminuer les prix des accessoires médicaux. Ils agissent simplement sous la pression des lobbies des assurances maladie pour diminuer les coûts médicaux à leur charge, et ce tout en préservant les lobbies de l’industrie pharmaceutique en ne touchant pas à leurs marges.
Tant qu’il n’y aura pas de tarification définie et claire des marges à tous les niveaux de la chaîne de distribution, ce seront toujours les derniers maillons, les revendeurs, qui seront pris en étau et les patients suisses qui trinqueront.
Steve Claude, Pharmacien, Delémont