Les tapis de course font partie des équipements classiques des fitness et il existe de nombreux modèles, moins chers, pour les particuliers. Beaucoup d’experts se montrent toutefois très critiques à l’égard de cet appareil, qui présente plusieurs inconvénients. Pour commencer, sa surface est plus molle que le sol. Thomas Walser, médecin-conseil de Ma Santé, estime ainsi «qu’on court sur un tapis de fitness comme dans de la boue». Des études montrent que le pied reste plus longtemps sur le tapis que dans le terrain. Les utilisateurs doivent donc déployer une force importante pour se propulser. «Cela sollicite beaucoup plus les tendons et les ligaments», souligne le praticien.
En fait, la dynamique en elle-même est différente. Les utilisateurs n’évoluent pas sur un sol fixe, c’est plutôt le tapis qui se déplace sous eux. D’après Theodore Stemper, professeur émérite en sciences du sport à l’Université de Wuppertal (Allemagne), «le fait que les coureurs sautent encore et encore sur un sol en déplacement provoque des contraintes nouvelles sur les muscles et les articulations». Et certains muscles, sollicités sur le terrain, sont négligés. Un article de synthèse publié dans la revue spécialisée Sports Medecine explique que le pied ne reste pas seulement plus longtemps sur le sol, mais que son angle, lors de la pose, est aussi plus petit. Et c’est également le cas pour le genou.
Etat de transe et risque de chute
Les hanches, de leur côté, bougent moins que lors d’un footing normal. De ce fait, «le tapis roulant est un défi pour la coordination», résume Theodore Stemper. Le risque de trébucher, de tomber et se blesser gravement n’est pas négligeable. Les seniors et les personnes aux réflexes altérés sont particulièrement concernés. Comme le rappelle Thomas Walser, «plus on prend de l’âge, plus le sens de l’équilibre se dégrade».
Autre facteur de risque: courir sur un tapis est monotone, le regard du coureur étant souvent dirigé vers un mur. «On entre ainsi dans une sorte de transe qui nous rend inattentif et augmente le risque de chute», prévient le médecin.
Selon le Washington Post, les services d’urgences aux Etats-Unis ont traité 15 800 blessures liées aux tapis de course en 2020.
Pas de soleil, pas de vent contraire
Contrairement à la course en plein air, il n’y a pas, sur le tapis, de vent contraire pour rafraîchir le sportif. C’est la raison pour laquelle, à allure rapide, le pouls en salle est un peu plus élevé que dans la nature. En outre, l’air sec des fitness affaiblit les muqueuses, ce qui rend le corps plus vulnérable aux virus. Et, entre quatre murs, le corps ne peut pas produire de vitamine D, puisque, hors apports alimentaires, la peau la synthétise de manière naturelle grâce aux rayons UVB du soleil.
«Un substitut occasionnel»
Theodore Stemper estime que le tapis de fitness ne devrait représenter qu’un «substitut occasionnel» au jogging à l’air libre. Et il faudrait utiliser le modèle le plus grand possible afin de réduire le risque de faux pas. Beaucoup de spécialistes recommandent une longueur de 150 cm et une largeur d’au moins 60 cm. Ces modèles coûtent toutefois plus de 2000 fr.
Les modèles bon marché pour la maison sont souvent plus compacts. Ingo Froböse, médecin du sport à la Haute école de sport de Cologne (Allemagne) prévient: «Les petits appareils ne sont pas recommandés pour un entraînement correct, car ils ne sont pas sûrs.» Afin de réduire les conséquences d’une chute, de nombreux appareils sont équipés d’un clip qui se fixe au maillot ou au pantalon. Si le coureur glisse, le câble se tend et l’appareil s’arrête. Il est préférable que le système ralentisse en douceur et non de manière abrupte.
Courir dehors, même en hiver
Thomas Walser estime que le tapis de fitness convient aux patients qui ont du mal à courir sur le terrain ou aux jeunes sportifs qui se remettent d’une blessure. Mais, même en hiver, le médecin-conseil de Ma Santé conseille de faire du jogging à l’extérieur aussi souvent que possible: «C’est plus sain, ça détend et ça stimule les sens!» Plus on est âgé, plus il convient de prendre son temps. Le praticien recommande aussi de ralentir le rythme en cas de grand froid.