Un placebo est une préparation dépourvue de tout principe actif, utilisé à la place d’un médicament pour son effet psychologique. On parle alors d’un «effet placebo». Si vous avez mal et prenez un comprimé que vous pensez être un anti douleur, mais qui ne contient aucune substance active, vos symptômes auront tout de même tendance à diminuer. Et ça ne s’applique pas qu’aux médicaments: l’effet est aussi observable lorsque vous faites un bisou sur le genou éraflé de votre enfant!
A l’opposé, il existe un effet «nocebo» (du latin «je nuirai»): l’utilisation d’une substance n’ayant pas d’efficacité démontrée mais qui provoque des effets négatifs.
L’effet nocebo
Cet effet négatif peut être provoqué par une information qui suggère des symptômes négatifs. Une étude a par exemple montré que la douleur était différente chez des femmes qui allaient accoucher selon ce que l’anesthésiste leur disait au moment de leur faire une piqûre. La douleur était plus intense si le message était «vous allez ressentir comme une intense piqûre d’abeille. C’est la partie la plus désagréable de l’intervention» que si le message était plus rassurant: «nous allons vous donner un anesthésique local qui vous engourdira,pour que vous vous sentiez bien lors de l’opération. »
Une recherche canadienne a d’ailleurs également mis en évidence cet effet lors de l’utilisation de Google pour rechercher des informations sur les médicaments (lire encadré ci-contre).
Eviter l’effet nocebo?
Mais comment dès lors éviter cet effet? Deux éléments nous paraissent importants. D’abord, établir une relation de confiance avec le thérapeute qui vous soigne. Ensuite, avoir accès a des informations de qualité qui ne soient pas trop alarmistes.
Où trouver des informations sur les médicaments?
Si vous avez déjà votre boîte de médicaments, vous pourrez consulter la notice qui se trouve à l’intérieur. Dans le cas où vous souhaitez trouver des informations sur un médicament que vous n’avez pas (encore), vous pourrez utiliser le site swissmedicinfo.ch. Ce site est géré par Swissmedic, l’autorité d’autorisation et de contrôle des produits thérapeutiques en Suisse. En introduisant le nom d’un médicament dans le moteur de recherche de Swissmedicinfo, vous trouverez la monographie du médicament mais aussi un document intitulé «Informations destinées aux patients»: préférez cette partie, c’est la plus lisible même s’il n’est pas toujours aisé de tout comprendre.
Les informations mises à disposition des patients peuvent à notre avis l’angoisser et même peut-être provoquer un effet nocebo. On y trouve bien sûr les réponses à certaines questions, comme celles concernant les indications recommandées du médicament ou les différents dosages à disposition, mais la lecture des effets secondaires, y compris dans la notice patient, reste le meilleur moyen de s’inquiéter.
Se renseigner auprès de son médecin ou de son pharmacien
Du coup, même si le droit du patient à être correctement informé sur les médicaments qu’il prend est primordial, on s’aperçoit cependant que les sources d’informations actuellement disponibles sont loin d’être parfaites. Que ce soit sous forme papier ou électronique. Si vous avez un doute quant à l’effet négatif d’un médicament, n’hésitez donc pas à en parler à votre médecin ou à votre pharmacien!
Jean-Gabriel Jeannot
Eclairage: rechercher dans Google le nom de vos médicaments augmentera-t-il vos effets secondaires?
Même si cela n’est pas la meilleure façon de procéder, vous pouvez bien sûr utiliser Google pour vous informer sur un médicament.
Mais gardez ceci à l’esprit: des chercheurs canadiens se sont demandé si les patients qui utilisent l’internet avaient plus d’effets secondaires. Ils se sont intéressés aux «statines», les médicaments utilisés chez les personnes qui ont un taux de cholestérol trop élevé. Leur recherche a été publiée dans le journal International Journal of Cardiology sous le titre «Does Googling lead to statin intolerance?». Les résultats de cette recherche montrent que les pays anglophones qui ont la plus forte prévalence d'intolérance aux statines sont aussi ceux qui ont le plus de sites sur les effets secondaires de ces médicaments.
Pour les auteurs de cette étude, la recherche d’information sur Internet pourrait donc renforcer les effets secondaires des internautes.
S’il existe un lien entre les effets négatifs ressentis par les patients et le nombre de sites web consacrés aux effets secondaires, une question reste encore sans réponse: la consultation de ces sites web a-t-elle provoqué chez ces patients des effets secondaires qu’ils n’avaient pas ou au contraire leur a-t-elle permis d’attribuer au médicament un effet négatif déjà ressenti?