1. Les bactéries à l’œuvre
Lorsque les bactéries s’accumulent à la surface des dents, elles forment de la plaque dentaire ou, sous sa forme calcifiée, du tartre, qui induisent des réactions inflammatoires limitées aux gencives, nommées gingivites.
En soi, les gingivites ne sont pas fondamentalement graves, car réversibles si l’on adopte une hygiène bucco-dentaire adéquate. Mais lorsqu’elles ne sont pas soignées, elles peuvent provoquer l’apparition de parodontites chez certaines personnes, en fonction de leurs prédispositions et de certains facteurs de risque comme le tabagisme, le diabète ou le stress. Et là les choses se compliquent.
2. Parodon…quoi? Parodontite!
Vous n’avez peut-être jamais entendu ce terme méconnu. Pourtant, la parodontite fait souffrir quatre adultes sur dix à un moment donné de leur vie. «Et les formes sévères touchent 10% environ de la population», souligne Patrick Gugerli, président de la Société Suisse de Parodontologie (SSP).
La parodontite, c’est une gingivite qui dégénère. Le processus inflammatoire généré dans la gencive par les bactéries s’étend aux tissus qui soutiennent la dent, entraînant, sans traitement, leur destruction. «Les parodontites sont responsables d’environ 70% des dents perdues chez les adultes», relève le spécialiste. Et pour ne rien arranger, elles constituent une porte d’entrée idéale pour les bactéries dans la circulation sanguine, poursuit-il Ces dernières sont ainsi transportées ailleurs dans le corps, par exemple dans le cœur et les articulations où elles peuvent contribuer au développement de maladies comme des endocardites ou des arthrites rhumatoïdes, explique la Société suisse des médecins-dentistes (SSO). La parodontite accroît ainsi le risque de troubles cardiovasculaires, de naissances prématurées ou de maladies des voies respiratoires. Elle est également susceptible d’aggraver l’évolution d’un diabète existant, relève ainsi l’organisation professionnelle.
3. Elle s’installe discrètement
Mieux vaut donc prendre le problème au sérieux et agir rapidement. Mais cela n’a rien d’évident. «Il est très difficile de déterminer soi-même l’état de santé de ses gencives, ne serait-ce que par le manque d’accès visuel aux régions reculées de la cavité buccale. Lorsque le patient constate un problème, la maladie se trouve bien souvent à un stade avancé», prévient Patrick Gugerli.
La parodontite évolue le plus souvent très lentement, pendant des années, sans provoquer de douleur. Selon le président de la SSP, «elle peut engendrer des saignements lors du brossage, mais ces derniers ne constituent de loin pas un indicateur, notamment auprès des fumeurs, chez qui ce signe demeure souvent discret, même à un stade avancé de la maladie». Il existe d’autres symptômes, comme les abcès, la mobilité dentaire, un retrait de gencive, ou encore une mauvaise haleine (halitose), mais ce sont généralement des signes tardifs.
4. Traitements complexes
Pour la gingivite, la solution est relativement simple et consiste à introduire une hygiène dentaire efficace. Le traitement de la parodontite s’avère plus complexe. La prise en charge comprend des traitements comme le surfaçage. Il s’agit d’éliminer mécaniquement les dépôts de bactéries fixées sur les racines afin de permettre à la gencive d’adhérer à nouveau à la dent et de la protéger. Dans les cas plus complexes, une approche chirurgicale peut être nécessaire.
5. Mieux vaut prévenir que guérir
Selon Patrick Gugerli, une bonne hygiène dentaire, l’élimination régulière du tartre par le dentiste ou l’hygiéniste et ne pas fumer (facteur de risque principal), constituent les meilleurs moyens de prévenir les parodontites. Et pour un maximum d’efficacité, poursuit le spécialiste, «il convient de faire établir par le médecin-dentiste un diagnostic précis et de définir son niveau de risque afin d’adapter les soins d’hygiène et la fréquence du suivi». Les besoins diffèrent en effet d’une personne à l’autre.
Sébastien Sautebin