La saison de la toux, du nez bouché et autres maux de gorge approche. Les infections des voies respiratoires supérieures (IVRS), ou refroidissements, sont particulièrement fréquentes par temps froid. L’industrie pharmaceutique a commercialisé une pléthore de traitements: sirops, gouttes nasales, anti-inflammatoires, etc.
Dans un document récent (lire encadré), un groupe de médecins genevois recommande toutefois de privilégier les remèdes de grand-mère, comme les tisanes de thym et les gargarismes à l’eau salée (voir ci-dessous). Selon eux, ce choix présente des avantages significatifs à la fois pour les patients et l’environnement.
Au moins aussi efficaces, à moindre coût
«Les remèdes naturels ont une efficacité comparable, voire supérieure, aux traitements pharmacologiques, en cas de refroidissement. Ces derniers n’influencent pas l’évolution de la maladie, ils permettent juste de réduire les symptômes», souligne Johanna Sommer, co-initiatrice de la campagne et professeure à l’Institut universitaire de médecine de famille et de l’enfance à Genève (IuMFE).
Quelques études confirment l’efficience des produits naturels lors d’infections des voies respiratoires supérieures. Le miel serait efficace pour soulager la toux et le mal de gorge grâce à son activité antimicrobienne. Le citron aurait également des vertus antimicrobiennes et le thym une activité anti-inflammatoire bénéfique contre la toux. Côté patients, beaucoup de malades recourent aux remèdes de grand-mère et les jugent efficaces. Hubert Maisonneuve, médecin généraliste et chercheur à l’IuMFE a mené une étude auprès de 1012 patients genevois et de la région Rhône-Alpes. Deux tiers des personnes interrogées ont déclaré avoir utilisé au moins une fois un remède de grand-mère lors des six derniers mois. Les dix préparations les plus courantes ont été jugées efficaces par 90% des malades.
En plus d’avoir un coût minime, ces traitements naturels ont un immense atout: «Ils n’entraînent pas d’effets secondaires, contrairement à certains produits pharmacologiques, explique Martine Bideau, co-initiatrice de la campagne et co-présidente de la Société genevoise de pédiatrie. Les sirops contre la toux, par exemple, peuvent entraîner des réactions indésirables allant jusqu’à l’arrêt respiratoire chez certains enfants.» La pédiatre ne relève qu’une seule contre-indication concernant les remèdes de grand-mère: «Il ne faut pas donner de miel aux enfants de moins d’1 an en raison du risque de botulisme infantile.»
Préserver l’environnement
Diminuer le recours aux médicaments aide aussi à préserver l’environnement, leur production totalisant 20% de l’empreinte carbone du système de santé. De plus, leurs substances actives peuvent agir négativement sur la biodiversité via les eaux usées.
Hubert Maisonneuve considère qu’il existe ainsi beaucoup d’arguments en faveur des remèdes de grand-mère: «Dès lors qu’il s’agit d’affections non dangereuses, qu’ils sont au minimum aussi efficaces que les traitements vendus, que les malades sont massivement persuadés de leur efficacité, qu’ils ne coûtent presque rien et qu’ils ménagent l’environnement, il paraît tomber sous le sens de proposer ces traitements plutôt que des solutions pharmacologiques.» Il convient toutefois de s’adapter au patient. «Si celui-ci ne croit pas à ces remèdes, le médecin peut tout à fait prescrire des solutions pharmacologiques», relève le chercheur.
On peut bien évidemment prendre des remèdes de grand-mère en autosoin dès lors qu’on respecte des précautions de bon sens. Si l’on ne guérit pas, que l’on continue à tousser très fortement ou que la fièvre persiste, il faut prendre rendez-vous avec son généraliste.
Au stade initial de l’infection
Bains de pieds à température croissante
- Au stade initial du refroidissement, en l’absence de fièvre ou d’inflammation locale, placer les pieds jusqu’aux chevilles dans une bassine contenant de l’eau à environ 34-35°C. Ajouter de l’eau toutes les cinq minutes jusqu’à atteindre 39°C. Après 15 minutes, sécher les pieds, enfiler des chaussettes chaudes et se reposer pendant 30 minutes. Raccourcit la durée du refroidissement. Améliore le sommeil.
- A répéter une à trois fois par jour.
- Pour les enfants, dès 4 ans, une seule fois durant trois minutes à 34-35°C.
Contre le rhume
Rinçage du nez à l’eau salée
- Diluer une cuillère à café dans un litre d’eau tiède. Laisser refroidir et conserver dans une bouteille (15 jours maximum). Rincer le nez avec cette solution en utilisant un dispositif de «douche nasale» ou une seringue de 20 ml. Instiller dans le nez en penchant la tête du côté opposé à la narine instillée. L’eau ressort par les deux narines. Se moucher.
- 2 à 3 fois par jour.
Contre la toux sèche
Infusion de mauve
- Laisser infuser une cuillère à café de fleurs de mauve dans une tasse d’eau froide pendant dix minutes. Remuer, filtrer. Eventuellement, réchauffer légèrement. Sucrer avec du miel (adultes et enfant de plus d’1 an).
- Boire lentement, 2 à 3 tasses par jour.
Contre les maux de gorge
Gargarismes à l’eau salée
- Mélanger une demi-cuillère à café de sel dans une tasse d’eau tiède. Gargariser pendant 30 secondes, puis cracher.
- 3 à 4 fois par jour.
Contre la toux grasse
Tisane de thym
- Verser de l’eau bouillante sur du thym finement haché, à raison d’une cuillère à café par tasse. Laisser infuser à couvert pendant dix minutes. Eventuellement, sucrer avec un peu de miel (adultes et enfants de plus d’1 an).
- 3 tasses par jour.
Contre la toux et les maux de gorge
Infusion et / ou gargarisme citron, thym, miel
- Utiliser de l’eau chaude avec du miel (1 cuillère à café, adultes et enfants de plus d’1 an), du citron (1 cuillère à café) et / ou du thym (1 cuillère à café)
- 3 à 4 fois par jour.
Une campagne pour la santé et l’environnement
Le document Rhume, toux, mal de gorge. Privilégier les traitements naturels s’adresse aussi bien aux médecins qu’aux patients. Il fait partie de la campagne de santé durable «12 mois, 12 actions», lancée par des médecins genevois, qui promeut des actes bénéfiques à la fois pour la santé et la planète. L’initiative est soutenue par la Faculté de médecine de l’Université de Genève et la Société genevoise de pédiatrie. Les fiches peuvent être consultées sur le site de la Revue médicale suisse: revmed.ch ➛ Infos patients.