A l’origine du «Planetary Health Diet», ni chasse aux calories, ni perte de poids. L’idée de ce «régime santé pour la planète» consiste en un modèle nutritionnel équilibré et durable, susceptible de nourrir 10 milliards de personnes à l’horizon 2050.
Basé sur une utilisation responsable des ressources naturelles, ce menu du futur a été développé par un comité de 37 scientifiques du monde entier dans le cadre de la revue médicale The Lancet. Il prône une meilleure protection des mers, une gestion économe de l’eau et une utilisation repensée des surfaces agricoles: moins de cultures dédiées à la nourriture pour les animaux, davantage de légumes et beaucoup plus de légumineuses (lentilles, haricots, pois, …). En clair, augmenter la consommation de protéines d’origines végétales et y baisser celle d’origine animale, tout en restant flexible et en tenant compte des conditions et possibilités locales.
Notre assiette type serait ainsi constituée pour moitié de fruits et légumes, le reste étant partagé entre des céréales complètes et des sources de protéines végétales, de l’huile et des graisses végétales et saines. Une part modeste serait constituée de protéines animales, produits laitiers, viande et poisson.
«C’est un mode d’alimentation très facile à mettre en œuvre au quotidien, et qui ne nécessite pas de renoncer complètement à un aliment», affirme la diététicienne bernoise Beatrice Fischer. Et d’ajouter qu’il est aussi important de consommer une petite partie de produits d’origine animale: «Ils fournissent au corps des vitamines et des acides gras que l’on ne trouve pas, ou peu, dans les plantes.»
Beatrice Fischer a d’ailleurs composé un menu hebdomadaire PlanetaryHealth. On y trouve de tout, du ragoût de pois chiches avec des légumes et du riz au risotto de chou et aux légumes avec du poulet au four (en bonus web).
Ce tableau idéal est pourtant peu en phase avec le comportement alimentaire de nombreux Suisses, comme le montrent les chiffres pour 2021 de l’Union suisse des paysans et de l’Office fédéral de la statistique.
Quelques exemples
- Aliments d’origine animale: en 2021, un Suisse mangeait en moyenne 36 grammes d’œufs par jour. Selon le Planetary Health Diet, cette quantité devrait être réduite à 13 grammes, soit environ deux tiers de moins. Idem pour les produits laitiers: la quantité consommée quotidiennement est aujourd’hui de 658 grammes par personne, elle serait à l’avenir de 250 grammes. Pour la viande et le poulet, la quantité devrait être réduite de 132 g. aujourd’hui à 43 g. «Des recommandations qui n’empêchent pas de continuer à manger chaque semaine un filet de poisson et un morceau de viande», souligne Beatrice Fischer.
- Pommes de terre: en 2021, la quantité consommée quotidiennement était de 142 grammes par personne. À l’avenir, elle ne serait plus que de 50 grammes. Pour les fruits et les céréales complètes, la consommation quotidienne devrait également légèrement baisser.
- Légumineuses: selon le régime Planetary Health Diet, la quantité quotidienne de légumineuses devrait fortement augmenter, de 4 g. aujourd’hui à 75 g. «Les lentilles, les haricots blancs, les pois chiches et autres légumineuses sont très sains et apportent beaucoup de fer, de protéines, de vitamines et d’acide folique. De plus, ils rassasient et sont bon marché», relève Beatrice Fischer.
- Les noix (fruits à coque): selon le Planetary Health Diet, la quantité quotidienne par personne devrait doubler, passant ainsi de 25 g. à 50 g.
- Sucre: la consommation diminuerait fortement. De 98 g. aujourd’hui à 31 g. par jour.
Les personnes qui suivent le régime Planetary Health Diet ne devraient toutefois pas trop se focaliser sur les quantités indiquées, explique Beatrice Fischer: «Les chercheurs ont calculé des quantités moyennes pour le monde entier. Même chose pour les calories.» La valeur moyenne a ainsi été fixée à un besoin quotidien de 2500 Kcal par personne par jour. A chacun de l’adapter en fonction de ses besoins: «Pour les gens qui travaillent dans un bureau, 2500 Kcal, c’est trop, pour un ouvrier du bâtiment, c’est trop peu», précise Beatrice Fischer.
Selon la diététicienne, le mieux est de s’adapter jour après jour, pas à pas, selon ses possibilités et sa motivation. «Sinon, on est vite frustré et on revient à ses anciennes habitudes alimentaires.» En commençant par exemple par remplacer le sandwich au jambon de midi par un sandwich à base d’humus…
Oliver Demont / pym