Suite à une jambe cassée dans sa jeunesse, notre lectrice Erika E. n'a jamais cessé de souffrir du genou droit. Au fil du temps, ses jambes prenaient de plus en plus la forme d’un x, le cartilage entre ses articulations se réduisant fortement sous une pression mal équilibrée. On lui a diagnostiqué une arthrose. Elle ne pouvait quasiment plus marcher, ou seulement en ressentant de fortes douleurs.
A l’âge de 65 ans, elle se décide pour une opération du remplacement de son genou par une prothèse. Six ans plus tard, le bilan est clair: elle se porte comme un charme, a repris la randonnée, fait régulièrement du vélo et dirige même un groupe de gymnastique féminine. Les contraintes sont au final relativement minimes. Lors de randonnées, elle fait attention à ne pas devoir faire face à trop de descentes.
Il y a quelques années, les patients auxquels on avait placé une prothèse du genou devaient plutôt s’épargner trop d’activités physiques. Aujourd’hui, on l’a compris, le sport est même recommandé. Selon Sandro Fucentese, directeur de la chirurgie du genou à la clinique universitaire de Balgrist (ZH), les prothèses sont beaucoup plus résistantes que celles d’il y a 30 ans. Une étude de 2017 a même démontré que l’activité physique permet à la prothèse de mieux s’intégrer à l’os. Du coup elle est aussi plus stable. De plus, une pratique sportive régulière réduit le risque d’obésité et donc soulage les prothèses de kilos superflus à supporter. C’est un cercle vertueux.
Tous les sports ne sont cependant pas recommandés. Dans la liste des indésirables, on retrouve évidemment le tennis, le trampoline, la course à pied et le football. Tout choc brutal est à éviter, il faut privilégier les mouvements «souples». Sandro Fucentese précise pourtant que si l’on a par exemple pratiqué le tennis avant l’opération, il est possible de continuer. Mais il déconseille de commencer un nouveau sport potentiellement risqué pour la prothèse.
Voici quelques conseils donnés par des spécialistes:
⇨ Randonnée
Entraînez-vous à marcher sur des sols irréguliers en prenant votre temps. Même si c’est difficile au début, cet exercice affine votre coordination. Méfiez-vous des pentes trop raides qui pourraient surmener votre prothèse. Lors de randonnées de plusieurs heures, il est conseillé de se munir de bâtons.
⇨ Cyclisme
Pédalez avec les petites vitesses, mieux vaut davantage de mouvements que trop de pression sur votre pied. Les vélos électriques sont également une bonne alternative car ils aident dans les pentes plus raides.
⇨ Natation
Le crawl et la nage sur le dos sont conseillés. La brasse beaucoup moins étant donné que les jambes font des mouvements circulaires qui mettent les articulations des genoux sous pression.
⇨ Ski
Dévaler les pentes enneigées est toujours possible mais faites bien attention à votre technique. Optez pour de grandes courbes sur la piste plutôt que pour un slalom serré. Comme pour le tennis, ne skiez que si vous avez déjà pratiqué cette activité régulièrement avant l’opération. Cela garantira que vous avez déjà développé une musculature adaptée à ce sport.
Katharina Baumann / chp
Eclairage: les médecins optent souvent trop tôt pour une prothèse
Le nombre de prothèses du genou ne cesse d’augmenter en Suisse. En 10 ans, il a triplé et les experts estiment qu’il sera multiplié par quatre d’ici à 2030. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 14 000 nouvelles prothèses qui sont posées chaque année. Une prothèse sur six est partielle où seule la partie endommagée de l’articulation est remplacée.
Le chirurgien orthopédique Luzi Dubs critique cette pratique. Selon lui, ces prothèses partielles sont souvent placées trop tôt, sans essayer d’autres thérapies moins radicales. Parmi celles-ci on retrouve la perte de poids, la physiothérapie ou la prise d’antidouleurs. Luzi Dubs est formel: ce sont principalement des raisons financières qui mènent à cette situation. Car plus tôt on place une prothèse partielle chez un patient, plus grandes sont les chances de pouvoir lui en placer une complète quelques années plus tard.