Le thé vert conventionnel et la poudre matcha proviennent du même arbuste, mais cette dernière fournit davantage d’antioxydants bénéfiques pour la santé. La raison? En préparant un thé classique, on infuse les feuilles séchées avant de les retirer. Pour le matcha, les feuilles ont été réduites en poudre. Le tout est mélangé à l’eau, puis consommé intégralement.
Parmi les douze matchas envoyés au laboratoire, c’est le Japan Matcha Bio, de Matcha Magic, vainqueur du test, qui contient le plus de catéchines (polyphénols) antioxydantes. Résultat des analyses: 122 milligrammes par gramme de poudre. En comparaison, le Matcha Bio de Sirocco, arrivé en deuxième position, n’en contient que 97 mg/g, et le Nishio de RvR, le plus cher des douze thés, que 90 mg/g.
Le Matcha Magic est vendu à un prix beaucoup plus doux. Il nous a coûté 19.90 fr. les 100 g, contre 109.35 fr. les 100 g pour le Sirocco et 116.65 fr. les 100 g pour le RvR!
Plus de 2 g d’aluminium par kilo
Le Matcha Magic est le seul thé à avoir obtenu une très bonne appréciation globale. C’est la poudre la plus riche en polyphénols et elle ne renferme que peu d’aluminium et de plomb, toxiques pour la santé.
Sur ce point, les analyses ont révélé de mauvaises surprises: il y a trop d’aluminium dans la moitié de nos achats. Ces six matchas ont été jugés «insatisfaisant» (voir tableau). Les trois poudres issues de cultures conventionnelles sont les plus contaminées. Le Thé Symphonie affiche le pire résultat avec 2,3 g d’aluminium par kilo alors que le laboratoire n’en a trouvé que 0,5 g/kg dans le Matcha Magic.
En fait, les plants de thé absorbent les métaux de la terre, et certains sols japonais sont riches en aluminium à cause de l’activité volcanique.
Il n’existe pas de limite légale pour l’aluminium dans le matcha. Nous avons décidé d’adopter une notation sévère, basée sur le principe de précaution, car nous ingérons également ce métal via d’autres aliments comme les épinards ou le cacao. Nous nous sommes donc basés sur la dose hebdomadaire tolérable (DHT), établie par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). La DHT détermine l’apport maximal pouvant être consommé chaque semaine pendant toute la vie sans risque pour la santé. Une personne de 60 kilos peut absorber 60 mg d’aluminium par semaine. C’est la quantité contenue dans 25 g environ de Thé Symphonie, soit douze tasses par semaine, ou un peu moins de deux tasses par jour à raison de deux grammes de matcha par tasse! Avec les poudres Alnatura, Tekoé, Arche et RvR, la dose tolérable correspond à trois tasses quotidiennes.
Concernant le plomb, la plupart de nos achats ne contiennent en revanche que de faibles résidus. Ici aussi, il n’existe pas de valeur limite pour le matcha. Nous nous sommes basés sur la norme pour les épices séchées, qui est de 0,6 mg/kg. Seul le Thé Symphonie était au-dessus.
A consommer avec modération
Mieux vaut ne pas boire trop de matcha, afin de réduire l’exposition à long terme à l’aluminium et au plomb. Selon certaines recommandations, il ne faudrait pas dépasser trois tasses par jour, avec 1 g de matcha par tasse.
Astuce: on peut alterner avec du thé vert classique. Seule une petite quantité de l’aluminium contenu dans les feuilles passe dans la boisson lors d’une infusion.
Parmi les réactions des distributeurs, Toga Food écrit que le Thé Symphonie n’est plus disponible qu’en quantités limitées. Le négociant qualifie les quantités de métaux trouvées de «regrettables» tout en rappelant l’absence de prescriptions légales. Il affirme qu’il veillera à une meilleure qualité.
Arche dit avoir adapté ses recommandations sur les emballages en conseillant une consommation «variée» de thé. L’entreprise Reichmuth von Reding (RvR) affirme que la teneur élevée en aluminium ne pose pas de problème si l’on boit au maximum trois tasses de matcha par semaine. Tekoé regrette la présence d’aluminium dans son produit bio et promet d’en améliorer la qualité.
Andreas Schildknecht / seb
Les critères du test
Deux laboratoires ont analysé douze poudres matchas achetées en Suisse. Les experts ont recherché la présence de plomb et d’aluminium et mesuré la teneur en catéchines, des polyphénols aux propriétés antioxydantes.
Ils ont également recherché des champignons et des bactéries intestinales comme les colibacilles et les salmonelles. Aucun problème n’a été constaté à ce sujet. Enfin, le nombre total des germes était négligeable pour tous les produits.