Dans l’annuaire en ligne, on trouve 690 personnes au nom de «Schläfli». Et 690 aussi pour «Schlaefli». Normal, pensez-vous, puisque l’un équivaut à l’autre. L’administration, elle, n’a pas cette vision des choses…
Un lecteur vaudois né Schlaefli a parcouru toutes les étapes de sa vie en portant l’orthographe francisée: acte de naissance, passeport, diplômes, carte AVS, permis de conduire. Jusqu’à l’été dernier. En prévision de son mariage, il a reçu de Berne un acte d’origine orthographié «Schläfli».
Pour régler cette broutille, notre lecteur a demandé un nouveau document rédigé avec «ae». Mais sa commune d’origine lui a oppo-sé un refus catégorique, le renvoyant auprès du Service vaudois de la population (SPOP).
Changement de nom
La broutille s’est alors muée en véritable parcours du combattant. Pas plus conciliant, le SPOP a expliqué que pour remplacer le «ä» par «ae», il faut effectuer une procédure de changement de nom. Etonné par l’ampleur que prenait sa démarche, notre lecteur a tenté de faire appel au bon sens de l’administration, en vain. Il s’est donc résigné à faire changer son nom.
Six mois de procédures plus tard et après avoir démontré que son nom avait toujours été orthographié à la française, notre lecteur a enfin eu le droit de s’appeler Schlaefli. Le tout pour la bagatelle de 200 fr. Une chance, à en croire le SPOP, car «l’émolument peut atteindre 3500 fr. dans les cas difficiles».
Le SPOP nous a expliqué que, «avant l’ère informatique et les registres centralisés, les administrations étaient plus souples sur l’orthographe. Cela a donné lieu à des générations entières qui, sans le savoir, portent aujourd’hui un nom erroné». De là à admettre qu’un «ae» au lieu d’un «ä» est une erreur, il y a une étape encore plus difficile à franchir que le röstigraben.
Yves-Alain Cornu