Chez les femmes, le problème survient souvent après la ménopause: les doigts se raidissent, puis des douleurs apparaissent. C’est le début de l’arthrose: le cartilage s’use peu à peu, provoquant toujours plus de frottements «d’os à os». D’abord légères et sporadiques, les douleurs à l’effort se font de plus en plus intenses et régulières, jusqu’à devenir insupportables.
Loin d’être exceptionnelle, l’arthrose touche la plupart des personnes d’âge mûr. Les femmes ménopausées sont particulièrement touchées du fait que leur taux d’œstrogènes diminue, ce qui rend leur cartilage plus dur et donc plus susceptible de s’abîmer. C’est aussi une période de la vie durant laquelle le corps est plus sujet aux inflammations et plus sensible à la douleur. Les personnes qui s’adonnent à des activités physiques à impact élevé, de même que celles qui exercent des métiers qui sollicitent beaucoup les articulations, sont également plus susceptibles de souffrir d’arthrose.
Les inconvénients des produits chimiques
Il existe divers moyens de contrer la douleur. Simples et rapides, les comprimés analgésiques constituent un traitement efficace, dont les bienfaits sont largement documentés. Ils s’accompagnent cependant aussi de certains risques. Médecin spécialisé en rhumatologie, Christoph Reich confirme en effet qu’une «trop longue prise peut entraîner des dommages au niveau de l’estomac et du foie».
Viennent ensuite les onguents antidouleur, tels que le Voltaren. Ces derniers ont un effet ciblé sur l’articulation, mais ne devraient pas non plus être utilisés trop longtemps, au risque toujours d’endommager le foie.
Enfin, il arrive que les médecins prescrivent des injections de cortisone aux patients dont les douleurs sont aiguës. Sauf que cette substance compte elle aussi un désavantage de taille: une administration trop fréquente peut entraîner une décomposition encore plus rapide du cartilage. Christoph Reich recommande dès lors de la réserver aux cas exceptionnels, notamment lorsque l’inflammation est forte et touche la base du pouce.
Les avantages de la gymnastique
Reste alors une solution: la gymnastique des doigts. Le rhumatologue rappelle à ce sujet que le secret d’articulations en bonne santé réside dans le mouvement, car «le mouvement produit un lubrifiant, qui nourrit le tissu articulaire». Les exercices sont nombreux (voir tableau). Quels qu’ils soient, ils ont également l’avantage de renforcer les muscles et de stabiliser les articulations.
En tant qu’ergothérapeute, Barbara Aegler est elle aussi amenée à traiter des patients souffrant d’arthrose. Elle rejoint Christoph Reich et propose d’intégrer certains exercices à la vie de tous les jours: «on peut par exemple prendre l’habitude de presser quelques fois son éponge lorsque l’on fait la vaisselle.» Selon elle, chaque occasion de serrer les poings est bonne à prendre. Elle cite le fait de ramasser des pièces de monnaie, mouvement qui sollicite les muscles fins des doigts et fait délicatement bouger les articulations. Il est également possible de se procurer une balle thérapeutique.
Christoph Reich temporise et conseille de ne pas solliciter ses doigts trop longtemps ou de manière trop intense. Il cite l’exemple du jardinage qu’il vaut mieux «répartir sur plusieurs jours».
Du chaud, du froid et des plantes
La chaleur se révèle aussi être un allié précieux pour détendre les muscles et soulager la douleur. Le conseil du practicien: remplir un bol de lentilles sèches, chauffées à une température agréable, puis y plonger les mains quelques minutes. Une bouillotte remplie d’eau chaude ou de noyaux de cerises peut également faire l’affaire.
A l’inverse, mieux vaut opter pour du froid, lorsque les doigts sont enflés. Plusieurs études ont en effet démontré que l’application de compresses froides aide à prévenir l’inflammation, tout en renforçant la souplesse des articulations. Gare toutefois à protéger ses articulations du froid extérieur qui n’est, lui, pas bénéfique.
Certains extraits de plante peuvent également soulager les douleurs liées à l’arthrose. Ils ne sont pas aussi bien documentés que leurs concurrents chimiques, mais comptent l’avantage d’avoir moins d’effets secondaires. Expert en plantes médicinales, Martin Koradi recommande les onguents à base d’arnica. Il cite également les capsules d’encens ainsi que celles qui se composent de griffe du diable – substance également appelée harpagophytum. Christoph Reich précise néanmoins que leur effet reste plus faible que celui des analgésiques chimiques.
Enfin, citons encore la possibilité de porter une attelle. Spécialement utile en cas d’arthrose au niveau du pouce, elle permet de stabiliser l’articulation de base, de sorte que les cartilages ne se frottent pas les uns aux autres.
Réaction des fabricants
Interpellés par nos soins, les différents producteurs s’accordent pour dire que les préparations à base de chondroïtine sont bien tolérées, mais n’agissent pleinement qu’après plusieurs mois (lire encadré «Les vertus de la chondroïtine»).
Merck Suisse, producteur du Fortecortin® Inject, écrit que le risque d’effets secondaires est faible si le traitement reste court. Les fabricants des analgésiques Arcoxia, Irfen Dolo® et Voltaren répondent que leurs comprimés devraient être pris dans la dose la plus faible et pour la période la plus courte possible.
L’entreprise GlaxoSmithKline (GSK) précise que le Voltaren Dolo Emulgel diffuse beaucoup moins de substance active dans le sang que les comprimés Voltaren. Melisana, société productrice de la crème Dolocyl®, soutient que cette dernière n’endommage pas le foie, car son ingrédient actif – à savoir l’ibuprofène – ne pénètre pas dans le sang.
Luzia Mattmann / sh
Les vertus de la chondroïtine
Plusieurs études récentes soutiennent que la prise de produits à base de chondroïtine ou de glucosamine serait en mesure de freiner l’usure du cartilage. La chondroïtine est une substance naturelle, fabriquée par les cellules cartilagineuses. Elle renforce la résistance du tissu articulaire. Produite par l’organisme à partir du glucose et de la glutamine, la glucosamine est, elle aussi, un composant naturel du cartilage. Elle permet de ralentir sa dégradation. Connus sous le nom de chondroprotecteurs, les médicaments qui contiennent de la chondroïtine ou de la glucosamine pourraient donc freiner la progression de l’arthrose. Il faut en général plusieurs semaines pour qu’ils fassent effet.