Les médecins espèrent que leurs patients leur disent la vérité, qu’ils leur parlent de tous leurs symptômes, de leurs habitudes de vie et qu’ils suivent les traitements prescrits. On sait pourtant depuis longtemps que la réalité est plus nuancée, les patients ayant de nombreuses raisons de ne pas dire la vérité.
Des chercheurs en sciences sociales du Massachusetts ont voulu mieux comprendre ce phénomène et ont mené deux enquêtes en ligne, l’une incluant 2011 participants âgés en moyenne de 36 ans et l’autre incluant 2499 participants âgés en moyenne de 61 ans.
Cette double enquête avait comme objectif de connaître le pourcentage de patients qui mentent à leur médecin, mais aussi de définir le type d’informations cachées. Les participants pouvaient signaler sept motifs différents:
⇨ Je suis en désaccord avec les recommandations de mon médecin.
⇨ Je ne comprends pas les instructions du médecin.
⇨ Mon alimentation est déséquilibrée mais je ne l’avoue pas.
⇨ Je ne prends pas les médicaments prescrits.
⇨ Je n’ai pas d’activité physique.
⇨ Je prends des médicaments mais je ne le dis pas à mon médecin.
⇨ Je prends des médicaments prescrits à une autre personne.
Le pourcentage de patients qui déclarent avoir menti à leur médecin pour au moins un motif est de 61,4% dans la première enquête et de 81,8 % dans la seconde.
Les raisons les plus souvent rapportées découlent d’un problème de communication avec le soignant, le désaccord avec les recommandations du médecin et la non compréhension de ses instructions étant les motifs les plus fréquemment énoncés. Viennent ensuite les informations liées aux habitudes de vie, les personnes interrogées déclarant ne pas toujours dire la vérité pour ce qui est de leur alimentation et de leur activité physique.
Pourquoi mentir?
Le plus souvent, les patients ne disent pas la vérité parce qu’ils ne veulent pas être jugés ou sermonnés. Ils ne souhaitent pas non plus qu’on leur parle de leurs mauvaises habitudes de vie. Même si ces motifs sont moins souvent évoqués, certains disent ne pas vouloir passer pour des patients difficiles et ne pas vouloir faire perdre du temps à leur médecin.
Est-ce dangereux?
Il est bien sûr difficile de répondre à cette question tant les situations peuvent être différentes les unes des autres. Le «mensonge» d’un patient qui dit boire deux verres de vin par jour alors qu’il sait parfaitement que l’addition du verre de midi et des deux du soir est égale à trois, n’aura certainement pas de conséquences significatives sur les soins du médecin. Par contre, les conséquences peuvent être beaucoup plus graves pour la situation, assez fréquente, du patient qui stoppe un médicament sans en informer son médecin.
Mensonges et mensonges
Quelles conclusions tirer de cette étude? A notre avis, certains mensonges sont peu dangereux pour le malade, d’autres beaucoup plus. Même si cette analyse est un peu réductrice, deux éléments permettent de différencier les mensonges légers de ceux qui le sont moins.
Le premier point, comme évoqué ci-dessus, est la conséquence du mensonge. Mentir à son médecin en lui parlant d’une activité physique un peu plus élevée que la réalité n’est pas très grave, prendre les médicaments destinés à une autre personne l’est davantage.
Le deuxième élément qui permet de différencier les mensonges du patient est la raison de ce mensonge. Un patient qui choisit de mentir à son médecin parce qu’il ne comprend pas ses instructions ou qu’il est en désaccord avec ses conseils est la conséquence d’une relation médecin – patient défaillante, une situation plus inquiétante.
Examen de conscience
Mentez-vous à votre médecin? La prochaine fois que vous irez le voir, posez-vous la question. Et si la réponse est oui, réfléchissez à la raison de ce mensonge. Si c’est simplement parce que vous ne comprenez pas ses propositions ou que vous ne les partagez pas, dites-le lui…